3 - Melody

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Encore une fois, mes TOCs m’ont gâché la journée ! Pourquoi est-ce que je ne peux pas être une personne normale comme Max ? Bien que je connaisse partiellement la raison, je ne pouvais m’empêcher de désirer ce que je ne pouvais avoir. C’est un instinct humain, après tout.

Certes, j’avais toujours eu quelques particularités excentriques mais quelque chose d’on ne peut plus réel avait empiré mon état. C’est pour cette raison que j’avais beau essayer de changer, rien n’y faisait. Et je n’avais personne avec qui parler de ça. Personne qui ne (me) comprenne, en tout cas.

Et c’est ce qui faisait de moi une paria, une multitude de raisons s’accumulaient pour former un mur qui me mettait à l’écart. Je pouvais toutes les lister sans réfléchir, c’était également ce qui faisait de moi un monstre de la nature.

·         Tout doit toujours être aligné, dans le même sens, avec le même écart.

·         Tout doit être listé et divisé en étapes, y compris mes journées.

·         Tout doit être rangé à sa place et propre.

·         Tout doit être compté.

·         Avant les cours, je dois marcher sur les lignes de la marelle de l’école d’à côté et toucher un à un les barreaux de la grille.

·         Avant de parler, je dois glisser mes cheveux derrière mon oreille.

·         Je dois me laver les mains pendant exactement 100 secondes, et ce à chaque fois que je peux.

·         Pour changer de direction, je dois faire un tour complet sur moi-même.

·         La nourriture doit être divisée, soit dans différentes assiettes soit en ne se touchant pas.

J’étais sans cesse moquée pour ces actions, que je ne pouvais empêcher. M’empêcher de faire ou de répéter ; ce qui revient au même. Je ne rentrais pas dans le moule et les gens peuvent être cruels lorsqu’ils ne comprennent pas ou n’approuvent pas. C’est ce qui faisait que j’étais une proie depuis si longtemps. Je déteste ce mot, et ce statut encore plus mais je ne pouvais pas nier que ma faiblesse attirait  un comportement prédateur de la part des autres.

Même ma meilleure amie d’enfance qui était restée avec moi envers et contre tout rigola gentiment lorsque je lui racontai ma mésaventure du matin. Elle utilisait souvent ce stratagème, aussi, je le reconnus sans peine. Elle se disait qu’en tournant en dérision ce qui c’était passé, je pourrais relativiser plus facilement en me distanciant.

Sauf que ce qu’elle ne réalisait toujours pas, c’était que c’était moi qu’elle tournait en dérision en tenant ce type de discours. Elle minimisait ce que je ressentais comme si ça n’avait pas d’importance. Je n’avais pas exactement de ressentiment à son égard mais toujours une légère déception.

« C’est pas cool de la part des gars mais je devrais les remercier, ils ont accompli ce que je n’ai jamais réussi à faire depuis qu’on est au lycée : te faire toucher les autres carrés ! Et puis tu as bien vu que rien de grave n’est arrivé, tu as même rencontré un mec ! »

Elle avait ce genre de réaction en général, et à chaque fois, j’avais l’impression de cruellement manquer de soutien… Et ce n’était pas auprès de ma famille que je risquais d’en trouver. Ils étaient sans doute ceux qui me charriaient le plus. Ce sujet-là était celui où tous ceux que je connaissais trouvaient à redire. Mais j’en avais assez de défendre qui j’étais.

Tout Ce Qui CompteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant