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     Les échanges entre Iliana et moi n'ont pas cessé, et chaque fois que je la voyais j'arrivais à établir un nouveau contact avec elle. J'étais heureux de pouvoir vivre tous ces beaux moments et j'avais pris soin de bien cacher mes livres pour que mes parents ne pas tombent dessus. Malheureusement, un jour ma mère a mis son nez dans mon espace personnel pendant que je prenais ma douche. Elle avait dû sentir que quelque chose avait changé chez moi, mon bonheur devait se voir sur mon visage. Elle a donc trouvé mes livres sur l'autisme ainsi que plusieurs photos d'Iliana. Je les avais prises avec mon ordinateur portable un jour où j'étais allé la voir. Je les avais imprimées chez un buraliste. J'ai eu la chance qu'elle ne tombe pas sur l'ordinateur, qui était sous une pile de vêtement, juste à côté des photos.

     Quand je suis revenu de la douche, elle m'attendait, accompagnée de mon père, dans ma chambre. Mon père tenait les photos d'Iliana dans sa main, et ma mère les documentaires sur l'autisme. Quelque chose en moi m'a alerté. Je savais que ce n'était pas bon signe et j'avais peur de devoir me justifier sur l'argent avec lequel j'avais pu me procurer tout ça. Ce n'est pas la première question que mes parents m'ont posée. Visiblement, ce qui tracassait plus mon père était de voir son fils amoureux d'une autiste. Il me regarda, les sourcils froncés, prêt à éclater de rage, puis se ravisa et se mit à rire. Ma mère le suivit et je ne compris pas tout de suite ce qu'il se passait. Après leur rigolade, ils se sont tus, m'ont regardé intensément et mon père, se levant, m'envoya les paroles les plus blessantes que je n'aurais jamais cru recevoir de sa bouche. Son fils, qui se tenait devant lui, n'était qu'un déchet, une raclure, une merde, qui n'avait pas trouvé mieux que de tomber amoureux d'une dégénérée. Ses mots me frappèrent en plein cœur. Je sentis une chose monter en moi que je n'avais alors jamais vécue. Il continua son intimidation en me demandant si j'avais réussi à la sauter, ou si j'avais besoin qu'il me montre comment on faisait ces choses-là. Il m'a aussi demandé si ce qui m'excitait le plus était qu'elle bave ou qu'elle soit complètement débile pour ne pas opposer de résistance. Puis, la cerise sur le gâteau, il m'a dit qu'elle était mignonne, et qu'il ne fallait pas que j'hésite à partager, le jour où je la ramènerais à la maison, car il avait toujours rêvé de se faire une morte.

     Mon sang n'a fait qu'un tour et je n'ai pas pu retenir le coup qui est parti en plein dans sa mâchoire. Ma mère a poussé un cri de surprise, et mon père, un peu sonné, s'est relevé dans le but de m'en retourner un. Il s'est ravisé, comme si son instinct de père s'était réveillé depuis une éternité, lui soufflant de ne pas commettre l'irréparable. Il s'est contenté de me scruter fièrement, puis a ri à nouveau, cette fois sans s'arrêter, tout en sortant de ma chambre pour me laisser seul avec mes regrets. Il a vu dans mes yeux que je regrettais mon geste, c'est pour cela qu'il ne m'a pas frappé en retour. Il a vu, dans les yeux de son fils, à quel point j'étais faible et à quel point il me dominait.

     Ce qu'il ne savait pas, c'est que oui je regrettais énormément mon geste. Non pas car c'était mon père. En réalité, je regrettais de ne pas l'avoir tué sur place.

Je suis un actisteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant