Le grand méchant toutou

Chapitre 23 : Examen de vérité

« C'est ici. » fit Gladys en garant la voiture sept places qu'elle avait chipée à un Sang-Noir à la famille nombreuse pour l'occasion.

Le parking était dominé par la hauteur de l'immeuble à l'allure sinistre de l'Université d'Amsterdam, ce qui me procura un frisson de mauvais augure. En dépit de toute mon envie d'intégrer l'établissement, cet endroit était le parfait mélange entre le manoir hanté et l'hôpital psychiatrique rempli de serial killers.

Cela dit, cela n'empêchait pas des centaines de candidats au concours d'entrée de se presser vers le hall conduisant à l'amphithéâtre censé nous servir de salle d'examen. Quelle idée de parquer plus de 1500 candidats dans un même lieu ! Tout cela n'allait pas arranger mon stress.

Je sentis une main chaude sur mon épaule et je me retournai. Jack, installé sur la banquette arrière, m'adressa un sourire confiant. « Merci d'être venus, lui dis-je ainsi qu'à César, Bethany et Joseph qui avaient tenu à me servir d'escorte.

-Vous allez y arriver, Alpha ! s'écria joyeusement Bethany qui, dans son enthousiasme, manqua d'assommer Joseph en agitant les bras.

-Rendez-nous fiers, ajouta César en attrapant sa partenaire pour éviter qu'elle ne fasse plus de dégâts. Il aurait peut-être été mieux de prendre ma voiture pour démoraliser les autres candidats grâce à son luxe, son allure et sa prestance, mais...

-On doit être discrets, je te rappelle, gronda Gladys en se crispant sur le volant. Déjà que passer cet examen avec tant de monde n'est pas très prudent, mieux vaut ne pas se faire remarquer... »

Je levai discrètement les yeux au ciel. La plupart des membres de la Meute avaient exprimé leur désaccord quant au fait de m'enfermer toute la journée pour plancher sur un examen avec 1500 autres personnes. J'avais rétorqué que la Meute Blanche avait déjà mis le feu à la maison de mes parents : qu'est-ce qu'il pouvait m'arriver de pire ?

Alors que le débat allait recommencer comme lors des milliards de fois précédentes, j'esquissai un geste sur la poignée de porte de la voiture pour sortir quand Gladys m'attrapa fermement par le poignet. « Attends ! Mary a école et n'a pas pu nous accompagner, mais elle avait quelque chose à te donner. »

Je fermai les yeux, m'attendant encore à une frasque de l'enfant terrible de la Meute, quand je senti atterrir dans ma main une sorte de créature en laine. J'ouvris timidement un œil, pour lâcher finalement un petit rire : il s'agissait d'une poupée de laine en forme de chiot tout blanc, avec deux boutons noirs en guise d'yeux, de la taille approximative de ma paume de main. « J'ignorais qu'elle savait faire des petites choses aussi jolies ! réalisai-je en approchant la petite peluche de mon visage.

-Comme elle a du mal à s'intégrer avec ses amies humaines qui sont, disons... moins portées sur la chasse et la collection de squelettes d'animaux, j'ai appris à Mary comment fabriquer ce genre de choses, m'expliqua Gladys. En espérant que ce minuscule Jack transformé te porte chance. »

Le modèle ayant servi à la fabrication de la peluche détourna le regard. Il devait se douter qu'il s'agissait d'une ultime blague de Mary, qui nous avait surpris plus d'une fois dans des situations compromettantes. Pour éviter de nouvelles moqueries, Jack se racla la gorge puis déclara : « Je vais t'accompagner jusqu'à l'entrée. »

Joseph me sourit gentiment, Bethany leva le pouce en signe d'encouragement et César se contenta d'hocher doucement la tête : « S'il y a le moindre problème, nous serons là. » nous assura-t-il.

Je sortis nerveusement de la voiture, suivie par Jack. Nous fîmes quelques pas, suivant la foule qui se précipitait vers le hall. « Tu as ce que je t'ai donné la dernière fois ? » me chuchota-t-il discrètement.