p.25 | Début des hostilités

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Mon grand-père m'avait laissé seul devant la porte de l'ancienne maison de ma mère. Intrigué de voir où elle avait pu grandir, je l'ai examiné avec attention.

Il s'agissait là d'une maison en pierre dont le toit était fait de tuiles rouges briques. En ce mois froid de janvier, de la fumée grise s'échappait de la petite cheminée. Une jolie petite bâtisse en somme, comme on en faisait de nombreuses années auparavant. Il y avait de gros pots en terre cuite ci et là, vides de fleurs mais remplis de neige à cause de la saison.

À côté de la porte en bois se trouvait une petite cloche suspendue que l'on pouvait faire sonner. J'ai trouvé ça mignon. Mes yeux se sont de nouveau perdus vers le ciel pour voir qu'une girouette en forme de coq était posée sur le toit. Elle bougeait à peine, signe que le vent ne soufflait presque pas.

Je ne savais pas si je m'attardais sur des détails insignifiants pour ne pas rentrer dans la maison, où parce que cela m'intéressais réellement. Bien entendu c'était la première hypothèse, je ne peux pas me mentir à moi-même.

J'ai décidé de gagner du temps. Cigarette allumée entre les lèvres, j'ai lancé la playlist de mon téléphone en aléatoire. C'est tombé sur Do I Wanna  Know de Arctic Monkeys. Une chanson absolument pas appropriée à la situation, mais elle avait au moins les qualités d'être entraînante, voire apaisante.

J'ai fumé ma clope en me déhanchant légèrement sur le rythme de la musique. Quelques mèches de mes cheveux roses sont tombées devant mes yeux, m'empêchant ainsi de bien voir pendant quelques secondes. Mais je fus sûr d'avoir vu durant ce cours laps de temps, une ombre furtive qui m'a observé derrière les rideaux.

J'ai esquissé un léger sourire tout en écrasant mon mégot au sol. J'étais prêt à en découdre.

Ma main s'est emparée de la cordelette reliée à la cloche que j'ai pu faire sonner. J'ai attendu quelques dizaines de secondes jusqu'à ce que la porte s'ouvre sur une vieille femme qui avait exactement le même regard que ma mère. Clair, mais aussi froid et dur.

- Salut, ai-je dis de mon air le plus sympathique.

Elle m'a regardé de haut en bas, et ce plusieurs fois, avant d'ouvrir la porte en grand pour me laisser entrer. Le tout sans un mot.

- Je m'appelle Å, ai-je rajouté, surpris par ce silence.

- Nous le savons.

Elle a refermé la porte, nous plongeant tous les deux dans une entrée aussi sombre qu'une grotte.

Sympa, bonne ambiance dès le début.

Ma grand-mère maternelle m'a dépassé pour me montrer le chemin. Ses pas étaient tout feutrés. Elle se déplaçait sans un bruit. S'il n'y avait pas les vieilles lampes à huile accrochées aux murs, j'aurai eu tôt fait de la perdre. La maison était un vrai labyrinthe.

Nous sommes bientôt arrivés dans ce qui était un petit salon. On y voyait à peine. Ces satanées lampes dégageaient à peine assez de lumière pour que je puisse distinguer les traits des occupants. Du salon j'entends par là. C'était tous des vieux. Parmi eux il y avait sans doute mon grand-père maternel, et deux autres vieux que je ne connaissais pas.

Il y avait aussi une femme d'un âge assez mûr dont les cheveux grisonnants étaient relevés en chignon strict, et à ses côtés une jeune fille. Cette dernière m'a intrigué. Contrairement aux autres qui se tenaient tous très droits, elle était complètement avachie sur son siège. Au vu de sa mâchoire qui s'agitait sans arrêt, elle devait mastiquer un chewing-gum.

C'était peut-être ma cousine, et la femme à ses côtés ma tante. Je trouvais cela étonnant : ma mère ne m'avait jamais parlé d'une soeur. 

Malgré la faible intensité de la lumière, je vis que son bras droit était complètement tatoué. Il s'agissait de plumes de diverses couleurs dans les tons roses et violets. C'était assez drôle à voir puisque qu'elle dégageait plus une aura de tueur en série avec son visage sombre et fermé, que celle d'une petite fille girly.

Je n'ai fais aucun commentaire et je me suis contenté de poser mon majestueux fessier sur le seul siège restant. J'étais en bout de table, face à ma grand-mère qui s'était installé à côté d'un homme, lui aussi en face de moi. J'en ai conclus que cela devait être mon grand-père. Mais alors, qui étaient les deux autres vieux ?

Je ne m'y suis pas attardé, puisqu'ils me regardaient tous fixement. J'ai raclé ma gorge dans un bruit pas très glamour, cherchant à me donner une contenance. Ça n'a pas marché. Alors j'ai dis :

- Bonjour, je m'appelle Å. Je cherche mon père biologique.

Aucune réaction dans l'auditoire. Seule la pendule m'a répondu un "tic tac", et je me suis senti très seul.

- Je sais que vous devez me détester, parce que je suis né hors mariage, et que ma mère était à peine majeure, ce genre de trucs. Mais si vous avez accepté de me recevoir, c'est bien pour m'aider. Non ?

Re silence. Décidément, j'étais le champion du monde des vents aujourd'hui. Finalement le deuxième petit vieux a dit d'une voix chevrotante :

- C'est donc à ça que Bartolomeus a donné naissance ?

Je vis rouge. Qui était donc ce gros con ? Mais comme on m'avait appris à rester poli et courtois, j'ai juste rétorqué :

- Ce n'est pas très gentil. Donc il est où ce Bartolomeus ?

La femme que je supposais être ma tante s'est levée d'un bond, les yeux brillants. Elle s'est enfuie de la pièce, suivie de près par ma grand-mère et l'autre vieille. Ne restait plus que les hommes et la jeune fille.

Les vieux se sont levés à leurs tours, aussi vite que leurs vieilles jambes pleines d'arthrose leur permettaient. En passant près de moi, mon grand-père m'a dit :

- Tu vas vraiment regretter d'être revenu ici.

Je n'ai pas osé faire un seul geste jusqu'à ce qu'il quitte la pièce.

- Et ben mon gars, a déclaré la fille, t'as pas fini d'en chier.

Å

♧♧♧♧

Bonjour bonjour ~

Argh je déteste faire des notes d'auteur sur cette histoire. J'ai l'impression de m'approprier l'espace de Å et ça me dérange. Mais bref.

Pour ceux qu'ils l'ont vu sur mon mur, je suis partie en vacances la semaine dernière, sans wifi. Pour me rattraper, en plus de ce chapitre, il se peut que j'en sorte un autre ce week-end. J'ai bien dis peut-être. Mais comme c'est LE chapitre que j'ai envie d'écrire depuis le début de l'histoire, ça risque d'arriver ~

Sur ce, je vous remercie de m'avoir lu jusque ici et à bientôt.

Chelinka ~

Le Carnet de Å [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant