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     Plusieurs jours ont passé depuis ma nuit merveilleuse avec Iliana. Je crois que mes parents ont remarqué que quelque chose avait changé dans mon regard. Mon père m'a à nouveau adressé la parole et les tensions se sont dissipées. Après les horreurs qu'ils m'avaient dites au sujet d'Iliana, j'ai voulu les rayer de ma vie, les rayer de la Terre. Puis ils ont recommencé à me parler, mon père me considérait comme un homme. Il me demandait de l'aider pour l'entretien de la voiture, et ma mère me relayait un peu pour les tâches ménagères. Je ne savais pas pourquoi ils changeaient ainsi, mais j'avais besoin d'eux.

     Un soir, nous étions tous assis autour de la table, pendant un repas, comme ce n'était plus arrivé depuis que Marie était partie de la maison. Mes parents discutaient de tout et de rien. J'ai senti que c'était le bon moment pour leur annoncer que je voulais partir vivre avec Iliana, que nous nous aimions, que j'étais un homme à présent et que si je partais loin, personne ne découvrirait jamais la supercherie de ma vie.

     Un long silence a suivi mon discours. Puis c'est ma mère qui la première a ouvert la bouche. Elle m'a demandé si j'avais couché avec Iliana. Comme je ne m'attendais pas à une telle question, je suis resté sans voix. Puis elle a compris, dans mon regard. Elle m'a demandé si je m'étais protégé. Je ne savais plus quoi répondre. Mon père, comprenant ma gêne, m'a souhaité que ma dégénérée ne soit pas tombée en cloque, car « manquerait plus » qu'il ait un petit-enfant mongole. Ses paroles m'ont anéanti. Je n'ai plus dit un seul mot du repas. Mes parents m'ont dit que j'étais complètement stupide de vouloir partir avec une fille comme Iliana et qu'il fallait que je ronge mon frein jusqu'à trouver la bonne. Ils m'ont même proposé de rencontrer une de leurs amies, une vieille riche divorcée qui se ferait bien un petit jeune comme casse-croûte, et qu'au moins une femme comme ça allait m'épanouir sexuellement et surtout financièrement. Ils me dégoûtaient. J'ai serré très fort entre mes doigts le couteau qui me servait à découper ma viande. Une parole de plus et je crois que je n'aurais pu me contrôler. J'allais être obligé d'attendre mes dix-huit ans. Dans ma tête, résonnaient les paroles de mon père me traitant de vaurien, d'incapable. J'allais très vite lui prouver que je n'en étais pas un.

Je suis un actisteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant