Chapitre 17 : Brouillon

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Ces derniers jours, je vivais dans une peur constante. Cole travaillait bien trop et tout était sujet aux doutes. En tout cas, il s'éloignait de moi de jour en jour et trouvait toujours un prétexte pour me repousser. Le travail semblait toujours la meilleure solution. Malheureusement, quand je le lui reprochais, il ne pouvait s'empêcher de me rappeler qu'il gérait une entreprise et que la vie était ainsi faite. Et à chaque fois, j'avais l'impression de percevoir une forme de mélancolie dans son regard, comme il en avait souvent l'habitude malheureusement.

Cependant, ce soir, il n'allait pas pouvoir se défiler, il n'avait pas le choix. Il devait m'accompagner à un repas avec ma famille. Tout le monde voulait voir Clyde.

Ayant Clyde dans mes bras, je rejoignis Cole en train d'enfiler sa veste.

— Tu es prêt ? demandai-je d'une voix morose.

— Pratiquement, répondit-il d'un ton faiblard.

Il ne semblait pas vraiment me regarder, comme si je n'étais pas là. Après tout, ça ne le réjouissait pas, je l'avais bien compris en le lui annonçant. Il n'avait pu s'empêcher de râler dessus. Même s'il s'entendait mieux avec mon père, ce n'était que superficiel. La rancœur de plusieurs années était toujours présente. Après tout, je ne croyais plus en une quelconque réconciliation entre eux depuis longtemps, mais faire semblant était le minimum.

— Pourquoi on doit se rendre à un repas où on va se faire chier et dire des trucs complètement inutiles ? demanda-t-il en se tournant vers moi, s'emportant légèrement.

— Tout se passera bien, tentai-je de le rassurer.

— Jusqu'à ce qu'on se balance du poivre dans la gueule, rétorqua-t-il d'un ton méprisant.

J'espérais vraiment que ce n'était qu'une façon de parler et qu'il n'allait certainement pas le faire. Venant de sa part, on pouvait craindre le pire et balancer du poivre sur quelqu'un n'était pas le pire venant de lui.

Encore une fois, il n'était pas d'accord avec mes propos, mais peu importe, il fallait y aller. Il jeta un bref coup d'œil à Clyde avant de quitter la pièce, mais visiblement, il n'était pas prêt d'apprécier cette soirée.

*

Tout le trajet en voiture avait été bien trop silencieux, tellement que c'en était devenu gênant. J'avais tenté quelques discussions pour éviter ce terrible embarras. Mais à chaque fois, il avait éludé toutes mes tentatives, comme s'il refusait de me parler. Il s'éloignait de moi et je ne comprenais absolument pas pourquoi. Qu'avais-je fait de mal ?

Il n'osa pas me parler et encore moins lorsque nous étions sous le porche, il se contenta de sonner tout en m'ignorant. Clyde tenta lui aussi d'attirer son attention par quelques bruits, mais en vain. Et j'avais l'impression qu'il ne faisait pas ça dans le but premier d'être blessant, mais que c'était sa manière à lui de gérer quelque chose de lourd. Mais il avait toujours du mal à gérer ses démons.

Ma mère finit par nous ouvrir et dès que nous entrâmes, elle s'extasia sur Clyde qu'elle prit aussitôt dans ses bras.

— Comme il est adorable ! s'exclama-t-elle en le berçant.

Elle était en totale admiration. Après tout, dès que je lui avais annoncé la nouvelle de ma grossesse, bien que Cole soit le père, elle s'en était aussitôt réjouie. Elle m'avait assénée de conseils et avait tout fait pour que je sois prête lors du grand jour. Au début, tout ça m'avait angoissé de passer mon temps à acheter des affaires pour le bébé alors que je n'étais enceinte que d'à peine quelques mois, puis j'avais commencé à m'y faire, même si mon corps qui changeait ne me rassurait pas pour autant.

La Décadence des Flamants - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant