La Décadence des Flamants - Tome 3

Chapitre 7 : Ce n'est que le début de la fin (Cole)

J'avais passé les nuits suivantes dans la plus grande angoisse. Pourtant, j'étais plutôt confiant à propos de Heather et Clyde. Alors pourquoi avais-je passé d'aussi terribles nuits ?

En y repensant, ça faisait depuis quelque temps que je dormais mal. Aucune nuit tranquille en plusieurs mois, je crois bien que mon sommeil avait été perturbé par l'annonce de la grossesse d'Heather. Tous mes cauchemars étaient revenus amplifiés comme jamais. Moi qui étais persuadé qu'on n'aurait pas d'enfants ou qu'on prendrait davantage de temps, j'avais totalement tort. À ce moment, la quitter avait été presque une bonne solution.

Dès son annonce, immédiatement un sentiment de peur s'était emparé de moi. J'avais été incapable de mentir et avais laissé aller les sentiments aussi basiques qu'étaient la peur et l'angoisse. Puis quand j'avais décidé d'assumer, rien ne s'était vraiment arrangé. Pourtant, Heather semblait plus heureuse que jamais. Elle voulait absolument un enfant malgré son jeune âge.

La nuit suivant notre retour de Las Vegas avait été la pire de ma vie. Il était encore là, ce monstre ne me quittait pas. Toujours le même discours et toujours la même lame luisante. Le lendemain, je m'étais coupé en espérant qu'Heather ne le remarque pas. Heureusement, elle n'avait rien vu ou prétendait ne rien avoir vu.

J'étais persuadé que je me ferais à la nouvelle, mais rien n'y faisait. Même encore aujourd'hui, j'avais du mal à accepter le fait de devenir père.

Est-ce que mes parents avaient ressenti la même chose lors de ma naissance ? Était-ce la raison pour laquelle ils s'en étaient pris à moi ? Aussi étrange que ça puisse paraître, je commençais à comprendre mes parents. Étais-je vraiment différent qu'eux ? Je les avais toujours considérés comme des monstres et j'étais devenu un monstre en les tuant. Nous avions déjà des ressemblances depuis longtemps, mais jamais je ne m'étais senti aussi proche d'enfin devenir comme eux. Voilà ce qui m'inquiétait le plus. Me perdre. Comme eux.

J'étais aux côtés de Heather dans sa chambre d'hôpital. Elle était encore assoupie. J'appréhendais chaque seconde, persuadé qu'elle pourrait se réveiller à n'importe quel moment. J'ignorais encore quels seraient mes premiers mots. Qu'allais-je bien pouvoir lui dire ? "Désolé, tout ça est arrivé par ma faute". Non, je ne pouvais bien évidemment pas lui dire ça.

Mon esprit s'aventurait dans de dangereux chemins. Je détestais ça plus que tout. Je n'étais qu'un passager dans cette destination mortelle.

Puis tout s'éclaira.

Heather se réveilla. Elle ouvrit petit à petit les yeux, tentant de s'approprier les lieux. Je m'approchai d'elle et pris immédiatement sa main droite dans les miennes, la caressant délicatement. Je ne fus capable que d'émettre un "salut" presque muet tout en affichant mon plus grand sourire.

Elle chercha alors à comprendre ce qui s'était passé. Je n'hésitai pas à lui résumer les événements :

— Tu as été agressée, on t'a tiré dessus. Mais tout va bien. La balle n'était pas profonde, la plaie n'était que superficielle.

Elle sembla rassurée un instant puis posa sa main libre sur son ventre, s'apercevant qu'il était désormais plat. Elle fut prise de frissons et je la rassurai immédiatement :

— Le bébé est sous couveuse. Pour l'instant, tout va bien.

En réalité, les médecins émettaient quelques réserves à son propos, mais je ne voulais pas l'inquiéter.

— Je veux aller le voir, me supplia-t-elle.

— Tu es sûre que ça va ? demandai-je, d'un air on ne peut plus sérieux. Tu ferais mieux de te reposer. Et pour l'instant, les médecins ne veulent pas qu'on aille le voir. Il est encore fragile.