Chapitre 10.1 ⭐

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Je m'en voulais légèrement de ne pas avoir nettoyé le gilet de monsieur Jefferson avant de le lui rendre. Mais sur une nuit, c'était un peu difficile de le nettoyer et de le faire sécher. Alors je l'avais simplement replié correctement avant de le glisser dans mon sac. Je ne voulais pas le garder plus longtemps et éveiller quelques soupçons.

D'ailleurs, quand j'étais arrivée dans sa classe, il ne m'avait même pas jeté un regard. Je me demandais quand-même ce qui lui arriverait si quelqu'un apprenait que j'avais été chez lui à plusieurs reprises alors que nous n'avions pas un seul lien de parenté.

Il ne s'était peut-être rien passé – et il ne se passerait jamais rien –, mais d'un point de vue externe, les choses pouvaient sembler un peu bizarre.

— Jiulia, c'est quoi la loi de Poulet ? souffla ma meilleure amie

Sa question, aussi innocente soit-elle, m'arracha un gloussement tout sauf discret. 

Oups. 

Je croisai le regard froid de mon professeur de physique :

— Si vous ne pouvez pas rester assises l'une à côté de l'autre sans faire de bruit, peut-être faudrait-il vous séparer.

Alors là ! Plutôt perdre une jambe que d'être séparée de mon acolyte en cours. Enfin... peut-être pas une jambe.

Je décidai d'ignorer sa remarque en secouant doucement la tête. Je me penchai vers ma meilleure amie et répondis à sa question :

— C'est la loi de Pouillet et pas poulet. C'est pour calculer l'intensité dans un circuit série en maille.

— Quelle idée ! souffla-t-elle.

À la fin du cours, j'attendis que tous les élèves soient sortis pour m'approcher de son bureau. Je ne comptai pas rester plus longtemps, au vu de la froideur dont il avait fait preuve quelques minutes plus tôt. Il releva la tête de ses feuilles en me voyant approcher.

— Tu vas mieux depuis hier ? s'enquit-il.

Je ne comprenais définitivement rien à ce professeur. Un coup il était gentil et inquiet et l'autre il était froid et distant. Peut-être était-ce sa façon à lui de s'assurer que notre relation ne dépassait pas les bornes. Mais si c'était pour se montrer aussi odieux ensuite, alors je préférai qu'il ne se montre pas sympa du tout avec moi.

— Je voulais juste vous rendre votre gilet, crachai-je sans répondre à sa question.

Il regarda un instant le gilet que je tenais dans ma main avant de déclarer :

— Il te va beaucoup mieux qu'à moi.

— Il est surtout trop grand, soulignai-je.

Comme il ne se décidait pas à le reprendre, je le posai sur son bureau avant de me diriger vers la porte.

— Tu es pressée ?

— En effet. Je dois rejoindre mon petit ami pour l'aider à choisir son costume pour une soirée, déclarai-je.

Il serra les doigts autour de son stylo avant de m'offrir son plus beau sourire – que je savais évidemment faux.

— Je ne vous retiens pas plus longtemps, dans ce cas.

Je ne répondis pas et sortis enfin de sa classe. Connor m'attendait déjà sur le parking du lycée. Ses mèches brunes se levaient sous l'effet du vent d'octobre et ses yeux bleus s'illuminèrent lorsqu'il me vit approcher. Je me surpris alors à les comparer à ceux de monsieur Jefferson qui, eux, brillaient d'une lueur totalement différente que je ne saurais expliquer.

Breaking the limit - 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant