Même si ma sœur et moi étions proches, je ne pouvais m'empêcher de l'envier. A sa rentrée en CP, elle s'était fait des copines. Elle avait fêté plusieurs anniversaires chez ses camarades de classe et j'avais le sentiment qu'elle était plutôt populaire dans son école. Quand, le soir, elle nous racontait ses aventures avec ses copines, leurs courses folles au loup touche touche, leurs records de sauts à la corde à sauter, ou encore leurs crêpages de chignon de fillette, j'avais le cœur qui se serrait fort dans ma poitrine. Moi, je n'avais jamais eu d'ami, de rires, de querelles, de défis, d'anniversaire en fête, de confidences... Rien de tout ce qu'un adolescent a déjà vécu à mon âge. En revanche, j'avais les moqueries, les doigts pointés sur moi, les grands yeux ébahis, les messes-basses, les regards fuyants ou encore la pitié. J'étais heureux que ma sœur n'ait eu à vivre toutes les souffrances que m'avaient infligées mes parents, mais je n'en étais pas moins jaloux de son bonheur.
Plus les semaines passaient et plus je ressentais de la colère et de la frustration. Je la voyais partir à l'école le sourire aux lèvres, alors que pour moi c'était une vraie torture. Elle allait faire les magasins avec nos parents et revenait les bras chargés de nouveaux vêtements, tandis que moi je n'avais jamais eu la chance de choisir mes propres vêtements. Elle jouait dans notre jardin à la corde à sauter ou à la balançoire, que mes parents avaient installée exprès pour elle, étant donné que moi je devais me terrer à l'intérieur pour ne pas attirer l'attention. Je n'avais jamais eu de billes car il était interdit d'y jouer dans la maison ou dans le garage, elle, elle en avait un plein sac. Tous ces détails, insignifiants il y a quelques années, prenaient tout leur sens aujourd'hui. Je pensais avoir eu tellement de chance que mes parents s'occupent si bien de moi, se rendent disponibles, vivent à mon rythme, vivent pour moi. Je me trompais, c'est ce qu'ils se sont tués à me faire croire pendant toutes ces années
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Je suis un actiste
Teen FictionJe m'appelle Oscar. A trois ans, je ne parlais toujours pas. Des spécialistes m'ont tracé mon avenir. Ma spécialité c'est l'autisme. Sauf qu'un jour je me suis mis à parler, j'étais en pleine forme. Seulement un peu fainéant. Soulagement de mes...