44. Ce n'est qu'un au revoir (partie 2)

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« How terrible it is to
Love something that
Death can touch»

J'allais parler, révéler d'une même voix déchirée les légendes de mon passé qui galopaient comme l'or au-dessus des cendres devenues poussières par les attaques du temps incessant dont la pitié lui était inconnue

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J'allais parler, révéler d'une même voix déchirée les légendes de mon passé qui galopaient comme l'or au-dessus des cendres devenues poussières par les attaques du temps incessant dont la pitié lui était inconnue. Les yeux devenant humides, je fixai la mer encore ensoleillée et le sol descendant doucement, effleurant de ses tendres rayons l'horizon. Hélios en saurait davantage cette nuit.

– L'histoire que je vais te conter, nul ne la connaît réellement, mis à part mon frère, bien que certaines de mes raisons sont ignorées par lui, et ne peuvent être négligeables, commençai-je, et je sentis sa prise sur moi se renforcer, mêlant nos peaux chaudes l'une contre l'autre, m'écoutant attentivement sans une once de respiration bruyante. Elle remonte à il y a bien des années, quinze années pour être exacte, à mon retour d'Asgard. L'Olympe a accueilli pour la première un jeune prince mortel qui avait attiré l'attention et dont le futur ne semblait pas le mêler à ces rois tyrans comme Lycaon ou encore Tantale. Il était plus âgé que mon jumeau et moi, et les murmures racontaient qu'il avait plus d'un père et que le roi n'en faisait pas partie, deux pour être précise. Poséidon, mon oncle qui fait de lui mon cousin de sang, et un deuxième dont le nom ne m'a jamais été révélé. Qu'importait, nous le voyions comme un grand-frère qui a remplacé la figure paternelle de guide sur lequel se reposer.

Je pris une grande aspiration, sentant mes lèvres tremblantes avant d'avouer du son qu'émanait de ma gorge une vérité.

– Il était notre frère, je l'aimais tout autant que mon jumeau. Nous ne nous séparions uniquement lorsqu'il rejoignait le monde des mortels, mais même de là, il veillait sur nous. Il nous protégeait et prenait sur lui les coups que Apollon et moi faisions, ses petits démons, comme il aimait nous nommer. Nous l'étions réellement, lâchai-je la voix flanchante. Et nos jeux qui apportaient la misère aux esclaves et autres servants durant lesquels parfois il nous rejoignait, nous protégeant des punitions ou nous menant sur un meilleur chemin, n'était qu'une illusion de l'avenir. Le temps est passé et son rôle de grand, il le prenait si au sérieux, que la question ne se posait plus. Apollon et Oarion sont devenus les frères que toute fille rêve d'avoir, l'un qui est sa moitié et l'autre qui soutenait notre main qu'importait notre âge. Protecteurs, soucieux et embêtants comme se devait tout frère d'être. Jumelle d'Apollon, bien que née avant, nous nous gardions mutuellement, nous sachant sous un autre œil plus sage que les nôtres, et plus responsable, prononçai-je, un sourire aux lèvres. Nous étions une famille unie et inséparable, nous jurions que jamais nous ne nous séparerions, qu'importait les décisions de Zeus et le futur. Une promesse lancée en l'air.

Il serra ma main, et de l'autre vint sécher la perle salée qui coula le long de ma joue. Dans le reflet des eaux, je revoyais les images qui me hantaient, et la brume qui les recouvrait s'évaporait.

– Nous n'avions pas prévu que mon père nous fiancerait, je ne le savais pas jusqu'à ce jour et innocents, ils me taquinaient sur mon futur époux. Ils me promettaient que s'il ne leur plaisait pas ou s'il entravait à ma liberté de déesse, son cadavre serait retrouvé au fond de l'océan. Leurs paroles étaient d'une certaine manière, véridiques. Nous avons cru à une plaisanterie avant que mon père ne soit que plus sérieux, et fou. En Égypte il en est coutume, et mon père avait déjà uni des bâtards, des divinités illégitimes, mais nous l'ignorions. Ce jour-là, tel un tremblement de terre, notre temple s'est effondré sous la foudre céleste qui a brisé les trois colonnes soutenants le toit, la noyant dans la terre et la mer. Il m'a promis de raisonner mon père, car il savait que Zeus souhaitait quelque chose de son royaume, une promesse avant qu'il ne parte et revienne comme un inconnu au sein du palais, un étranger que je n'ai plus reconnu. Chaque jour, j'oubliais notre passé, une brume entourant notre lien. Apollon a tenté de me convaincre qu'il n'était pas parti, mais bien que dieu des prophéties, les pythies ne l'ont pas éclairé, et Oarion désireux de ne jamais nous mêler à des problèmes n'était pas innocent dans ce silence des effluves du monde mystique des rêves. Sachant que je devais agir enfin par moi-même, que nul ne m'aiderait et que c'était à moi de me forger, je me suis rebellée. Mon choix a été rapide, j'ai fui l'Olympe et en exil jusqu'à ce que je trouve le moyen de revenir au sein du conseil pour y siéger.

ArtemisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant