Chapitre 10 : d'une espérance cruelle et d'un marché de Noël

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       Je n'allai pas me coucher. Trop tourmenté par cet instant passé avec lui. Ces minutes volées par notre silence et notre timidité. Tels des enfants. Des innocents, victimes et entravés par les pénuries d'autrui.
Je regardai le lever du soleil. C'était l'aube. Moment agréable de cette journée qui pourtant, avait commencé étrangement. Les nuages se montraient que très peu, mais se voyaient rosis par les rayons bambins du soleil. Les nids des oiseaux déserts, congelés par les nuits glaciales. Chaque petit détail rendait cette nature tellement saine et pure. C'était l'environnement parfait pour Sean. Froide, mais si belle.

        Tout le monde se leva. Ils furent surpris de me voir éveillé. Abby se jeta sur moi, comme d'habitude.


— Tu n'es pas resté dormir dans la chambre ?

        Je regardais Sean discrètement, ce qui le fit rougir.

— Non, je n'avais pas sommeil.
— J'avais froid moi... J'aurais bien voulu de ta chaleur...

        Je lui donnai un baiser sur la joue et partis aider Abraham pour le petit déjeuné.
        Nous étions que deux dans la cuisine.

— Alors bien dormi ? ironisa-t-il.
— Ferme la Abraham.
— Alors ? Avec Sean ?

        Mes yeux tombèrent tous seuls.

— Fais pas cette tête, je t'ai vu sortir après Sean.
— Oui mais de base je voulais aller aux toilettes.
— De base.
— Bref on s'en fout. L'importance c'est qu'on ait discuté et que ça s'est arrangé.
— Cool ! Ça devenait presque laçant.
— Ta gueule.
— Moi aussi je t'aime.
— Mouais...
— Et tu comptes lui dire quand à Abby ?
— Lui dire quoi ?
— Qu'elle n'a aucune chance avec toi ?

        Décidément, il n'était vraiment pas dupe.

— Bah...
— Fais-le vite Bat'. Tu la fais espérer pour rien.
— T'as raison...

        J'étais désorienté, incrédule. Il avait effectivement raison. Je faisais espérer Abby en me faisant désirer. Mais à quel prix, sachant qu'elle n'arrivera jamais à ses fins...

********

        On était tous rentré chez soi. On était le 23 décembre. Deux jours avant ce jour attristant, affligeant. Ma famille aller au final venir, et cela ne me rendait pas plus heureux. Mais pourtant, je l'étais.
        Grâce à la réconciliation avec Sean ? Sûrement.
         Je m'allongeai dans mon lit, le sourire aux lèvres. Je l'avais embrassé... Avec la langue. Je ne comprenais plus rien. J'avais éprouvé encore plus d'intensité qu'avec une fille. Je fixais le plafond en me remémorant ce moment, cet instant prestigieux.

— Tu as l'air bien content !

        Ma belle-mère était rentré sans que je m'en aperçoive.

— Ça se voit tant que ça ?
— Ho oui, ça faisait un petit moment que je n'avais pas vu cette lueur sur ton visage.
— Ha bon ?
— Ho oui. Alors pourquoi es-tu comme ça ?
— Je me suis réconcilié avec Sean.
— Je m'en doutais, il n'y a que lui qui te rend comme ça ! Elle finit sa phrase par un clin d'œil moqueur.

        Elle repartit. Satisfaite. Elle savait tout, j'en étais maintenant certain.

        Je décidais cette fois-ci, de dessiner. Je m'installai sur le balcon couvert de ma chambre, me plaçai sur mon fauteuil, pliai mes jambes et mis mon calepin sur ces derniers.
         J'esquissais des formes aléatoires, quand je vis un nid d'oiseaux. Sûrement le seul qui abritait encore des oiseaux. J'avais beau habiter à Los Angeles, Bel-Air était très naturalisé.
         Le crayon s'usait petit à petit, sa mine de charbon diminuait, et ma gomme brulait dû aux frottements.          
          Mon geste s'arrêta quand mon téléphone sonna.
            C'était Sean. Pendant si longtemps, il n'avait pas été dans les récents. Pendant si longtemps que l'on ne s'était pas appelés. Je décrochai vite, je ne voulais pas le rater.

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