La Décadence des Flamants - Tome 3

Chapitre 26 : L'amour pardonne tout (Heather)

Ça faisait des jours que Cole venait à peine à la maison. Des fois, il ne restait que quelques minutes dans le lit pour finalement s'en aller aussitôt, comme s'il fuyait quelque chose. Son comportement m'inquiétait. Ses cauchemars semblaient s'intensifier. Parfois, il en criait, en pleurait, et le rassurer ne l'aidait pas. Chaque nuit, l'enfer recommençait.

Je ne lui en voulais pas pour sa tromperie, ni pour son comportement, parce que j'avais compris qu'il était juste en train de se punir lui-même. La souffrance qu'il s'infligeait était suffisante et je n'allais certainement pas en rajouter. Alors, j'essayais de lui soutenir du mieux que je pouvais, mais c'était loin d'être facile. Je voulais juste qu'il arrive à mettre tout ça de côté, qu'on redevienne ce qu'on était, et qu'il soit heureux, parce que je doutais sincèrement de son bonheur.

En tout cas, Lisa me l'avait bien fait comprendre. Sa visite ne m'avait certainement pas soulagée et j'aurais préféré que cette femme ait tort, mais, malheureusement, elle avait raison. Cole avait un étrange comportement et ça nous inquiétait toutes les deux. Maintenant, je constatais qu'il était souvent ailleurs. Parfois, c'était comme s'il me voyait à peine.

D'ailleurs, mon père avait fini par être au courant de cette tromperie, tout le monde même. J'étais la pauvre femme trompée, ce que je m'étais promis de ne plus jamais être : le centre de l'attention, mais de la pire manière qui soit. J'avais l'impression de n'attiser que de la pitié auprès des autres. La pauvre, disait-on. Puis on pensait à notre enfant venant tout juste de naître. C'était ce pour quoi mon père s'était emporté. Il avait tout fait pour me convaincre de quitter Cole. Mais comment pouvais-je quitter l'homme que j'aimais, mais aussi le père de mon enfant ? Je lui avais seulement dit que je lui en parlerais, qu'on mettrait tout au clair. Si seulement c'était aussi simple avec Cole...

Je l'avais alors vu auprès de Clyde, l'air dépité, comme s'il n'avait cessé de pleurer ces derniers jours. J'avais compris, encore une fois, qu'il s'en voulait plus que tout. Alors, j'avais tenté de le rassurer du mieux que je pouvais, mais comme toujours, je me sentais si impuissante de le voir dans un tel état. Et peut-être mes amies avaient vécu le même sentiment quand j'étais au plus bas, sauf que sans elles, peut-être que je ne serais même plus de ce monde. Malheureusement, je devais reconnaître que cette aide m'avait été précieuse et Cole avait définitivement besoin de la même aide.

— Je t'en prie, ne me pardonne pas, m'avait-il supplié en pleurs ce soir-là.

— Je te pardonne.

Mais il ne voulait pas comprendre. Il se dévalorisait sans cesse, continuant de porter tous les torts du monde sur ses épaules. Même mon pardon ne l'aidait pas. Puis il avait continué en se démontant, en s'insultant de merde... et je détestais quand il disait de telles choses. Les merdes sont les personnes qui nous ont brisés.

Finalement, j'avais réussi à le rassurer et il s'était calmé dans mes bras. Mais ce n'était que de courte durée. La nuit suivante, ses cauchemars étaient revenus de plus belle. Il criait à s'en époumoner, se détruire la gorge. Il souffrait et je me sentais si faible, incapable de l'aider. Voir quelqu'un dans le besoin et être incapable de réagir était une des pires sensations de ce monde.

Et maintenant, je me sentais incapable de gérer tout ça. Alors, quand il s'était réveillé en pleine nuit, j'en avais fait de même. J'étais restée dans le lit, en sanglot. Incapable de bouger, je laissai les larmes couler sur mes jours en espérant que tout s'arrange un jour. Et je m'en voulais de ne pas le rejoindre, de ne pas le rassurer... Mais que pouvais-je bien faire ?

Je pris mon visage dans mes mains un instant et essuya mes larmes. Je voulais juste trouver une solution, mais laquelle ? Aucune solution ne me paraissait envisageable. Je me sentais faible, sûrement parce que je l'aimais.