Chapitre 12.2 ⭐

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Dans l'après-midi, mes remords eurent raison de moi et je me rendis chez Félix. Je ne savais pas encore ce que j'allais lui dire. Peut-être m'excuser pour la réaction un poil excessive de Connor.

Je plantais depuis déjà deux bonnes minutes devant la porte quand elle s'ouvrit finalement sur Bérénice. Elle tenait son doudou dans sa main et était toujours en pyjama.

— Coucou Bérénice, ton frère n'est pas là ? demandai-je en m'abaissant.

— Si, il dort dans sa chambre. Maman n'est toujours pas rentrée, dit-elle en faisant une petite moue triste.

Je lui pris la main et rentrai dans l'appartement. J'avais l'impression qu'il était encore plus en bordel qu'hier. Bérénice me tira dans sa chambre et je l'aidai à s'habiller. Je lui attachai ses cheveux et lui préparai un petit-déjeuner avec ce qu'ils avaient dans leurs armoires.

Chose faite, je frappai légèrement sur la porte de la chambre de Félix et y pénétrai sans attendre une réponse. Je m'avançai à tâtons dans l'obscurité de sa chambre quand mes genoux rencontrèrent le bord de son lit. Je m'assis sur celui-ci et caressai doucement le visage de mon meilleur ami pour le réveiller.

— Mmh... Jiulia, murmura-t-il sans ouvrir les yeux.

— Félix, il faut que tu te lèves. Je dois te parler.

Il grogna légèrement avant de tirer sur mon bras et de me faire tomber sur lui, dans son lit. D'ordinaire, cette situation ne m'aurait pas gênée, bien au contraire. J'aurais attrapé un oreiller et nous aurions commencé une bataille. Mais avec ce qu'il s'était passé, je ne pouvais plus agir n'importe comment et le faire espérer.

Je me redressai tout en restant appuyée sur son torse. Je dus lui faire mal car il souleva sa tête pour me regarder. Ses yeux étaient rouges et entourés de poches mauves. Il faisait peur à voir, j'espérai que ce n'était pas à cause de moi. Quelque chose me frappa soudain :

— Félix ? Qu'est-ce qu'il se passe ? Où est ta mère ?

Il inspira profondément et se tourna vers la fenêtre. Il me poussa délicatement et se leva pour en ouvrir les tentures et laisser le soleil de ce début d'après-midi pénétrer dans la chambre.

— Félix ? Ça ne va pas ? tentai-je à nouveau.

Son regard était sombre et une larme perla le long de sa joue. Il s'empressa de l'essuyer du revers de sa main pour ne pas que je le remarque et revint s'asseoir sur son lit.

— Ma mère... elle est... morte, je crois, articula-t-il difficilement.

Quoi ? Elle ne pouvait pas être morte, elle travaillait. C'est ce qu'il m'avait dit la veille. Et puis nous savions tous les deux que sa mère faisait souvent des heures supplémentaires depuis que son mari était décédé.

— Qui est-ce qui t'a mis une chose pareille dans la tête ? demandai-je.

— L'hôpital où elle travaille. Travaillait. Je les ai appelés pour leur dire qu'elle n'était pas rentrée après sa garde. Ils m'ont dit qu'elle avait rentré sa carte pour dire qu'elle quittait l'établissement et une collègue l'a vue partir avec un homme en voiture.

— Mais ça ne veut pas dire qu'elle est morte, Félix.

Se pouvait-il qu'elle les ai abandonnés, lui et sa sœur ? C'était cruel, mais c'était plausible. Depuis que l'homme de la famille était décédé, leur mère avait énormément changé. L'amour que lui apportaient ses enfants ne lui suffisait visiblement plus et elle avait plusieurs fois mentionné le fait qu'elle voulait changer de vie. Mais je n'aurais jamais imaginé qu'elle le ferait sans emmener ses enfants. Quel genre de mère faisait ça ?

Breaking the limit - 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant