Chapitre 4 : Les erreurs de la vie (Cole)

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Je pris beaucoup de temps avant de réaliser la nouvelle que m'avait annoncée docteur Lapointe. Lyne s'était échappée. J'aurais dû m'en douter. À sa place, j'en aurais fait de même. Évidemment.

Puis soudainement, je pensai à Heather. Elle pourrait être la première visée. Je n'avais pas de temps à perdre et devais rentrer immédiatement. J'en avais un pincement au cœur en imaginant les pires atrocités qui pourraient lui arriver et ce bref sentiment me parut assez étrange.

Il ne me fallut que peu de temps pour rejoindre ma maison complètement essoufflé et apeuré. Heather ne tarda pas à le remarquer quand elle vint me voir. Elle tentait de me calmer par quelques mots doux, je les entendais à peine. Mon esprit n'était pas assez serein pour ça. Surtout parce que je devais, à contrecœur, lui annoncer la mauvaise nouvelle.

— Lyne s'est échappée de l'asile, déclarai-je d'une voix tremblante.

Elle fut tout aussi choquée que moi. Elle posa ses mains sur son ventre arrondi. Elle avait peur pour le bébé. Je n'y avais même pas pensé jusqu'à là. Elle avait raison. Il pouvait lui aussi en souffrir. Je ne pensais vraiment à rien ces derniers temps. Tout m'échappait.

— Ne t'en fais pas, tout ira bien, la rassurai-je tout en pensant le contraire.

— Comment tu peux oser dire ça ? s'étonna-t-elle. Elle est complètement folle ! D'ailleurs je ne comprends pas pourquoi elle t'en veut autant !

Je ne lui avais pas tout dit à propos de Lyne, mais j'aurais dû lui dire toute la vérité depuis longtemps. C'était encore une fois des secrets de famille, des choses dont j'avais horreur de parler, mais après tout, la boîte de Pandore était déjà ouverte depuis longtemps. Qu'allait changer un secret de plus ou de moins ?

— Lyne est ma demi-sœur, avouai-je péniblement.

— Quoi ? Comment ça se fait ? s'inquiéta-t-elle aussitôt.

— Peu importe.

— Tu ne peux pas faire comme si ce n'était rien du tout. C'est ta demi-sœur quand même, rétorqua-t-elle gravement.

Je refusais d'avoir une nouvelle discussion avec elle aussi chiante et douloureuse. En fait, je crois que je perdais l'envie de lui parler. J'avais juste envie de m'éloigner d'elle. La meilleure excuse étant : le travail. Je coupai alors court à cette conversation pour m'isoler dans mon bureau.

*

Je n'avais pas reparlé à Heather depuis la veille. Je ne savais plus où j'en étais et ce n'était pas en lui confiant mes sentiments que les choses allaient s'arranger. J'ignorais même si j'en avais encore, des sentiments. Étais-je encore amoureux d'elle ? Étais-je complètement inhumain pour autant ?

Rapidement, je repensai au travail. Après un rapide coup de fil, je devais m'éclipser pendant un court instant. Heather était dans la pièce à ce moment. Elle avait entendu que je devais partir. Elle détestait me voir dehors la plupart du temps, pourtant, elle n'avait pas eu l'idée que n'importe quelle femme aurait eue : celle que je puisse la tromper. Ou sinon elle ne le montrait pas et ne m'en parlait pas.

Soudainement, l'idée de la laisser seule me gênait. Peut-être que je semblais détaché, mais pas au point de la laisser mourir. Il y avait encore quelque chose en moi qui refusait de l'abandonner, qui s'accrochait encore, et je comprenais de moins en moins mes sentiments contradictoires.

Alors que j'avais proposé l'idée de rester avec elle, elle me persuada que tout se passerait bien, qu'elle savait se protéger d'elle-même. Je la crus. Bêtement. Puis je partis.

La Décadence des Flamants - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant