Chapitre 20 : Les Winster

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Si j'avais été calme, j'aurais pu constater qu'en ce moment, je passais beaucoup trop de temps sur la route, dans le pick-up de Jack, qu'Oswald était aussi affolé que moi, et que, par bonheur, la fin des vacances libérait la route dans la direction de Waterlick, la ville dont j'étais originaire et où tout ce qui restait de ma famille partait en fumée.

Pourtant, durant le trajet, je ne fis que me ronger les ongles, tentant à chaque instant de ne pas succomber au stress. La Meute Blanche avait frappé fort, il fallait bien l'avouer. Jack, évitant toute maladresse, restait également silencieux. Seul Oswald imaginait les pires scénarios possibles au fond de mon esprit, mais j'étais si focalisée sur ma propre détresse que je ne l'entendais même pas. Je n'arrivais pas à faire le lien entre toutes nos découvertes : la Meute Blanche, ce mystérieux James, son lien avec Eva, la quête de notre Meute ennemie de ce drôle de pouvoir, le couple d'Eastmeath... tout ce que je savais, c'était que quelque chose avait changé, quelque chose qui avait poussé la Meute Blanche à l'action, avec, dans leur toute première ligne de mire, mes parents dont je n'avais obtenu aucune nouvelle depuis l'appel désespéré de Tante Olivia.

A Waterlick, l'endroit où moi et ma famille résidions n'était qu'un misérable pavillon que mes parents remboursaient encore. Cette maison dont ils étaient si fiers, il n'en restait plus rien. Je le découvris lorsqu'après avoir guidé Jack dans la ville, je vis ce la ruine qu'était devenue l'endroit où j'avais grandi. Malgré moi, tandis que Jack arrêtait le moteur et que Gladys, Eva, César et d'autres experts de la Meute arrivaient sous leur forme lupine, je poussai un hurlement déchirant et sortis à toute vitesse de la voiture.

Les criminels avaient signé fièrement leur crime : les pompiers étaient encore occupés à éteindre ce qu'il restait du feu, mais il demeurait sur la partie du mur qui ne s'était pas effondré une immense marque blanche, la même que ce fameux matin, devant l'autel du marquage. Devant cet affreux spectacle, je me sentis remplie de haine. Une vengeance. Il me fallait une vengeance.

Mais d'abord, je devais me soucier de mes parents. Devant mon air paniqué, un pompier d'une cinquantaine d'années à l'air gentil se rapprocha de moi tandis que les loups Sang-Noir me surveillaient de loin. « Mademoiselle ? Je suis le capitaine Locke. Vous êtes un membre de la famille ?

-Qu'est-ce qu'ils sont devenus ?! Dites-le-moi ! lui hurlai-je, le stress accumulé lors de cet affreux trajet séparant Woodbury de Waterlick ressortant d'un seul coup.

-Du calme, Mademoiselle, du calme, répéta le pompier d'un ton apaisant. Nous les avons transférés à l'hôpital.

-Comment vont-ils ? » lui demandai-je, en larmes.

Le capitaine Locke eut un air peiné et je crus défaillir. Devant le silence du pompier, je ne pouvais rester de marbre à attendre. Je le saisis par les épaules, le regardant dans les yeux. « S'ils sont morts, dites-le-moi. Maintenant ! »

Cette fois-ci, Oswald avait parlé. Lui aussi ne supportait plus cette tension. Pour une fois, nous étions sur la même longueur d'ondes. « Non, Mademoiselle, déclara finalement Locke. En revanche, si votre père a réussi à s'en tirer sans trop de dommages, votre mère...

-Quoi, ma mère ?

-Pour l'instant, elle est en soins intensifs. »

Cette fois-ci, c'en était trop. La Meute Blanche avait envoyé ma mère en soins intensifs. J'avais impliqué indirectement mes parents dans une guerre de Meute et ma mère en finissait aux soins intensifs ! J'avais l'impression d'être une tueuse, d'être celle ayant mis le feu à la maison. J'étais tellement furieuse contre moi-même que j'en avais du mal à respirer. « Ne sois pas sotte, Elizabeth. »

Le grand méchant toutouOù les histoires vivent. Découvrez maintenant