57. Adieux

244 23 103
                                    

« The sun will
Rise
And we will try
Again»

« Le soleil se lèvera
Et on essaiera à nouveau »

Un court instant, mes pupilles se dilatèrent dans la nuit noire, fixant encore les fantômes qui avaient assailli ma conscience de leurs démons jusqu'à ce que je distingue les parois sombres, la flamme éteinte, et que mon cauchemar se dissipe

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Un court instant, mes pupilles se dilatèrent dans la nuit noire, fixant encore les fantômes qui avaient assailli ma conscience de leurs démons jusqu'à ce que je distingue les parois sombres, la flamme éteinte, et que mon cauchemar se dissipe. Sans pour autant faire disparaître de mon cœur la peur qui m'avait habitée, hurlant dans mes oreilles des paroles indistinctes.

Les rayons argentés de la lune s'engouffraient par l'ouverture, éclairant des parcelles par des figures chimériques, ressemblantes aux symboles d'écriture qu'était la nôtre, pas aussi abstraite que le croissant et moins bien ornée que l'Égypte. Elles étaient devenues fumeuses dans les airs nocturnes.

Au loin, une chouette hulula. Je jetai un regard à Hippolyte qui dormait d'un sommeil profond qui l'avait saisi quelques paroles après le départ d'Asclépios. Pour un instant, j'y crus y voir son cadavre givré à la place de son corps dont la poitrine se soulevait au rythme de sa respiration. Son cœur battait, il était bon chasseur et métamorphe, mais restait mortel et la lame funèbre avait déjà coupé son fil de vie. Le même acte pouvait se répéter une nouvelle fois, et la prochaine, il ne me reviendrait peut-être pas.

Apollon pouvait un jour ou l'autre savoir que son propre fils était venu en aide à sa tante pour faire revenir le parti parmi les vivants à sa demande, et à chaque instant, ce jour s'approchait, plongeant nos âmes dans une obscurité grandissante qui telle une nuée de feuilles en feux, obscurcissait nos cieux jusqu'à abattre sa foudre une nouvelle fois sur nos creux. Les lueurs grenade ne seraient qu'un lointain souvenir, laissant place au rouge du sang qui réduirait en cendre l'amarante autour de nous.

Je ne pourrais pas éternellement le ramener, et les possibilités que son corps soit détruit ou que les trois jours s'envolent avec le temps, empêchant tout espoir que l'âme se rattache au corps, étaient bien plus probables que ce miracle. L'Olympe refuserait de l'accepter parmi les immortels, que bien même je laissais ma fierté pour leur supplier, en particulier s'ils avaient causé sa mort une nouvelle fois.

Ils l'avaient déjà abattu, franchissant la limite hésitante, celle d'assassiner, mais désormais traversée, ils recommenceraient encore jusqu'à ce que la menace soit écartée. Nous étions des dieux, certaines mœurs nous échappaient. Bien que nous en punitions les humains, nous n'avions pas de pitié et étendions notre domination et nos vœux à nos souhaits.

En Grèce, il était condamné, mais ailleurs, il pourrait être sauvé. L'exil était son salut, jusqu'à ce que la paix revienne. Je l'avais choisi, j'étais déshonorée si je suivais leurs règles, et je ne reviendrais pas sur les traces de mes pas boueux sur ma route sinueuse. Je n'avais plus rien à perdre, si ce n'était ma liberté sauvage. Celle qui me permettait de le choisir, d'être reine et diriger une communauté de femmes qui tout comme moi, étaient brisées et fuyaient les malédictions qu'était l'amour, les hommes et la noblesse.

ArtemisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant