La Décadence des Flamants - Tome 3

Chapitre 29 : Les amitiés ébranlées (Heather)

Je n'avais pas vu Cole depuis deux jours et mon inquiétude s'amplifiait chaque seconde, craignant qu'il soit mort. Cette possibilité était plus qu'envisageable. Il était le genre de personne à traîner bien trop souvent avec la Faucheuse sans en comprendre les risques.

Ne pouvant plus supporter cette situation seule, j'avais demandé à Hanna de m'aider, mais elle n'était pas très réactive, la clope au bec et les yeux rivés sur le portable. Je parcourais donc les rues en sa compagnie, pensant le croiser dans un quelconque bar.

— Tu ne voudrais pas m'aider un peu ? lançai-je comme pour la réveiller.

Elle éteignit son portable et porta enfin son attention sur moi, mais je voyais bien que tout ceci ne l'enchantait pas vraiment.

— Tu devrais le laisser tomber. Ce mec est un lâche, déclara-t-elle en ignorant totalement mes sentiments.

— On a déjà eu cette discussion et c'est inutile de recommencer, ripostai-je en espérant qu'elle se taise.

Elle tira lentement sur sa cigarette. Je voyais bien qu'elle ne cherchait pas d'arguments. Son idée sur Cole était déjà faite depuis longtemps. Elle cherchait juste une manière pour me dire le fond de sa pensée pour être percutante, tout en se fichant d'être blessante.

— Ce que je t'ai dit quand tu as appris être enceinte de lui tient encore aujourd'hui, me rappela-t-elle d'un air insistant. Tu peux partir quand tu veux, en particulier lorsqu'il ne veut pas s'investir...

Je m'arrêtai dans ma démarche pour me tourner vers elle. Elle n'était pas ce genre d'amie qui me suivait aveuglément et se réjouissait pour n'importe quoi. Non, Hanna était bien plus compliquée que ça, en particulier à tout ce qui touchait l'amour de près. Son manque d'affection se faisait toujours sentir encore aujourd'hui, même si elle voulait me prouver le contraire.

— Dans une relation, on se bat pour l'autre et on ne l'abandonne certainement pas quand il va mal, rétorquai-je, furieuse.

— Cole se fout de ta gueule, rétorqua-t-elle d'un air presque sarcastique et complètement déplacé. Il est capable de mentir pour que tu le croies. Il ne va pas mal, il veut juste t'abandonner...

— Cole est mon mari et le père de mon gosse, alors quand je le vois les bras ensanglantés et complètement perdu, je le crois. Qui irait se couper volontairement juste pour un mensonge ?

— Cole est un manipulateur. Il n'a pas des milliards en étant honnête, rétorqua-t-elle naturellement en haussant les épaules.

— Tu ne le connais pas ! m'emportai-je, comprenant qu'une discussion sérieuse était impossible avec elle.

Puis elle replongea sa tête sur son portable, souriant bêtement. Je repris alors ma marche de plus belle. Elle était complètement inutile.

Je fus alors interrompue lorsque Paris me demanda de la rejoindre à un café, elle avait besoin de parler. Son message m'inquiéta, parce que ça n'annonçait rien de bon. Et c'était la raison pour laquelle je n'avais pas envie de la revoir, parce que je craignais juste le pire.

Finalement, à contrecœur, je la rejoignis sur le lieu qu'elle m'avait indiqué. Elle savait sûrement quelque chose à propos de Cole et j'espérais vraiment que ce ne soit pas une mauvaise nouvelle. En tout cas, jamais son sourire ne m'avait semblé aussi faux. On portait tous notre meilleur masque.

— Que s'est-il passé ? m'enquis-je en m'approchant de Paris tout en craignant le pire.

— Cole est venu me voir hier...