Lundi première heure : physique.
J'avais eu un peu de mal à me remettre complètement de la soirée de samedi et mes yeux peinaient à rester ouverts. Ambre me donnait des coups de coude de temps à autre pour éviter que je m'endorme complètement au cours de monsieur Jefferson, qui avait l'air de mauvaise humeur. C'était peut-être à cause de la tâche sur la moquette.
— Mademoiselle Caine, si vous ne voulez pas aller faire un tour chez le proviseur, évitez de vous endormir pendant mon cours.
Je me redressai à l'entente de mon nom dans sa bouche et hochai simplement la tête sans même le regarder. Savait-il au moins que samedi soir, j'étais allongée dans le canapé de son appartement dans un état assez pitoyable ? Ça m'étonnerait vraiment, mais je commençais quand même à en douter. Réfléchir à tout cela était devenu trop dur et j'avais reposé ma tête sur le banc.
— Jiulia, allez réveille-toi, on doit aller en français.
— Je vais m'en occuper, mademoiselle Robertson.
J'entendais qu'on me parlait, mais mes yeux refusaient de s'ouvrir ; j'étais trop bien, là. J'étais bien jusqu'à ce qu'une main glacée se pose sur mon front. Le contraste me saisis et je me redressai d'un coup pour tomber nez à nez avec monsieur Jefferson. Il était penché sur mon bureau, un sourire moqueur sur le visage.
— Tiens, votre mauvaise humeur s'est envolée, soulignai-je, toujours un peu dans les vapes.
— Tu devrais réfléchir avant de sortir le week-end, me réprimanda-t-il en ignorant ma remarque.
Je ramassai mes affaires et me levai pour partir, mais il me rattrapa et il ferma la porte avant que je n'aie pu partir. J'avais l'impression de passer ma vie dans cette classe à discuter avec ce professeur chiant.
— Tu es brûlante, tu veux que j'appelle quelqu'un ?
Il était doué pour le changement de sujet, celui-là.
— Je suis juste fatiguée. Ça va aller, assurai-je.
Il me lança un regard indéchiffrable par-dessous ses longs cils. Je remarquai que ses cheveux poussaient extrêmement vites, parce qu'ils recouvriraient assez rapidement ses sourcils.
— Qu'est-ce qu'il se passe avec mademoiselle Cox ? Je pensais que vous ne vous appréciiez pas et j'ai bien remarqué que ta copine Ambre et toi aviez rejoint son groupe en laboratoire.
Comme je le savais déjà, notre changement de groupe n'était pas passé inaperçu. Si les choses continuaient à mal se passer avec Scarlett, on allait probablement m'accuser de la chercher.
— Ambre et moi tentons juste d'éviter des dégâts occasionnels que pourraient causer Scarlett et sa redoutable méchanceté, expliquai-je.
— Tu sais que s'il y a un problème, je ne pourrais rien faire ?
Il avait pris un air grave, comme si Scarlett allait commettre un meurtre et que j'allais être accusée à sa place. Au pire il ne se passerait rien, au mieux je lui collerai mon poing dans la figure. Ou plutôt l'inverse. En fait, l'idée de lui mettre une tarte me plaisait beaucoup.
— Vous comptez me faire un mot pour la prof de français ?
— Pour quoi faire ? Tu te mets en retard toute seule, se moqua-t-il, pas le moins perturbé par mon changement de sujet.
— Mais, c'est vous qui avez... commençai-je en râlant.
Et puis merde. Je lui lançai le regard le plus noir dont j'étais capable avant de courir jusqu'à ma classe de français. Heureusement pour moi, madame Labaty n'avait pas encore commencé son cours à cause des élèves perturbateurs.

VOUS LISEZ
Breaking the limit - 1
Novela JuvenilJiulia est jeune, maligne, et elle sait que la vie peut parfois ne tenir qu'à un fil. La sienne ne lui a d'ailleurs pas beaucoup souri, mais le sort semble enfin avoir décidé de ne plus s'acharner sur elle. C'est pour cette raison que pour ses deux...