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     Depuis l'arrivée de Marie, la maison se faisait étroite. D'autant que l'on partageait la même chambre, et avec les tensions qui régnaient, mes parents ont jugé bon de nous séparer. Notre maison était petite et il n'y avait pas la place de faire une chambre supplémentaire. Mes parents ont donc encore une fois fait appel aux dons par le biais de leur association. Des gens sont venus voir notre chambre, qui, en effet, était étroite. Et tous plaignaient cette pauvre Marie qui devait subir mes troubles maniaques avec les couleurs. Ce qu'ils ne savaient pas, c'est que mon père prenait toujours un malin plaisir à désordonner mes affaires pour me rendre fou.

     Comme les gens de notre quartier étaient généreux, et que mes parents œuvraient depuis des années pour avoir un public qui les soutenait, ils sont passés dans les journaux locaux et la municipalité a voulu marquer le coup. Un soir, le maire en personne est venu frappé à notre porte, accompagné de ses conseillers généraux et de quelques élus régionaux, pour nous annoncer que la région avait décidé de faire un don à notre association pour permettre à ma famille d'agrandir leur maison. Grâce à eux, la pauvre Marie allait vivre dans un environnement sain. Ma mère pleurait à chaudes larmes devant les caméras pendant que dans son esprit elle s'impressionnait elle-même de la facilité avec laquelle elle avait obtenu ce qu'elle voulait cette fois-ci.


     L'été suivant, les travaux ont donc commencé. Des tracteurs, des grues et d'autres engins que je n'avais jamais vu d'aussi près, venaient creuser, déblayer, bâtir une avancée dans notre garage, pour y faire un « studio », ou plutôt une prison pour leur fils tristement malade

     Enfin ça, c'était la version officielle. Car en fait une fois les travaux terminés, Marie a récupéré la chambre des parents, pendant qu'eux faisaient installer un jacuzzi et un gigantesque lit dans la dépendance que venaient de construire les généreux employés municipaux.

     Pendant qu'ils se la coulaient douce dans l'eau à bulles, je devais m'occuper de ma petite sœur, lui faisant à manger, m'occupant de la maison, des tâches ménagères, du chat qui se faisait vieux et de Neutron tournant toujours dans l'aquarium... En plus d'être une mine d'or, j'étais devenu leur larbin. 

Je suis un actisteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant