Chapitre 22 : Tornade des sentiments (Cole)

2.2K 226 27
                                    


J'ignorais où j'étais. Tout était obscur, du noir sans fin. Je cherchais un point de repère. Il n'y avait personne. Personne n'était là pour éclairer ma nuit. J'étais seul face à du rien.

J'entendis un bruyant souffle saccadé. Intrigué, je me tournai vers cette personne.

Heather.

Je m'approchai d'elle puis m'arrêtai quand je constatai ses mains ensanglantées mises en évidence. Je tentais de comprendre la situation du mieux que je pouvais. Elle était en pleurs. Son visage était détruit par le désespoir.

— Qu'as-tu fait ? lui demandai-je, inquiet.

— J'ai fait ce que j'avais à faire, répondit-elle d'une voix monotone.

Je finis par la prendre dans mes bras, peu importe le sang. J'étais sale depuis bien trop longtemps pour m'en soucier. Elle ne poursuivit pas mon étreinte, ses bras restèrent en l'air, comme si elle n'était qu'une statue.

Je pus constater le monstre au loin ou du moins, juste son œil luisant. Il s'approchait de nous. Il sourit diaboliquement et montra ses crocs aveuglants. Je relâchai Heather sans le quitter du regard, elle reposa ses bras le long de son corps.

— Tu sais ce que tu dois faire si quelque chose ne va pas, dit-il d'un air machiavélique.

Il posa ses mains sur chacune des épaules d'Heather sans pour autant cesser de me regarder. Je voulais lui dire de fuir, mais elle ne réagissait pas. Elle était comme... morte.

— Tu dois le faire. C'est mieux pour toi.

Ses mains s'enfoncèrent dans la chair de Heather. Du sang se mit à couler le long de ses bras pour finalement s'agglutiner au sol dans une large flaque d'un obscur rouge, voire noir.

— Fais-le ! Tu es le Mal ! Le Mal absolu ! hurla-t-il.

Heather tendit sa main gauche vers moi, mettant en évidence une lame.

— Fais-le ! m'ordonna-t-elle d'une voix douce.

Je pris la lame dans mes mains puis mon regard croisa celui de Heather. Ses yeux ne reflétaient aucune vie. Ses iris n'avaient plus leur bleu gris habituel, comme s'ils étaient devenus translucides.

Puis le monstre prit le dessus sur elle :

— Tu es né dans la crasse. Personne ne t'aimera jamais parce que tu es un monstre, une erreur de la nature.

Je fixai cette lame, attentivement. Était-ce vraiment mon seul choix ?

Le monstre fit alors apparaître un couteau dans ses mains puis trancha vigoureusement le cou d'Heather. Il la laissa tomber au sol puis disparut. Je me jetai sur son corps, tentant de la sauver alors que le sang ne cessait de couler tel un torrent contre nature. Je ne voulais pas qu'elle me laisse seul, j'avais besoin d'elle. Je pris son visage entre mes mains, son doux visage qui ne reflétait plus la moindre expression. Inerte.

*

Je fus secoué dans tous les sens et ne pus m'empêcher de gémir. Je finis par ouvrir les yeux puis vis Heather. Ses yeux étaient écarquillés, son visage dominé par la peur.

— Ça va ? s'enquit-elle en mordant sa lèvre inférieure. Tu criais en dormant.

Je restai bouche bée face à elle. J'avais crié ? Jamais ça ne m'était arrivé. Ces cauchemars étaient de plus en plus perturbants. Après avoir parlé, j'en venais à crier... De pire en pire.

— Cole ? Réponds-moi ! insista-t-elle en constatant mon mutisme.

Je me levai du lit, l'ignorant. Je n'avais pas envie de me changer, peu importe que je pue l'alcool ou le tabac. Je me souciais à peine de ça.

La Décadence des Flamants - Tome 3Où les histoires vivent. Découvrez maintenant