Tout Ce Qui Compte

21 - Melody

Comme il l’était toujours avec moi, Hayden fut compréhensif, patient et encourageant. Au lieu de tenter de glaner la moindre parcelle d’information pour m’arracher mon secret si jalousement gardé ou d’essayer de m’apaiser avec des banalités comme beaucoup de personnes l’auraient fait ou, troisième option, de se moquer de mon explication semblant négligeable, il essaya de voir les faits de mon point de vue.

Il me dit que c’était une façon remarquablement bien trouvée de gérer et surmonter ce qui s’était passé, quoi que ce soit. Qu’il m’admirait de vivre au jour le jour avec quelque chose qui me pesait grâce à des solutions simples. Personne ne m’avait jamais vue sous cette lumière. Potentiellement parce que personne ne s’était jamais suffisamment intéressé à moi pour me poser ce genre de question, pas même Max.

Je me dis que le mélange de curiosité et de sollicitude qu’Hayden me témoignait méritait plus que seulement six phrases plutôt laconiques. J’ajoutai alors « Pour le lavage de mains, je suis presque obligée de compter parce qu’être propre est la meilleure sensation pour moi. Si je m’écoutais, je le ferais en continu. Du coup, je me suis fixé une limite de 100 secondes à la fois pour rester raisonnable. »

Il parut trouver remarquable la façon que j’avais de me forcer à faire quelques pas vers lui, même s’ils étaient relativement peu étendus. Je savais qu’il fallait que je le fasse pour le garder dans ma vie, continuer à capter son attention. De plus, il s’effaçait au point de disparaitre par moments. Il éloignait régulièrement nos conversations quand elles tournaient autour de lui et qu’elles risquaient de devenir trop personnelles.

Selon moi, il agissait comme s’il voulait de mettre de la distance avec « lui », celui que tout le monde percevait et qu’il était devenu au fil des années pour créer un nouveau Hayden qui, pour l’instant, ne passait que par moi.  Peut-être croyait-il qu’il serait meilleur. Je le trouvais déjà remarquable mais j’étais déterminée à l’accompagner sur le chemin qu’il souhaiterait emprunter, peu importe où il le mènerait. Il avait grand besoin d’être épaulé.

Je l’assisterais comme je le pouvais en récompensant tous les efforts qu’il faisait pour étendre son champ d’intérêts sur les autres en partageant avec lui ce qui me traversait l’esprit et ainsi, satisfaire ses demandes. C’était la moindre des choses étant donné qu’il me motivait à m’améliorer également. On avait vraiment un effet bénéfique l’un sur l’autre.

Hayden était mon allié, comme il l’exprima si bien quelques jours plus tard. Max était devenue intriguée par cette relation comme je n’en avais jamais eue. Elle avait donc nécessairement voulu y mettre son nez. Elle débuta son investigation en m’interrogeant durant une heure pour me « tirer les vers du nez » à propos « de ce qui se cache là-dessous ». Ce fut en vain, je n’avais pas su définir ce qu’il y avait entre lui et moi avec exactitude. Ça l’avait rendue folle.

Lorsque j’exposai le problème à Hayden, il mit si peu de temps à générer un terme convenable qu’il était évident qu’il y avait déjà accordé ses pensées. Il était d’accord avec moi sur son manque d’affection du terme « amis » et trouvait que « partenaires » faisait trop relation de boulot pour être appropriée. « Alliés » était une bien meilleure alternative qui convenait parfaitement.

Max traînait rarement avec moi quand j’étais avec Hayden. On se voyait donc un peu moins car je devais diviser mon temps, ce que je faisais plus ou moins équitablement selon les besoins et les envies de chacun.

Lorsque j’avais demandé à mon amie d’enfance pourquoi elle semblait l’éviter alors qu’elle ne le connaissait même pas, elle m’avait expliqué qu’elle n’avait rien contre lui, et que c’était le fait qu’on agisse un peu trop comme un couple quand on était ensemble qui la dérangeait. Selon elle, on était tellement focalisés l’un sur l’autre si nous étions dans la même pièce qu’elle se sentait de trop.