chapitre 2

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On m'appelle pour manger, je presse le pas et descend les escaliers à toute vitesse.
Je n'ai pas faim , j'ai juste peur que mon père s'énerve contre moi.
Je m'assoie sur la chaise sans dire un mot et me sert.

-tu pourrais servir les autres . Dit mon père sévèrement.

Je baisse les yeux avant de servir mon père, ainsi que ma mère et ma petite soeur.
Le repas se passe dans un silence pesant.

-tu finis à quel heure demain? Demande ma mère à mon intention, essayant tant bien que mal de lancer la discussion.

Bien sûr je ne répond rien et je ne comprend pas pourquoi elle essaie encore de m'adresser la parole.
Je ne sais pas pourquoi elle fais ça .
On dirait même qu'elle veut à tout prix que je me fasse engueuler et qu'une dispute éclate entre mon père et moi...comme d'habitude.

-répond bordel , c'est pas si compliqué de répondre à une putain de question ! Crie mon paternel en tapant son poing sur la table en bois.

Je sursaute et baisse la tête, les mains tremblantes.
Je n'ouvre pas la bouche , me contentant seulement de garder le silence , fixant mon assiette.
Une main viens me gifler fortement la joue droite ,me faisant vaciller.
Je ferme les yeux , sentant la douleur arriver.
Anna chuchote quelque chose d'incompréhensible pour mes parents mais que moi je comprend facilement.

"Quatre" c'est ce qu'elle a chuchoter.
C'est un sorte de code que j'ai créé avec elle.
J'avais un jour, demandé à ma soeur d'évaluer sa peur sur dix , à chaque fois que mon père me frappe.
Et ce soir , c'est un quatre sur dix .
Cela m'étonne, ce n'est qu'une gifle , elle a vue bien pire.

Ma mère dévisage Anna pendant quelques secondes , alors que je me remet lentement de mes émotions.

-Anna monte dans ta chambre. Tout de suite. Dit mon père plus calmement.
Ma soeur sort de table et cours vers les escaliers.
Je sais à qu'elle point elle est terrorisée quand il lui dit ça , parce qu'elle sait que c'est à ce moment-là que les choses vont se corsés.

-maintenant tu va ouvrir ta gueule Alice. Dit mon père en attrapant fermement mon visage avec une de ses mains.
Je laisse une larme couler en apercevant toute la haine qui se dégage de son regard.
Ses yeux noir m'ont toujours fait peur.
Cet homme n'est pas net , j'ai du mal à l'appeler papa.

Je n'ai jamais décrochée un mot , à chaque fois qu'il fais ça.
Je ne vois pas pourquoi je parlerais maintenant.
Et qu'est-ce que ça va m'apporter de parler ?
Plus d'ennuis qu'autre chose...

Il me gifle à nouveau , plus fort cette fois.
Je tombe au sol , déboussolée.
Il me donne un coup de poing dans l'abdomen , je cache mon visage de mes bras , c'est un genre de réflexe que tout le monde applique lorsqu'il a peur ...puis il me donne un coup de pied dans les côtes du côté droit.
Je sert les dents , evitant un cri de sortir de ma bouche.
Mon père lance son poing en direction de ma figure mais ma mère le pousse violement.
Ce n'est pas la première fois qu'elle me vient en aide.
Mais c'est en tout cas la première fois que mon père répond à son geste en la frappant au visage.
Je reste de marbre , mais laisse les larmes couler.
J'ai du mal à me relever , mes côtes me font un mal de chien .
Mon père quitte la pièce, laissant ma mère au sol , les larmes dévalant ses joues.
Je l'aide à se relever et la fait asseoir sur une chaise.
Je prend un chiffon et l'imbibe d'eau avant de le poser sur l'arcade sourcilière de ma mère.
Je lui souris doucement , lui faisant comprendre que tout va bien se passer.

-comment fait-tu pour endurer tout ces coups Alice...Dit elle toujours en pleure.
Ce n'était pas une question , enfin,ce n'était pas une phrase qui attendait une réponse.

J'imagine qu'elle connais maintenant , la raison de mon silence.

**
Le week-end était rapidement passé, du moins pour les autres.
Mon week-end à moi a était long , beaucoup trop long.
Ne rien faire , juste rester allongée sur un lit et regarder le temps passer, c'est vrai que c'est long.
Vous direz sûrement, "elle devrait sortir pour se vider l'esprit" ou autre chose de tout à fait normal quand on y pense.
Mais je ne fais pas ça, tout simplement parce que je suis fatiguée, fatiguée de faire des efforts alors que rien ne marche.
C'est d'un ridicule à mourir.

Je me lève alors à cinq heures trente , comme à mon habitude et pars prendre une douche froide.
Au départ ce n'est pas confortable, mais ça guéri mes plaies , ça les panse alors l'eau glacial est devenue elle aussi , mon habitude.
Je ressort de la salle de bain , une trentaine de minutes plus tard , habillé et totalement propre.
Vêtue de mon jogging trop large et de mon pull bien épais, j'enfile mes baskets peu féminine ainsi qu'une veste pour homme et sort de la maison , mon sac sur le dos.
Je marche dans le froid , il fait encore nuit dehors.
Le vent souffle plus fort que dimanche et il fait plus frais.

Je me pose à mon arrêt et attend mon bus.
Je jette un oeil à ma montre , il est 6h22 , il ne devrait pas tardé.
Je frotte mes mains l'une contre l'autre, cherchant un peu de chaleur.
Un adolescent de mon âge je pense , arrive en courant , essouffler, sûrement par la course qu'il vient de faire.

-le bus n'est pas encore passé?
Je tourne la tête de gauche à droite doucement et il soupire.

Je met ma capuche sur la tête et enfouis mes mains bien profondément dans mes poches.
Le bus arrive quelques minutes plus tard , comme prévue à six heures trente.
Je me place vers le milieu du bus , à coter de la fenêtre .
J'appuie mon coude sur le petit encadrement de la fenêtre en posant ma tête sur ma main.
Je ferme les yeux.
Je sais que je ne trouverais pas le sommeil.
Je ne dors pas la nuit .
Je voudrais mais je n'y arrive pas. Je fait trop de cauchemars , ou alors trop d'insomnie, ça dépend des jours.

Je n'ai plus qu'à attendre une heure , en fixant le siège devant moi , comme d'habitude.
Ce sera long , mais je suis patiente.
Peut être trop d'ailleurs.

Trust AliceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant