La Décadence des Flamants - Tome 3

Chapitre 15 : Les regrets de la corruption (Lisa)

J'avais revêtu cette longue robe rouge pour l'occasion. Je soupirai en me regardant dans le miroir. Ce n'était pas qui j'étais. D'habitude, je m'habillai d'un simple t-shirt, un jean, et attachai mes cheveux en un chignon négligé. Aujourd'hui, j'avais pris plus d'une heure pour me préparer, uniquement pour une soirée qui me dégoûtait, avec un homme que je n'aimais pas. Tout ça pour quoi ? Pour une connasse qui me faisait chanter. Une connasse qui voulait que je brise une famille. Et surtout, une connasse qui détenait ma liberté. Elle avait déjà ce qu'elle voulait, pendant ce temps, j'allais tenter d'arranger la situation du mieux que je pouvais. Je n'étais pas née dans ce monde pour détruire et marcher sur les autres. Les aider était ma priorité, quitte à payer les pots cassés.

Soudainement, on sonna à ma porte. Sûrement Debra qui allait me faire la misère encore une fois. Elle allait se plaindre que je n'étais pas assez rapide, que je lui faisais perdre son temps, que je n'étais pas assez efficace. Peu importe. Si elle savait que je profitais de son plan pour le détourner à mon avantage. Elle ne pouvait pas faire tout ce qu'elle voulait de moi contrairement à ce qu'elle pensait. J'étais un électron libre et certainement pas une esclave.

En ouvrant la porte, je tombai étrangement sur Cole. Malgré les quelques mèches qui lui tombaient sur le visage et ne lui assuraient pas un côté professionnel, sa tenue était impeccable. Un simple costume noir. Rien de bien impressionnant étant donné qu'il s'habillait quotidiennement ainsi, mais ses cheveux semblaient moins ébouriffés que d'habitude, comme s'il avait passé un bref coup de peigne. Physiquement, il avait la tête d'un rebelle et la tenue d'un homme d'affaires quelconque. Un étrange contraste qui lui allait bien.

Puis mes pensées me revinrent soudainement. Que faisait-il ici ? On avait prévu de se retrouver là-bas. Aussitôt, il comprit mon étonnement et me répondit :

— Je me suis dit que ce serait une meilleure idée qu'on y aille à deux. On pourra parler affaires durant le trajet.

Son sourire était enjôleur et son regard aguicheur, il en espérait probablement bien plus. Si seulement il savait que j'espérais juste de le rabibocher avec sa femme, la mère de son enfant. Je ne serais plus une partie de jambes en l'air pour bien longtemps.

— Tu es ravissante, ajouta-t-il. Cette robe est sublime.

Il était très charmant ce soir, il n'avait rien à avoir avec l'homme que j'avais baisé. Je n'étais que du sexe défoulatoire, pourtant, il me montrait le contraire. Il aurait dû emmener sa femme et aurait dû se comporter ainsi avec elle plutôt qu'avec une assistante qui ne faisait que passer brièvement dans sa vie.

Il me tendit sa main et je le suivis après avoir fermé ma porte. Quand je pensais à sa famille abandonnée chez lui, j'en avais un pincement au cœur. Je n'étais pas faite pour les histoires d'infidélité. Je détestais que quelqu'un souffre et surtout, que j'en sois responsable. Malheureusement, c'était le cas en ce moment.

— Pourquoi n'as-tu pas demandé à ta femme de venir ? demandai-je brusquement pour briser enfin la glace.

Il s'arrêta dans sa démarche et se tourna vers moi, assez étonné. Il ne m'avait jamais dit être marié, mais je n'étais pas aveugle, j'avais vu son alliance. N'importe qui l'aurait vue. Il n'avait jamais pris la peine de la cacher, comme s'il oubliait réellement son mariage. Et puis, j'avais entendu sa discussion avec Nash, ils avaient parlé de sa famille. Jamais son mariage n'avait été un secret, au contraire. Seule sa tromperie l'était.

— C'est professionnel, ça ne l'intéresserait pas, et puis il faut bien quelqu'un pour garder Clyde, riposta-t-il comme si j'étais en tort.

Malgré son ton qui se voulait dur et ferme, il ne semblait pas agir sans honte. J'avais l'impression de percevoir un brin de tristesse dans son regard qu'il détourna après avoir parlé. Il n'en avait pas rien à foutre de tromper sa femme et c'était une raison suffisante pour me motiver à les rabibocher. Il y avait un réel problème à régler dans leur mariage.