« Fine. Make me your villain »
« Très bien. Fais moi ton méchant »
Je me levai à mon tour, l'affrontant et prête à lui faire comprendre que, qu'importait mes efforts, je le mécontentais. Sans arrêt, et qu'il était temps qu'il écoute ma voix claire qui s'était laissée museler par ses ordres indifférents à sa fille.
– Je refuse, et je ne sais pas pourquoi vous souhaitez cette amitié. Il n'est qu'un prince égoïste, je ne l'approcherai pas et je vous conjure, écoutez-moi. Soyez un père et entendez pour une fois votre fille, car je suis de votre sang, de votre dynastie, de votre lignée de dieux ! hurlai-je, regrettant aussitôt.
Avec effroi, je le vis contourner la table, les lueurs folles dans le regard, démuni de résonnement, et sa colère s'abattit sur moi. Pour la première fois, je ne détournai pas les yeux, mais bien au contraire. Ma haine fut lancée de mes pupilles à son égard après qu'il m'ait giflé, tournant ma tête douloureusement. Je ne gémis pas, me mordant la lèvre, et un filet de sang en coula.
– Vous n'êtes qu'un mauvais père, un monstre et les raisons que poussent Héra vers vous me dépassent. Vous n'êtes qu'un mauvais roi et celui qui devrait porter la couronne de la honte, c'est vous.
Il abattit sa main sur mon corps encore frêle, et j'encaissai ses coups sans un râlement, mordant ma joue pour empêcher la douleur qui brûlait ma peau. Je cherchai pourtant refuge sous la table, me sachant impuissante. D'un geste brusque, il me saisit par le bras pour me tirer de ma cachette et dans son regard foudroyant, je sus qu'il était temps que j'implore son pardon.
Ce que je fis, permettant à des larmes de couler pour l'amadouer, mais il m'ordonna de me taire et d'obéir avant de me faire comprendre d'un mouvement de son muscle qu'il ne s'arrêterait pas. Je fermai les yeux, attendant le coup fatal.
– Arrêtez !
Je rouvris les paupières papillonnantes pour chasser mes larmes, sentant mon père me lâcher et d'instinct de survie, je reculai jusqu'à ce que mon dos cogne sur la table, menaçant de me faire perdre l'équilibre. Je me retins à cette dernière, tremblante, me soutenant comme si mes jambes pouvaient défaillir, et sanglotant. Mon bras avait été marqué, je ressentais la brûlure de sa main qui avait emprisonné mon poignet, le tirant avec une force qui déroula ma chair lésée, enlevant mon courage qui avait parlé.
Un regard à Loki qui m'avait sauvé et qui d'un bras, protégeait son fils dont les yeux allaient et venaient entre mon père et moi. Il semblait choqué par l'acte qui venait d'avoir lieu, et je me demandai si cela faisait bien longtemps qu'ils étaient là, ou si d'une pulsion, ils avaient cessé la punition.
– Partez princesse Artemis, et toi aussi Fenrir. Sortez de cette pièce, il faut que je parle à l'empereur Zeus, ordonna Loki d'une voix dure adressée à mon père.
Je n'émis aucun son, dissimulant les mots prêts à traduire mes maux, ni regardai mon père. Mes petits pas quittèrent la pièce froide de vie et lorsque les portes claquèrent, j'accélérai pour fuir cet endroit, les larmes aux yeux face à la lacune qui se révélait entre père et fille.
– Attends ! s'écria Fenrir, me rattrapant rapidement, et se plaçant devant moi, m'obligeant à m'arrêter.
Il fixait mon bras coloré que je dissimulai rapidement derrière mon dos, encore tremblante et honteuse. Je ne souhaitais pas qu'il raille de ma situation, je connaissais les supercheries qu'il pourrait utiliser, et la respiration paisible sous sa tunique ne m'affirma aucune réponse sur ses intentions. Dans ce couloir de pierre et de bois, demeure des dieux du nord, la rivalité sembla s'envoler au-delà du Bifrost, des frêles bateaux de pêcheurs que je voyais aussi imposants que ceux des Grecs, à l'intérieur des mines de pierres et des terres d'agriculteurs.
– Montre.
– Si c'est pour te moquer de moi, garde tes commentaires pour toi ! lui criai-je rageuse, pourtant les lèvres frissonnantes, et devenues méfiante de tous.
Il ne m'écouta pas, et sans un mot saisit de force mon bras pour l'observer attentivement. Je le laissai faire, le devinant presque soucieux. Ses doigts glacés entourèrent mes poignets avec une douceur qui m'était inconnue, provoquant un sursaut de ma part qui fut détendu par la magie qui émana de ses doigts. Elle apaisa ma douleur qui disparut ainsi que les tâches violacées qui parcouraient mon épiderme livide.
– Mieux ? questionna-t-il d'une voix teintée de préoccupation, mais je préférai ignorer pour me préserver.
– Je serais mieux si vous n'étiez pas là, me protégeai-je d'un ton sec.
– Et après tu dis que c'est moi le monstre ? répondit-il sur la même longueur.
– Tu l'es, j'ai entendu la conversation avec ton père, je connais tes sombres secrets donc ne me fait pas croire le contraire. Tu le fais pour toi, pour cacher qui tu es réellement et car ton père est à quelques pas. Je sais que tu es un monstre, sanguinaire même, méchant sans aucun doute. Nous n'aurions jamais aucun lien, toi et moi, pour l'unique raison que je te hais. Tu n'as pas de pitié et me pousser à bout ne te rapportera rien, car je refuse d'être celle que tu cherches, me provoquant. Je ne céderai pas à tes railleries, à tes provocations. Je risque trop. Tu n'es qu'un monstre, conclus-je.
– Un monstre ? Je le suis, je te l'ai dit. Oui, je le fais uniquement, car mon père est proche, sinon, j'aurais agi d'une autre manière, princesse. Sache que jamais tu n'arriveras à rien dans la vie de cette manière, ne le nie pas. Je ferai en sorte que ton séjour à Asgard soit un calvaire qui te fera te révéler. Tout n'est que mensonge, ruse. Tu sais de quoi mon père est le dieu, ses fonctions. C'est dans mon sang, nous ne pouvons rien y faire, princesse, finit-il d'un sourire qui trahissait ses pensées profondes et narquoises avant de tourner les talons.
– Vous n'avez pas d'humanité ! Monstre ! Tu verras, je deviendrais quelqu'un tandis que toi pas, lui criai-je, sans qu'il ne se retourne.
Il ne m'avait pas étonné et dans ce monde, l'unique personne qui lui était chère, si son cœur ressentait, était son père. Dieu de la malice, de la tromperie, de la ruse, et son fils était tel que lui, bien pire même. Loki se trompait sur sa personne, il ne serait jamais celui qu'il espérait qu'il soit. Il n'avait pas de salut possible, ni même une lune qu'il pourrait suivre dans la nuit de ses ténèbres. Il était un monstre sans humanité et son père était bon, au contraire du mien.
Je fus pourtant curieuse de m'intéresser à lui, pour l'avenir qu'ils avaient relevé, de son destin, ce dessein qu'il pourrait changer s'il s'efforçait. Un monstre, mais de quoi ? Il mériterait ce qui lui arriverait, tout en restant prince d'Asgard et sous la protection des Ases.
Il était rusé et la moindre parole serait retournée contre moi, même celles que je pouvais utiliser à son encontre seraient détournées. L'unique consolation était que je quitterais ces lieux et nos chemins ne se croiseraient jamais plus.
Moi à propos de leurs chemins qui ne se croiseraient plus :
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Artemis
Fantasy« Mythologie rime avec tragédie » Et si Artemis, la déesse qui a fait voeu de chasteté, avait aimé un homme ? Êtes-vous sûrs de connaître la véritable histoire ? Mille cinq cent ans avant notre ère, en Grèce, la déesse Artemis semble avoir réussi à...