« When you come back
You will not be you
And I may not be I»Sautillant d'une pierre à l'autre, prenant garde à ne pas glisser et m'étendre entre deux pics dans le même sommet, je finis par atteindre la roche la plus éloignée. Plate, et enfoncée dans la mer, abandonnant derrière elle le virage, nous permettant d'atteindre le domaine de mon oncle, et son père. Le sol étrangement doux m'accueillit et je croisai les jambes, optant pour une position confortable. Mon âme était consciente que je ne tiendrais pas debout. Le masque commençait à se fendre doucement, brisant mon cœur délivré de ce poids tenu secret tant d'années. J'acceptais enfin la vérité, la criant à travers les airs.
Les eaux profondes et mystérieuses apportaient un calme paisible, dissemblable par le ciel sanguin à l'horizon que je fixai. Cillant légèrement pour chasser les larmes salées qui pointaient leur perle iridescente au coin de mes yeux rougis sans la moindre parole encore prononcée.
Hésitante, je ne pris pas la peine de réfléchir, sachant que mon cœur devait s'exprimer par lui-même. Je pris une grande aspiration, laissant place au courage aussi doux que la fourrure de la louve pour monologuer ne serait-ce que quelques instants, avant de m'effondrer dans un torrent de peine tragique.
– Oarion ? commençai-je la voix fragile. Je ne sais pas si tu m'écoutes quelque part, mais il fallait que je te parle.
La brise seule me répondit, laissant place à un grand frisson qui me parcourut de part et d'autre, m'obligeant à rabattre mon voile qui faisait office de cape sur mes vêtements encore humides. Les mouettes elles-mêmes avaient disparu et la ville était bien trop lointaine pour être entendue. Un pincement au cœur de déception se fit ressentir, mais je devais m'y attendre. Je continuai pourtant.
– Je ne sais pas par où commencer. Tu me manques, le sais-tu ? Non, laisse-moi corriger cela. L'ancien toi me manque, mon grand frère me manque. J'ai besoin de toi, j'ai tout perdu, lâchai-je, et je laissai un instant ce mot flotter. Apollon m'a tourné le dos depuis longtemps, notre famille est détruite depuis tant d'années. La famille, notre vie, celle au sang plus fort que tout, au cœur qui porte un amour inconditionnel où rien n'a de fin. Pour maintenant, et l'éternité, répétai-je, fermant un instant les yeux.
Ma poitrine se soulevait avec plus de lenteur, encore tressaillant de mes larmes qui allaient et venaient comme l'écume.
– Tu dois te souvenir de Phoebe et Skotia, mes sœurs. Elles n'ont jamais pu vous remplacer, vous, mes frères. Tu es parti, Apollon ne veut plus me voir et le lien de jumeau me détruit à la place de me renforcer comme autrefois. Je le sens encore et toujours, mais Apollon ne veut plus avoir affaire à sa sœur, sauf pour une seule chose. Te souviens-tu lorsque nous étions entre l'enfance et l'âge adulte ? demandai-je avec un léger sourire. Vous me disiez que vous me tiendriez à l'œil avec les hommes, et que s'il le fallait vous le jetteriez à la mer, ou plutôt son cadavre.
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Artemis
Fantasy« Mythologie rime avec tragédie » Et si Artemis, la déesse qui a fait voeu de chasteté, avait aimé un homme ? Êtes-vous sûrs de connaître la véritable histoire ? Mille cinq cent ans avant notre ère, en Grèce, la déesse Artemis semble avoir réussi à...