Chapitre 22 : d'un morceau de piano et d'un match de boxe

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10 heures... Réveil difficile et paupières lourdes, je me réveille assez lentement. Je regarde l'état d'Abraham, avec la lumière du jour qui passe entre à travers le rideau, je perçois un peu mieux ses blessures. Il dort encore, il a l'air assez paisible, même si cette nuit il a pas mal bougé. Je le regarde, j'examine son corps blessé, tabassé. Il me tourne le dos, son dos fracassé. J'ai la rage quand je vois ça, j'ai la haine quand je vois son esprit traumatisé.

   Il se retourne, je ferme les yeux, instantanément.

— C'est bon Baptiste, je sais que tu me regardais.

   Je rouvre les yeux, surpris. Je lui souris, gêné.

— Tu es bête, Phills.

   Je rigole. Lui me regarde et rigole, à son tour. Il n'a pas l'air si heurté que ça au final...

— Aller, on se lève !
— Hmm... Non je suis encore fatigué...
— Il est 11 heures Abraham.

   Il réfugie sa tête dans son coussin.

— Motive-toi aller !

   Je le pousse un peu pour le réveiller, mais apparemment...

— Putain Baptiste dégage tu me fais mal là !

   Sur le coup, j'enlève vite mes mains et les maintiens en l'air, sur le choc. Je n'ose plus bouger, mon esprit complètement perturbé. Je n'arrive plus à parler, trop ahuri par la situation. Je reste planté devant lui et sa réaction inattendue. J'attends peut-être un signe de sa part, une quelconque excuse, mais rien. Il ne va pas aussi bien qu'il n'y paraît... Normal au final...

— Désolé...

   Je n'ai pas de réponse, alors je descends du lit et je me dirige en bas, jusqu'à qu'une parole m'interpelle.

— C'est pas grave, désolé.

   Je souris, rassuré.

*******

   Après avoir révisé, tant bien que mal, nous nous posons, discutons de tout et de rien. Je sens que les conversations sont lourdes, les sourires sont faibles et faux. Nous avons appelé la police, mais sans grand succès pour le moment. Ses yeux sont vides, ses mains caressent ses blessures, je ne sais pas quoi lui dire. Alors je ne dis plus rien et lui non plus. Plus aucun mot ne sort et ce silence est trop gênant. Mais Abraham, à ma plus grande surprise, prend la parole.

— Tu peux me jouer du piano, s'il te plaît ?
— Ha heu d'accord.

    Je m'exécute à sa demande. Je me positionne sur mon fauteuil et j'ouvre le piano.

— Tu veux que je joue quelle musique ?
— Celle que tu veux.
— D'accord.

    Alors je prends une partition, au hasard. En fait, non. Je prends la partition qu'avait écrite ma mère. Je la place devant moi, et commence à jouer les premières notes. J'enfonce les touches du piano usé, je délivre le son du bout de mes doigts et je ferme les yeux. Cette partition, ça fait un moment que je la connais par cœur. Abraham ne dit rien, je ne l'entends même pas bouger. Je continue de jouer, encore et encore... Jusqu'au moment où j'entends Abraham éclater en larmes. Sur le coup, je me retourne et m'arrête.

— Continues, s'il te plaît.
— D'accord...

   Alors je rejoue, espérant qu'il se calme. Je continue, comme il me l'a demandé.

   Après une demie-heure, je m'arrête en constatant qu'Abraham ne pleure plus. Je m'assieds sur le lit et je le regarde. Lui est allongé fixant le plafond les mains sur le ventre. Mais alors que je regardais mes mains, il engagea des paroles, ce qui me surprend.

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