Chapitre 24 : d'un problème de tension et d'enchaînements

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— Votre fils a un problème de tension Monsieur Phills.
— Comment ça, un problème de tension ?
— Sa tension est bien trop élevée pour son âge, elle est de 14.10.
— Pourquoi ?

  Mon père me regarde, je ne discerne aucune émotion. Une chose est sure : il n'a pas envie d'être ici.

— Dans certains cas, cela pourrait être une hypertension artérielle, mais les symptômes que présente votre fils ne correspondent pas à cette maladie.
— Alors dites-moi ce qu'il a !
— Es-tu stressé en ce moment ?

  Il me regarde de ses yeux noirs derrière ses glaces. Mon père me regarde avec un sourcil levé, l'air de dire « qu'as-tu mon fils, dis-le moi pour que j'empire la chose. ».

— Heu... Non.

  Je ne sais pas si c'est le stress.

— Anxiété ?

  Je hoche négativement la tête.

  Il plisse les yeux.

— Très bien, alors je vous donne une ordonnance.

  Sur son papier, il y est écrit les nombreux noms des médicaments que je dois prendre. Il n'y en a pas beaucoup, pour être précis : seulement deux. Un à prendre chaque soir jusqu'à le renouvellement de la boîte. C'est censé me faire baisser la tension, personnellement, je sais déjà ce qui pourrait me la faire baisser...

   Muni du papier, un rectangle en carton est donné par le docteur...

« Mr. Jonas. Psychologue. »

  Un psychologue ? Sérieux ?

  Sur le chemin du retour, les médicaments à la main dans une poche plastique, le silence dans la voiture résonne dans mes oreilles, accompagné du moteur.

— Surtension ? Tu nous fous quoi là ?

  Je tourne la tête vers ma fenêtre. Je l'ignore.

— Ho ! Je te parle bordel !

  Je me retourne vers lui, l'air indifférent.

— Mon petit est stressé ? Ou anxieux peut-être ?
— À priori.
— À priori ? Bah soignes-toi vite, j'ai pas envie de payer des médoc qui coûte la peau du cul !

  Je ne réponds pas.

— On est quel jour steuplé ?

  Je regarde sur mon portable la date.

— Le vendredi 4 mars.
— Merci.

  Abraham retourne à sa disserte d'Anglais.

  L'odeur des livres exhale toute la bibliothèque, j'aime bien le parfum des pages qui se tournent, je ne sais pas pourquoi. Les gens autours travaillent, lisent, chuchotent pour na pas se faire chopper par la bibliothécaire. Je suis à une table ronde, mes exercices de physique sous les yeux, je galère. Je regarde Mélody à ma droite, elle fait ses maths, comme d'habitude, elle y arrive. Abbi est venue nous tenir compagnie, à ma gauche, elle lit un livre pour le lycée, toujours avec ses lunettes. Je les regarde tous travailler, tous concentrés. Moi, je ne pige rien à mon exercice.

  Je laisse tomber ma physique, à quoi ça va me servir ?

  Je lance mon stylo et souffle. Mélody me regarde, déconcertée.

— Je présume que tu n'y arrives pas.
— Juste.
— Rohh Baptiste ! C'est simple.
— Pour toi oui.
— Non pour moi aussi ! Abraham lève la main, fier.
— Retourne à ta disserte toi ! Crache-je.
— Bon tiens, je te passe mon exercice.
— Merci !

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