chapitre 1

1.4K 79 5
                                    

Au début on nait ,
À la fin on meurt ,
Et entre les deux , il se passe rien.

La vie , c'est comme un ascenseur .
Quand ça va bien , il monte et quand ca va mal , il descend.
Et la dépression , c'est quand tu reste coincée au sous-sol.
Et quand t'essaye d'appeler le dépanneur, tu te rend compte que le dépanneur , c'est toi.
Au sous sol , y'a tout les trucs que t'a enfouis et que t'a pas envie d'affronter.
Alors , j'ai fais ce que n'importe qui aurais fait.
J'ai pleurer.
Un jours , deux semaines , trois mois .
Et une nuit , j'ai arrêter de pleurer.

Mais au final , c'est plus facile de redescendre de ce foutu ascenseur.
Parce que ça va toujours mal.
Toujours plus , à chaque fois.
Depuis longtemps.
Et rien n'a changé ma vision des choses , ma vision de regarder le monde , de regarder vraiment.

Les yeux levés vers le ciel , je regarde le coucher du soleil .
Ma respiration lente , mes gestes tout aussi lents , je regarde , comme je sais si bien le faire.
J'ai cette manière bien à moi d'analyser, de détailler tout ce qui m'entoure.
Tout m'est perceptible de la même manière.
En vérité, j'imagine tout d'une tristesse absolue.
Je vois tout, avec les larmes aux yeux , je regarde les gens avec tristesse et peut être un peu de mépris.
Si vous regardez un oiseau voler, quel serais votre réaction?
J'imagine que vous le verrait normalement, comme si c'était une simple habitude de voir un oiseau voler.
Mais moi , quand je regarde un oiseau voler , je pense à la liberté, les sourcils froncés, les yeux plissés, me disant à quel point l'envie de voler est immense.
L'envie de vivre, d'être libre, de me sentir libre du moins.

Je décide de rebrousser chemin pour rentrer chez moi.
Le vent me fouette le visage et mes cheveux se soulèvent au rythme de mes pas.
Mon coeur accélère, ma respiration devient rapide.
Je met la clé dans la serrure et inspire profondément avant de baisser la poignée de la porte d'entrée.
Je referme la porte derrière moi et reste là, sur le paillasson, sans bouger, dans un long silence.
Personne n'est là et ça me rassure.
Le silence m'apaise, car souvent ce lieu n'est rempli que de cri et de pleurs.

Je monte les escaliers dans un long soupire avant de m'étaler sur mon lit peu confortable.
Allongée sur le côté, la tête posé sur mon oreillé et une main posé dessous , une larme coule.
Toujours une seule.
Comme par reflexe.
Une seule toutes les deux secondes je dirais.
En fait , ça depend des moments.
De la façon dont je vois les choses.
Je reste quelques minutes , allongés sur le côté, fixant la chaise du bureau face à moi.

Rien ne bouge dans ma chambre , mais si on se fixe par rapport au référentiel terrestre , je suis en ce moment même en mouvement , parce qu'on sais tous que la terre tourne autour du soleil.
Enfin bref , d'après mes cours de physique-chimie , je suis entrain de bouger.
Mais moi, il est rare que je bouge, la fatigue est bien trop grande pour cet effort.

La porte d'entrée claque et j'entends un enfant rigoler en montant les escaliers dans un long fracas.
Ma mère crie sur ma petite soeur avant que cette dernière entre dans ma chambre , me sautant dessus.

Je lui sourie avant de me relever et de lui embrasser délicatement le front.
Elle ne m'adresse pas un mot , ce qui me rassure.
Ça aussi, c'est devenu une habitude.
Elle reste juste là, dans mes bras , le sourire aux lèvres.

Le plus dur dans la dépression , c'est de voir les gens sourire , sauf vous.

-maman à besoin de toi en bas pour l'aider à ranger les courses.

J'hoche la tête avant de descendre de mon lit suivie d'Anna, ma petite soeur.

Je descend les escaliers , arrive dans la cuisine et commence à ranger les nombreux aliments qui se trouvent dans les sacs plastiques.
Je ne décroche pas un mot durant tout le rangement.
Ma mère ne me remercia pas , comme elle aime l'habitude de faire.
Je n'ai pas toujours été distante avec ma mère . Ça a vraiment commencer quand la dépression a pris une trop grosse place dans ma vie.
Et ma mère n'a jamais compris pourquoi.
Au début , elle me parlais , me posais des questions , comment était ma journée...avec qui je suis restée au lycée....qu'est ce que j'ai mangée ce midi..
Mais elle a vite arrêté de me parler, voyant que je ne répondais plus.
Que je ne répondais jamais , à rien , ni à personne.

Je remonte les escaliers et entre dans ma chambre, m'allongeant à nouveau sur mon lit.
Et voilà comment se déroule un week-end pour moi.
Chaque matin de semaine , je me réveille à cinq heures trente pour être à l'heure au lycée , puis je passe la journée à ne rien faire en cours , à pars dessiner tout ce à quoi je pense.
Ensuite , je rentre chez moi , j'admire le coucher de soleil pendant quelques minutes et je rentre chez moi.
Je m'allonge sur mon lit , toujours dans la même position , et les larmes coulent.
Encore et toujours....

Et comme d'habitude, je suis incapable de savoir ce qui me détruit.
Alors je me sens stupide , désemparée, inutile, invisible .
Rejetée .

Mais c'est une habitude.

Trust AliceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant