p.16 | L'envoyé de dieu

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Je suis sorti de la gare, j'ai marché le long de la route, tout seul comme un con. J'me suis dis que j'avais besoin de réconfort, alors j'ai appelé Thalia.

- Allô ?

- Ouais. C'est Å.

- Je sais, ton nom est affiché, je te rappelle. Nemo est reparti ?

- Ouais. À l'instant. Je me sens un peu mal. Qu'est-ce que je dois faire ?

- Aller voir Spouik ? Ça me semble être la meilleure solution.

Elle n'avait pas tord. Spouik était mon confident. Je me dois de lui raconter tout ce qu'il se passe dans ma vie, et lui de même. Même s'il ne me répond que par des grognements typiquement porcins. Mais là, tout de suite, je ne me sentais pas. Alors je lui ai dis:

- Là, tout de suite, je ne me sens pas.

- Mais pourquoi ? Il s'est passé quelque chose ?

L'inquiétude dans sa voix était assez touchante.

- Nan rien. Juste la sensation de ne pas avoir terminé quelque chose.

En disant ces mots, une petite ampoule s'est allumée en faisant ting! au-dessus de ma tête. Nana. Encore une fois. Je devais aller lui présenter des excuses et lui expliquer mon comportement de ce matin. Peut-être qu'elle n'avait pas vu mon message après tout.

- Oh bordel je sais. Merci Thalia, je passerai te voir dans l'après-midi.

- Euh... bah d'accord. De rien ? Je suppose ? À tout à l'heure.

Elle a raccroché, et j'ai recommencé à courir. Puis je me suis arrêté deux secondes plus tard : mon poing de côté (qui ne m'avait pas vraiment quitté) m'a fait un mal de chien. Je suppose qu'il faut que je me mette sérieusement au sport.

Mais comme chaque personne qui dit ceci, je ne vais pas le faire. Bien entendu.

Je me suis remis en marche, doucement cette fois.

S'il faisait frais il y a une demie heure à peine, le soleil commençait à me taper sur le crâne. La journée s'annonçait chaude.

Après de longues minutes de marches, j'ai fini par atteindre une vieille station service. Je l'avais repéré à l'aller, et je savais​ qu'il avait une sorte de supérette.

Je commençais à avoir drôlement soif. J'ai passé les portes automatiques qui se sont ouvertes dans un grincement insupportable, en fouillant dans mon porte monnaie. Par chance, j'avais une dizaine d'euros à l'intérieur. Assez de quoi me payer une bouteille d'eau et un truc à manger sûrement cancérigène. Vu la tête du peu d'aliments présents dans les rayons, je pouvais l'affirmer.

J'ai immédiatement tourné les talons pour me rendre aux rayons frais. Mon choix fut vite fait : une simple petite bouteille d'eau. Je n'avais pas envie de me prendre la tête pour ça.

Soudain, une voix masculine m'interpella :

- Bonjour Monsieur. Avez-vous du temps pour parler de notre Seigneur ?

Je me suis tourné lentement, cherchant quoi répondre sans paraître désagréable.

- Mumoui ? Non ?

Puis j'ai vu son visage : des yeux très ronds, très clairs, comme son visage. Avec un sourire un peu niais. Il avait l'air un peu illuminé. J'aime bien les gens illuminés.

- Vous avez l'air d'être un homme bon monsieur. Êtes vous croyant ?

- Oh pas vraiment. Mais on me fait souvent remarquer ma bonté de coeur.

Le Carnet de Å [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant