p.31 | Come back fråcassant

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Après cette fin de journée assez terrible, j'ai réfléchi.

Au final, j'ai eu les réponses que je voulais : savoir qui est mon père biologique. Enfin était. Un alcoolique, qui a abandonné son fils, et qui faisait comme si son autre enfant n'existait pas. Un fantôme.

J'avais toujours beaucoup de peine pour Astrå. Mais qu'est-ce que je peux y faire au final ? Lui fabriquer un nouveau père, une nouvelle famille, une nouvelle vie ? Je ne suis pas magicien.

Bien que j'aurais aimé l'être.

J'ai décidé de partir.

Cela faisait déjà une semaine que j'ai atterri en Suède. Le trop plein d'informations était prêt à faire exploser ma tête, du moins si cela n'était pas encore arrivé. Heureusement, la date de retour inscrite sur mon billet d'avion était plus proche que jamais.

J'ai fait mes valises, me suis amusé avec Winnie, la chienne au ventre énorme. Passé de derniers moments en compagnie de mes grands-parents, et fait le tour de la ville.

Je n'ai pas revu Astrå malgré mes nombreuses tentatives.

Plusieurs fois je suis allé devant chez elle, pour capter des signes de vie et pouvoir dire au revoir. Mais le seul accueil que j'ai reçu fut celui de la maison austère, vide, froide et sans lumières.

Je me suis maudit plusieurs fois de ne pas lui avoir demandé son numéro, ou du moins un moyen de la contacter via les réseaux sociaux. Je l'ai cherché sur Facebook, Instagram, Twitter et même Google +. Pour dire à quel point mon désespoir était grand.

Aucune trace d'elle.

Deux hypothèses s'ouvraient à moi : soit elle boycotte les réseaux sociaux, ce qui au vu de sa personnalité de gonzesse anarchique et anti-société était tout à fait probable, soit elle utilise un pseudo. Et là, ça devient compliqué.

Quoi qu'il en soit, j'ai laissé tomber. On ne peut pas forcer quelqu'un qui ne veut pas de nous à rentrer dans sa vie à tout prix. Je ne suis pas un homme toxique. Enfin je l'espère.

Ça m'a fait un peu de mal je l'avoue. Avec mes grands-parents paternels, Astrå fut la seule personne qui aller me manquer. Enfin, à sa manière.

Les adieux furent triste. Je ne vais pas mentir, j'ai pleuré. On a pleuré tous les trois. Et une fois rentré dans l'avion, les larmes n'ont pas cessé de couler. Sauf quand l'hôtesse de l'air m'a tendu un paquet de mouchoirs, je me suis rendu compte, un peu gêné et idiot, qu'il fallait que j'arrête.

Mon voyage s'est bien passé. Moins quand il a fallu que je reprenne le bus pour rentrer chez moi, mais j'ai survécu aux sièges inconfortables et à l'odeur tenace de transpiration.

Avec mes parents, ce fut aussi un moment émouvant. Ils étaient heureux de me revoir, et moi aussi. J'ai parlé de tout ce qu'il s'est passé, sauf pour Astrå. Je voyais bien dans leurs yeux qu'ils étaient déboussolés : je n'avais omis aucun détail. Alors leur apprendre que mon géniteur a eu un autre enfant quelques années après, je doutais fort que la pilule passerait bien.

Alors je me suis tu.

Ma vie a repris normalement son cours durant les jours qui ont suivi. Je suis allé voir Spouik pour lui parler de tout ce qu'il s'est passé. Mais cette fois-ci j'ai ajouté mon ressenti personnel. Spouik est un peu comme mon journal intime vivant. Il a été très compréhensif.

Quand je disais que ma vie a repris son cours, il faut bien entendre que j'ai zoné dans le village, tout en parlant avec mon cochon.

Au bout d'un moment, je me suis rappelé d'une chose que je n'avais pas réglé avant mon départ : Nana. Nous avions échangé quelques SMS avant que je parte, mais rien de plus. J'avais une sensation d'inachevé.

Le Carnet de Å [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant