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Camille Williams

Ma respiration devenait lente. J'avais encore plus mal aux poumons que lorsque je courais. Je savais qu'il me restait peu de temps.

J'espérais tellement que quelqu'un passe par cette rue. Mais malheureusement, la personne m'avait poignardé tout près d'une haie de cède, ce qui cachait un peu la vue des gens. La rue était aussi peu passante, et peu de gens y habitaient.

J'avais extrêmement froid. J'étais dénudée en plein milieu de la rue, et je ne me sentais pas à l'aise. Est-ce qu'on allait m'agresser? Me toucher? Me faire des choses? Qui était-ce? Allais-je survivre?

Tout pleins de questions se bousculaient à l'intérieur de mon esprit.

Qu'allait-il arriver si Charlie me voyait dans cet état?

Je suis stupide, voyons. Je ne devrais pas penser à ça, pendant que je souffre.

Je criais encore une fois. Mais la personne qui me faisait souffrir ne parlait pas. Peut-être avait-elle peur que je reconnaisse sa voix?

Est-ce que je connaissais cette personne? J'espérais que non. Qui m'en voulait au point de me tuer?

Je gardais espoir. Ce n'était pas perdu. Je devais continuer à me battre pour ma vie. Je souffrais mais, je ne devais pas mourir.

Je sentais encore le couteau sur moi, et je savais que la personne me tenait prisonnière.

Mais il fallait essayer.

Je me retournais brusquement, et la personne sursautait. Je sentais les marques sur mon dos frotter contre le sol glacé, ce qui me faisait vraiment mal. J'étais complètement nue et j'avais tellement froid. Je n'avais jamais vécu quelque chose d'aussi douloureux.

De la neige commençait à tomber du ciel, doucement. Rare était les fois où il neigeait en Angleterre. Ma mère m'avait toujours dit que j'étais née le jour de la première neige.

-Aidez moi! je criais le plus fort que je le pouvais. Ma gorge me brûlait, comme s'il y avait un feu à l'intérieur.

J'étais si près de la mort. Je me demandais si quelqu'un m'entendait crier.

-Lâche moi! je disais, essayant de reconnaître la personne.

Elle avait un masque. Je ne voyais rien, mis à part ses yeux. Mais encore là, le lampadaire au-dessus de moi m'empêchait de voir clairement.

Je giflais la personne. Elle sursautait, mais on dirait que cela lui donnait encore plus de haine. Elle traçait des marques encore plus profondes sur mon corps. J'avais mal, et je sentais que je me forçais beaucoup plus que je le devrais. Je dépensais toute mon énergie restante, mais je n'avais rien à perdre. Je devais survivre.

La personne continuait à mutiler mon corps nu. J'étais consciente qu'il devait présentement voir mes seins, mais ce n'était pas le plus important.

-Qui es-tu? je marmonnais. Je pouvais voir de la fumée sortir de ma bouche. Mes lèvres étaient tremblantes et gercées, probablement bleutées.

Je voyais le sang sur son masque en tissu noir.

Mon sang.

Je ressentais tellement de haine. Pourquoi on me faisait ça? Qu'avais-je fait?

Je repassais tout les moments dont je me rappelais ces derniers mois, mais rien ne me venait à l'idée que j'avais blessé ou insulté gravement quelqu'un.

L'inconnu croisait alors mon regard. La personne semblait avoir regretté de m'avoir regardé. Avait-elle de la pitié, du regret? Avait-elle vu la peur dans mes yeux foncés?

Ses yeux étaient verts émeraudes. Ils étaient froids et remplis de méchanceté, avec un peu de plaisir.

Comment une personne pouvait réussir à avoir du plaisir à tuer quelqu'un?

Il avait son couteau en main, et je réalisais que j'étais sa deuxième victime.

Sarah, puis moi.

C'était ce fameux meurtrier dont tous le monde parlait. Le tueur au couteau.

Et plus je regardais ses yeux verts, plus il me semblait familier.

Je réalisais alors qui c'était. Ce n'était pas possible. Un garçon si beau, mais mystérieux ne pouvait pas faire ça. Il n'avait pas l'air méchant. Seulement timide, mais pas sadique. C'était cette personne, que je croisais chaque jour à l'école, qui me tuait présentement. Pourquoi le faisait-il? On ne peut pas blesser quelqu'un de cette façon, sans aucune raison. C'était horrible. Je voudrais savoir la cause de ça.

-Harry?

Je pouvais sentir la panique dans ses yeux, alors que des larmes salées tombaient le long de mes joues. Je voulais me défendre, me battre, le frapper. Mais j'étais faible, si faible. Je n'avais aucunes forces pour le faire. Mon cœur s'affaiblissait, et ma respiration aussi. Il faisait tellement froid, j'avais l'impression de sentir pleins de couteaux me transpercer à chaque coups de vent dans l'air.

-Pourquoi tu fais ça? lui disais-je, en reniflant, mon corps tremblant par la peur et le froid. Pourquoi? Je pleurais sans cesse. Je pensais à mes parents, mon petit frère, ma famille, mes amis, à Charlie, même si ça ne marchait pas vraiment entre nous deux. L'avenir que j'aurais pu avoir. Mon futur travail, les enfants dont je rêvais de m'occuper.

Jamais je ne pourrai vivre ça. Jamais.

Puis il entrait son couteau dans mon cœur, mon sang explosant dans son visage qui était si beau mais cruel.

Je regardais le ciel. J'étais née le jour de la première neige de l'hiver, mais morte la première neige de cette hiver-là. C'était ironique.

Je clignais une dernière fois les yeux, alors que mon meurtrier partait en courant.

Et c'est à ce moment-là que mon cœur a cessé de battre.

Alexandre Oakley

J'arrivais à l'endroit dont Marie m'avait parlé.

Elle avait bien raison: c'était au coin de la rue Armstrong et Philips.

Comme le meurtre de Sarah.

Je débarquais de ma voiture de police, et m'approchais du corps inerte sur le sol.

Je m'étranglais en reconnaissant Camille.

J'entendais les autres sirènes derrière moi.

Je me penchais vers Camille. Elle était complètement dénudée, la pauvre. J'avais tenté de prendre le reste de ses vêtements pour la couvrir, à l'aide de gants.

C'était horrible. Son corps était mutilé, comme celui de Sarah.

C'était le meurtrier au couteau. J'en étais certain.

Je touchais doucement le visage de Camille. Elle était si gentille, affectueuse. Je connaissais bien ses parents. Ma fille était l'une de ses meilleures amies.

Tout son corps était rempli de cicatrices, sauf son visage.

Je pensais au fait que ma fille aurait pu mourir, ce soir. Cela me donnait des milliers de frissons.

Je n'osais pas imaginer la réaction des parents de Camille.

Comment allais-je annoncer cela à ma fille?

Obsessed | matureOù les histoires vivent. Découvrez maintenant