41 Première fin

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20 ans plus tard


Aujourd'hui j'ai 42 ans. Je suis dans l'un des plus grands théâtres de Los Angeles. Nous sommes tous assis dans l'attente que la présentatrice, un grand nom du mannequinat hollywoodien, nous annonce l'heureux élu. Nous sommes six nominés pour cet oscar.

Ce soir j'ai mis mon costume le plus cher de ma garde-robe. Une marque hors de prix et une matière rare. Il n'est pas plus confortable qu'un jogging décathlon mais pour l'occasion je n'ai pas dérogé à la règle. Il y a des stars, à quelques fauteuils de moi, que je n'aurais jamais espéré croiser un jour dans ma vie. Moi, Oscar Constantin, quadragénaire, au passé douloureux. Pourtant si, c'est bien moi, c'est bien mon nom qui est écrit en lettres d'or sur l'écran géant, avec ma photo, aux côtés de celles de Léonardo DiCaprio ou encore Johnny Depp. Je fais tâche.

La femme qui est assise près de moi me presse la main. J'ai les mains moites et je commence à sentir la transpiration. Même le parfum à cinq mille dollars que je porte ne couvre pas l'odeur acide. Cette femme espère avoir touché le gros lot, espère que son nouveau Roméo lui rapporte gros. Si elle pouvait ajouter un acteur oscarisé à Los Angeles sur son tableau de chasse, elle s'en ferait une joie. Quand elle m'a demandé de m'accompagner à cette remise de prix, j'ai accepté.

Iliana ne fait plus partie de ma vie depuis des années. Nous n'étions pas du même monde, et je crois que je ne lui plaisais pas vraiment.

Je n'ai jamais trouvé autre femme aussi jolie qu'elle. C'est pour cela que je les collectionne, espérant qu'en les additionnant toutes, elles arrivent un jour à la cheville de ma bien-aimée.

Iliana est dans un hôpital psychiatrique. Ses parents sont morts et plus personne ne voulait s'occuper d'elle. La jugeant trop dangereuse pour elle même, les médecins l'ont faite interner. Moi, je suis parti à des milliers de kilomètres d'elle pour l'oublier. « Loin des yeux, loin du cœur », une belle connerie.


La main qui sert la mienne se fait plus pressante et mon sang, pendant quelques secondes, cesse de circuler dans mes doigts. La présentatrice filiforme, sur le plateau, crie mon nom. Ma partenaire, à cet instant précis, est folle de moi. Je mets quelques secondes avant de me rendre compte que l'on vient de me décerner l'oscar du meilleur acteur. Une belle victoire.

Je me lève, un peu tremblant, et me dirige vers ce plateau et ce micro qui n'attend que le son de ma voix. Je ne sais pas ce que j'ai balbutié en arrivant. Je me souviens simplement que la salle s'est tue, complètement, que je l'ai observée quelques secondes, avant qu'une larme perle sur ma joue. J'ai remercié la femme qui était assise à côté de moi et qui m'a écrasé la main, sachant que dans une semaine j'aurais oublié son visage. J'ai remercié le public de m'avoir soutenu, et j'ai terminé en remerciant mes parents de m'avoir ainsi fait. Je sais que c'est grâce à eux que j'ai ce talent d'acteur. Je crois qu'ils ont fait de moi le meilleur acteur du monde. C'est ce que j'ai dit, devant la foule à présent en délire. J'ai dit aussi que je les regrettais, et que j'espérais que de là-haut, ils soient fiers de moi.


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Allez plus qu'un chapitre mes chers lecteurs avant la fin fatidique... Donnez-moi votre avis surtout !

Je suis un actisteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant