twenty nine

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C'était bien connu, cette musique assourdissante sortant des grosses enceintes, capable de retourner des crânes,  comme des estomacs.  Tout comme ces lumières aveuglantes.  Se fut comme un soulagement une fois dehors,  loin de tout. C'est comme si je pouvais respirer à nouveau. Le seul détail que j'oubliais était la présence du métis à mes côtés.  L'heure des explications.  On se regardait dans le blanc des yeux. Je ne saurais décrypter ce que j'y voyais.  De la haine, de l'appréhension, de la méfiance,  du défis ? 

Bordel, Malik, tu rends fou.

Ce silence devenait au fur et à mesure gênant,  mais jamais il fut brisé.  Tout comme le contact visuel créé.  Mais il fallait une fin. Parce que tout à une fin. La vie, l'amour,  une ficelle, une cigarette,  un pot de Nutella, un tunnel.

_Donne moi ton téléphone.

Avait-je demandé d'une voix qui ne se fit sans doute plus dure et plus sévère que je ne l'aurais pensé.  La seule expression sur le visage du métis était sa confusion.

_Je pensais qu'on allait s'expliquer?

_Exact. Mais je veux ton téléphone avant.

_En quoi te donner mon téléphone va arranger quelque chose ?

_Tu as des trucs à cacher ?

Comme pour se prouver à lui même qu'il n'avait rien à cacher, il déposait son cellulaire dans la paume de ma main. Je fixait l'objet d'un regard soupçonneux.  J'allais à présent vérifier mes doutes. J'allais avoir les réponses à mes questions, mais qui basculeront sans doute sur d'autres questions. Un cercle viscieux.  Mes doigts venaient déverrouiller le téléphone,  légèrement tremblant sous cette température glaciale. Ce que je voyais me fit froncer les sourcils.

_Malik, tu te fou de moi ?

Je levais le visage, pour apercevoir son petit visage d'ange satisfait.  Un visage d'ange, pourtant pas si pur que ça. 

_Bah quoi ?

_Ton code.

_Tu m'as dit de te donner mon téléphone,  pas de te donner le code.

Je grinçais des dents. J'avais beau ressentir de nouvelles choses à son égard,  certaines envies étaient toujours présentes : celles de lui foutre mon poing en plein nez. Une de mes mains passait dans mes cheveux châtains,  avant de laisser s'échapper un soupire.

_Bien. Alors tu vas répondre à chacune de mes questions. Sans exceptions

Je glissais son smartphone dans la poche arrière de mon jean. Je pouvais voir le visage du métis se tordre en une grimace. Il ne contrôlait pas la situation,  ça lui échapper.  Et drôlement,  ça me plaisait.

_Pourquoi t'es venu avec lui ?

_Parce que c'est mon copain.

Mes yeux se plissaient à la réponse qu'il pouvait me donner. J'ignorais cette douleur au coeur, il se serrait. Il se serrait si fort que je me demandais si même le métis ne le sentait pas. Mais c'est le visage indifférent que je reprenais. C'est pourtant simple, j'étais redevenu le Liam Payne habituel. Pas celui qui pleure, qui montre ses faiblesses. Non, celui qui les cache dans l'ombre. 

_Ne me ment pas. Si c'est ton copain, c'est que tu l'aimes ?

_Non.

_Pourquoi sortir avec dans ce cas ?

Le métis semblait chercher ses mots, puisqu'il répondait après un léger silence.

_Parce que tu sors avec Louis.

_Je ne sors pas avec Louis.

_Mais pourtant que tu as dis que..

_Je n'ai rien dit du tout, où est ce que j'ai dit quoi que ce soit à propos de Louis

Doute confirmé. Ma mâchoire se contractait instantanément,  évitant toutes insultes de sortir d'entre mes lèvres.  Je remarquais que depuis que nous étions sorti beaucoup plus de silences étaient présents que de paroles.  Le silence est la pire des choses, c'est le néant.  C'est le vide, mais pourtant tout le contraire à la fois. Parce que les craintes,  les pensées,  les doutes, les réflexions sont d'autant plus présent pendant ces silences. J'allais ouvrir la bouche, quand je fus interrompu par le basané. 

_ Lorsque j'étais avec, j'étais encore  inscrit sur un site.  Un site de rencontre plus précisément.  Je ne le trompais pas, je parlais, je fréquentais quelques gars pour le plaisir mais ça s'arrêtait là.  Puis j'ai rencontré quelqu'un,  je l'ai d'abord trouvé cool. Puis amusant. Puis j'ai voulu en savoir un peu plus pour lui.  A vrai dire il m'intriguait. Je demandais à mes amis s'ils avaient déjà vu son profil, s'ils lui avaient déjà parler. Nada.  Rien. Je concluais donc qu'il n'était pas ce genre de mec à se faire remarquer. Pourtant moi je l'avais remarqué. Lorsqu'on a dormi ensemble à la soirée,  toi et moi, c'est là que j'ai su. J'ai su que le gars, c'était toi. Je connais déjà le discours que tu vas me faire, pleins de reproches de ne pas l'avoir dit, d'avoir cru à l'histoire de Louis. Mais, tu crois que j'ai ressenti quoi, moi, quand j'ai vu que c'était toi ? Toi l'éternel hétero, toi et les mensonges que tu as pu me raconter en tant qu'inconnu sur ce site ?  Celui qui se cachait derrière un masque ce n'est pas moi au final, mais c'est toi. Alors vas-y insulte moi, j'en ai plus-

Mes lèvres se déposaient soudainement contre les siennes,  l'arrêtant net dans son récit.   J'avais qu'une envie, c'est qu'il se taise. Parce qu'il avait raison. Et dieu seul sait à quel point je déteste avoir tord. Je préfère encore agir comme dans les films à l'eau de rose, c'est à dire lorsque l'homme fait taire la femme en l'embrassant, plutôt que d'avouer mon comportement stupide. J'ai assez perdu de fierté pour tout le reste de ma vie.

C'est quand ses lèvres se mouvaient contre les miennes que je me rendais compte d'une chose : que la vie est bien trop courte pour se prendre la tête.  Je n'ai pas envie de passer à côté de certaines choses, de tout foirer, d'en faire qu'à ma tête,  j'en ai marre de l'instabilité. Je veux tenir à quelqu'un et je veux qu'on tienne à moi. Je veux montrer de quoi je suis capable.  Je veux envoyer chier le reste du monde, enculer la fierté et le passé. C'est pourtant simple non ?

Je veux me battre.

Divertissement puéril. ZIAM. (1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant