Chapitre 14 : d'une peur mais d'un amour

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Baptiste :
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       Je me réveillai à ses côtés, le visage paisible, sa main qui tenait la mienne fermement, sa respiration douce et régulière. Il était si paisible, si beau.

       Je m'étais endormis dans ses bras, succédant les baisers. J'étais heureux. Mais j'avais aussi extrêmement peur. Peur d'avoir aimé ça, peur de qui j'étais devenu en le voyant.
       Gay ? Je ne sais pas.
       Pourquoi se mettre une étiquette ?
       J'étais tout simplement humain.

      Il se réveilla et sourit de toutes ses dents. Je lui redonnai. Devais-je l'embrasser ? Non, je ne voulais pas trop brusquer. J'en mourrais d'envie pourtant, mais lui ? Je sais pas, je sais plus. Je suis totalement perdu, j'en peux plus.
       Sean le remarqua, il me dévisagea. Son visage matinal, rougis, blond, angélique aussi.

— Hey, à quoi tu penses ?

       Il m'extirpa de mes pensées.

— De nous. Enfin si on peut dire qu'il y a un « nous ».
— Bien sûr qu'il y en a un. Il y en a toujours eu un. C'est juste plus la même chose maintenant et puis...
— Sean, je sais pas si je t'aime. Ou que j'éprouve des sentiments pour toi.

       Je l'avais coupé pour dire ça. Pour dire de la merde.
       Bien sûr que je l'aime. J'en suis fou bordel. Pourquoi je lui ai dit ça ?
       J'ai pas envie de commencer une relation comme ça, j'en suis pas capable.
C'était la peur qui parlait...
       Je vis son visage se décomposer.

— Pourquoi tu m'as embrassé alors ? Pourquoi nous avons dormi ensemble ?
— Je sais pas. Hier j'étais pas dans mon état normal, je me suis sentis poussé par quelque chose.

        Oui. Par ses lèvres, par son odeur, par ses cheveux.

— C'est toi qui m'as embrassé.
— Je sais, mais je pensais que tu allais me rejeter.
— Je ne l'ai pas fait.
— Oui, et j'en suis le premier étonné, je sais plus quoi penser en fait. Je sais pas si...
— Si t'es gay ? Bordel, je sais pas moi non plus. Moi ce que je sais, c'est qu'on s'est embrassé plus d'une fois hier. Qu'on s'est endormis de notre étreinte. En s'en fout si t'es gay putain.
— Je le suis pas.

        Pourquoi bordel ? La peur me faisait dire des choses insensées. Le déni est vraiment la pire   chose.

        Je vis les yeux de Sean briller. Ses perles grises devenaient humides, tristes, trahis, achevées. Bordel, je suis con.

— Je vois...

       Il se leva et s'empressa chez lui. Je n'eus pas le courage de le retenir. Pour lui dire quoi ? C'était trop tard. Ça le sera toujours.
      Je voulais pleurer, mais plus rien ne sortait. Il s'en était trop échappé la veille.
       Je reçus un message. J'espérais que ça soit Sean. Mais non, c'était Abraham.

>> J'arrive dans 20 minutes, prêt pour bosser un peu ?


       Merde ! Je dois travailler l'exposé de Français avec Abraham aujourd'hui.
        Putain de merde, je suis pas en état là...

Sean :
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        Putain mais il me fout quoi là ? Il se fout de ma gueule ? C'est sûrement ça.

       « Je suis pas gay. »
       Il m'avait vraiment fait espérer. Pour rien.
       Je dois partir. Me sortir de cette merde.
        Et dire que je me suis totalement ouvert à lui. Je lui ai totalement dévoilé mes sentiments. J'ai honte. J'ai plus que honte.
        Je passe la porte d'entrée de chez moi. Personne. À part Brandy couché devant l'entrée. Chien de garde professionnel.
       Bordel mes larmes ne peuvent plus se contenir. Mes jambes ne peuvent plus supporter de poids, elles ne peuvent plus rien faire. Je m'effondre par terre, contre la porte d'entrée. je me recroqueville sur moi-même, pleurant toutes mes larmes dans mes coudes posés sur mes genoux.

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