Chapitre 5 : Le pire reste à venir (Cole)

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J'étais dans les couloirs de l'hôpital, angoissé, et mon regard ne cessait de se raccrocher à quelque chose, mais tout était juste blanc comme dans n'importe quel hôpital.

Je n'étais venu que rarement dans ce genre d'endroit, presque jamais même. La dernière fois datait de ma dernière tentative de suicide, celle qui aurait pu me coûter la vie. Ce jour-là, je m'étais réveillé aux côtés de Jordana. Quoi de plus déprimant que de se rendre compte qu'on est vivant après une tentative de suicide ? En tout cas, il m'avait fallu de bonnes minutes avant de le comprendre. Puis mon regard s'était posé sur mes bandages recouvrant tous mes bras. Jamais je ne m'étais infligé des coupures aussi importantes, des coupures qui me colleront à la peau jusqu'à la fin de mes jours.

Le premier sentiment qui s'empara de moi avait été la colère. Pourquoi ne pouvais-je pas simplement mourir ? Je me rappelais encore de ce que j'avais crié à Jordana :

— Pourquoi tu m'as emmené là ? Pourquoi tu ne m'as pas laissé crever ?

Elle tentait de garder son calme, de rester le maillon fort. Elle voulait juste m'épauler alors que je perdais la tête.

— Calme-toi Cole... Tout va bien aller, murmura-t-elle d'une douce voix.

Je m'étais tu durant de longues secondes. Je ne voulais plus lui parler. Me taire m'avait semblé être la bonne réaction à l'époque, alors qu'en réalité, j'agissais comme n'importe quel suicidaire.

— Pourquoi tu as fait ça ? me demanda-t-elle, cherchant à arranger une situation qu'elle ne pourrait jamais comprendre.

Je voulais simplement lui répondre "parce que je voulais mourir", mais me retins, d'une part, parce que je voulais me taire, et d'autre part, parce que cette réponse était totalement futile.

— Cole, on doit en parler ! trancha-t-elle, inquiète. Je ne peux pas prendre ça à la légère !

— Tu n'es qu'une pute. Tu ne fais ça que pour l'argent, tu te fiches de moi, rétorquai-je dans l'unique but d'être volontairement blessant.

Je m'étais retenu de parler jusqu'alors, mais cette fois-ci, les mots étaient sortis tout seuls. Je ne voulais qu'une chose, partir d'ici, fuir. Je tentai alors de me relever pour quitter ce lit, mais elle me plaqua contre le matelas. De toute manière, je n'avais aucune force.

— Tu restes là ! Tu as besoin d'aide ! s'interposa-t-elle d'un ton dur.

— Je n'ai pas besoin d'aide ! Je veux juste sortir d'ici ! vociférai-je.

— Si tu te débats, tu resteras davantage ici, me coupa-t-elle d'un air presque menaçant.

Être considéré comme un fou avait sûrement été une de mes plus grandes craintes depuis toujours. On ne perdait pas sa raison au contraire, on perdait tout ce qui l'entourait.

J'essayais du mieux que je pouvais de me calmer, mais impossible quand je voulais qu'on me tire dessus le plus vite possible.

— Pourquoi tu as fait ça ? demanda-t-elle faiblement.

— Parce que j'en ai marre, répondis-je, dépité.

— Je sais que tu as vécu des moments douloureux dans ta vie... mais ce n'est pas en y mettant fin que tu te sauveras.

— Personne ne regrettera ma mort, rétorquai-je, les larmes aux yeux. Personne ne m'aime. Tout le monde me déteste.

Elle prit fermement mon poignet dans ses mains, le caressant délicatement sans me faire ressentir les douloureuses coupures encore à vif.

La Décadence des Flamants - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant