Blessure de guerre

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Il n’était pas resté longtemps, jusqu'en début de soirée. Laura n’avait pas pleuré sous l’effet du choc, Orson était resté l’air grave. Il se décidait à aller dans un bar ce soir, prendre un verre pour décompresser, oublier les horreurs de la guerre et du meurtre. Son unique fierté, la moto qu’il a pu se payer avant de résilier son contrat avec L’État. Il adorait entendre son moteur ronfler, c'était une belle sportive noire, racée. Le seul luxe bien sûr. Outre la moto, Orson était simple, ainsi le premier petit bar allait faire l’affaire. “The Cats” le nom l’avait fait sourire, il s’était garé puis assis en terrasse, il avait demandé une pression. Le liquide amer lui glaça la gorge au passage, tentant de lui rafraîchir sa mémoire. L’assassin était plus rapide que lui ne l’avait été, il avait perdu du temps en redescendant les escaliers, la douleur lui avait vrillé le genou. Sans ça il aurait parié qu’il aurait pu l’attraper.

En entrant, il avait remarqué qu'aucun meuble, qu’aucun objet avait été touché, le meurtrier n’avait qu’un but, tuer le père de Laura. Dans la pièce sombre l’oreiller était encore sur le visage livide de M.Lloyd, quand il était dans la chambre, le corps semblait un peu disloqué, il avait l’air de s’être débattu, gisant à moitié dans le vide. Les lèvres cyanosées, il avait souffert d’asphyxie. Orson n’avait rien touché, il ne voyait pas en quoi on pourrait croire que c’est lui. Ce qui était sûr, c’est que le statut de suspect numéro un n’allait pas l’empêcher de vivre normalement. Cela n’allait pas l’empêcher de mener l’enquête, loin de là.

Une fois le verre payé, il rentra chez lui pour faire une nuit complète, sans meurtre.

27.05. Maison 26

Tout n’était que bruits sourds des mitraillettes et nuages de poussières. A chaque rafale, le doute se faisait ressentir, qui d’entre eux allait périr: lui, ses collègues ou les opposants? Lorsque la balle touchait sa cible, les gémissements de celle-ci s’infiltraient dans son esprit. L’atmosphère qui régnait sur le champ de bataille pesait sur les troupes comme une chape de plomb, la fatigue accumulée et les tirs ennemis permanents ne résolvant en rien le problème. Orson espérait au fond de lui ce cessez-le-feu qui lui permettrait de rentrer, mais un tout autre problème le fit rentrer plus vite que prévu. C’est comme s’il voyait la scène au ralenti: une balle d’un calibre relativement important dont la vitesse engloutissait les mètres entre un canon et lui. Un impact, douleur atroce. Orson était à terre, la vue voilée par la douleur, et son pantalon était poisseux, dégoulinant de sang. La balle avait traversé son genou de part en part, comme dans du beurre. Les dégâts des balles n’était pas vraiment importants au niveau de l’entrée, mais à la sortie, la vitesse avait déjà arraché la peau, déchiré les tendons et les muscles. Orson avait la jambe en charpie, il se voyait déjà bien avancé sur le terrain par rapport aux autres. Personne ne pouvait prendre le risque de venir le chercher et au dernier moment un homme apparaissait dans son champ de vision, bras tendu vers lui…

Orson se redressa brusquement, tiré de son rêve, ou plutôt cauchemar, par la douleur intense de son genou, en sueur. Il se leva prendre un cachet, satané genou, satanée guerre! Quelque part, il se sentait vivant d’être rentré mais au fond, les horreurs de la guerre l’avait profondément marqué. Si ce n’était pas un sentimental, Orson avait le mérite d’être humain et que tuer des hommes comme lui était loin d’être facile. Mais, ces douze ans de contrat lui furent nécessaires pour survivre. Ses paupières s’affaissèrent dans un profond sommeil, sans rêves.

OrsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant