J'ai adoré retrouver Iliana et nous passions toutes nos journées ensemble. Elle ne me parlait pas vraiment, mais je me contentais de cette présence féminine dont j'étais peu familier.
Après des semaines épanouissantes à ses côtés, et un quotidien routinier à l'école, les éducateurs qui nous suivaient au centre ont suggéré à mes parents de me faire suivre par un psychologue puisque eux n'arrivaient à rien avec moi. Ils ont pris rendez-vous avec un spécialiste des troubles autistiques. Je sentais bien qu'ils éprouvaient une certaine appréhension. Je commençais à changer, à réfléchir par moi-même, je n'étais plus ce petit garçon aussi facile à modeler.
Jusqu'au jour du rendez-vous, mon père m'a réveillé toutes les nuits pour me faire faire un tournoi de ping-pong, et je n'avais le droit de dormir que la journée. Je trouvais gentil qu'il s'occupe ainsi de moi, mais je ressentais une énorme fatigue et je m'étais endormi plusieurs fois à l'école.
Le jour J, j'étais contrarié car j'avais loupé toutes les balles la nuit dernière, j'avais fait des matchs pitoyables et l'heure de ma sieste arrivait. Je suis arrivé dans le bureau du psychologue peu enclin à me confier tant j'avais envie de dormir. Il n'a rien pu tirer de cet entretien et a suggéré à mes parents d'avoir un suivi régulier. Quand j'ai entendu cette proposition je me suis mis à hurler car je ne voulais pas que l'enfer continue. J'étais trop épuisé pour continuer cette mascarade encore longtemps. Mon père fut décontenancé car il espérait que ce fiasco décourage le psychologue mais cela l'avait au contraire poussé à me revoir plus souvent. Ma mère eut alors l'idée d'un autre stratagème pour que le psychologue ne demande pas à me voir trop souvent. Il fallait qu'on change notre tactique, et elle allait s'en charger.
Elle m'a donc fait apprendre des phrases par cœur, que je réciterai au psychologue. Elle lui avait dit que je parlais à la maison, mais jamais en présence d'inconnu. Mais ce n'était jamais des paroles sensées, jamais de communication, simplement des phrases dénuées de sens. En revanche, on avait établi que je communiquerai par gestes. Ainsi moins de chance de se trahir, et plus facile de jouer la comédie. Nous avons mis notre plan à exécution pour la séance suivante.
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Je suis un actiste
Teen FictionJe m'appelle Oscar. A trois ans, je ne parlais toujours pas. Des spécialistes m'ont tracé mon avenir. Ma spécialité c'est l'autisme. Sauf qu'un jour je me suis mis à parler, j'étais en pleine forme. Seulement un peu fainéant. Soulagement de mes...