Chapitre 13 : d'une honte et d'un miroir cassé

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Je pouvais rajouter une insomnie de plus. Ces jours qui étaient censés n'être que bonheur et joie, m'étaient tout simplement le contraire. J'avais appris à dire non à ma famille, c'était déjà pas mal. Mais je savais que je n'en avais pas finis avec eux.
Apprendre que son frère était homosexuel était pas mal aussi. Apprendre qu'il était mort à cause de ça, était un soulagement !
Bordel.

Adossé sur mon fauteuil, je n'arrivais pas à penser à autre chose. Il me fallait ma part de bonheur, ma part de courage. Lui.

Je pris mon portable. Je regardai lentement son contact, son visage. Jusqu'au moment où quelqu'un frappa la porte. C'était ma belle-mère.
Elle entra dans ma chambre. Elle devait croire que dormais car son regard se dirigea directement vers le lit. Mais elle fut surprise en me voyant debout, dès 9 heures.

— Oh, je croyais que tu dormais encore...
— Eh non.
— Ça va ?

Elle s'assit sur le rebord du fauteuil.

— Ça pourrait aller mieux on va dire. Et toi ?
— Je n'ai pas dormi, ton père non plus d'ailleurs.
— On est trois.

Elle eut un moment d'hésitation, elle voulait dire quelque chose, mais il fallait trouver les bons mots, sûrement.
Elle porta alors un regard sur l'écran de mon iPhone et vit directement son prénom. Sean.

— Son contact...

Je le regardai, mais éteignis de suite mon écran.

— Tu n'as pas à avoir honte Baptiste.
—C'est facile à dire.
— Je sais, mais il faut le dire.
— Comment as-tu compris ?
— La façon dont tu parles de lui. La façon dont tu le regardes. La façon dont tu rigoles avec lui. Ton père a raison, je sais c'est difficile à admettre, mais tes expressions ne trompent pas. Tu ne les contrôle pas, et je trouve ça beau. Tu es amoureux.
— D'un garçon...
— C'est un être humain à ce que je sache.
— Oui.
— Eh bien. C'est normal. Si la nature a fait que c'est possible, alors c'est tout à fait naturel.
— Oui mais...
— Baptiste. Regarde-moi.

Elle me prit les mains. Elle fixait mon regard.

— Tu es un humain qui aime les garçons. C'est pareil. Tu es amoureux d'une âme, pas d'un sexe. Tu sais Baptiste, moi, je t'aimerais toujours comme tu es. Même si je ne suis pas ta mère.
— Si tu es ma mère.

Elle fit un sourire tristement touché.

— Malheureusement, j'aurais aimé. Donner la vie à un fils comme toi, que demander de plus ?

Une larme coula de ses yeux.
Elle avait eu un fils elle aussi, mais il est décédé pendant la grossesse. Depuis, elle n'a pas eu la force d'en refaire un autre.

— Baptiste, n'ai pas peur de tes sentiments. Regarde-toi, tu es si grand maintenant, tu es si beau. Juste, accepte-toi. Je sais, ça risque de prendre du temps, mais quand enfin tu te découvriras entièrement, tu sera heureux, enfin. Avec Sean, qui sait ?
— Tu as sûrement raison...
— Bien sûr que j'ai raison ! Je sais que je suis très jeune du haut de mes 25 ans, mais j'en ai vécu des choses !
— Rajoute-toi 10 ans.
— Chut, faut pas le dire ! Mon esprit s'est arrêté de grandir à l'âge de 25 ans.

Elle me tire la langue. Elle me fit rire, malgré ses 35 ans, c'est vrai qu'elle en faisait 25.

— Baptiste, avoue-lui tout.
— S'il me rejette ?
— C'est qu'il est con. Et qu'il n'est pas fait pour être ton ami.
— J'ai pas envie de le perdre.
— Il le faudra s'il te rejette.
— J'ai peur...
— Et c'est normal... Mais tu n'a aucune raison d'avoir peur. Et puis, j'ai vu les regards qu'il te lançait aussi.

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