Un mobile

17 1 2
                                    

30.05. Maison 26. 6h00.

Orson s’était réveillé aux aurores, une douche froide, un café, les équipements de protection: casque, blouson, bottes et gants. Il adorait cette tenue, il savait à quoi elle correspondait, à la vitesse. Il ne pouvait pas se priver sur les grandes lignes droites et désertes, l’adrénaline et la liberté faisait un drôle de mélange dans ses veines le poussait à dépasser les limites de vitesse. Mais ce n’était qu’un humain après tout, il savait que c’était dangereux pour lui mais ce n’est pas pour autant qu’il avait renoncé au bitume. Il devait être sacrément névrosé pour faire ce genre de choses, se disait-il régulièrement. Ce matin-là, la route était mouillée, le temps londonien y était pour quelque chose et les nuages n’avait pas disparus. Pas question de prendre de risques non plus, la vitesse sera pour un autre jour ou pour une route plus sèche. L’air déçu, il enjamba sa moto, profitait du confort de l’assise et du ronronnement du moteur. Plus loin, le ronron se transforma en rugissement caractéristique de la sportive qui lui servait de destrier: et maintenant direction, le sud de l'Angleterre.

La route n’était que d’une heure et demi mais il prit son temps, passant par quelques routes plus longues qu’il avait repéré sur la carte. Mais il arrêta rapidement son petit manège, la réalité le rattrapant, la moto engloutissait le pétrole à une allure folle et heureusement qu’il avait remis le précieux liquide à niveau. Quelques insectes venaient s’écraser sur sa visière de temps à autre, non, décidément la vie n’est pas faite de paillettes. Au bout d’une heure, il décida de faire une pause, il n’était plus très loin de sa destination mais il sentait les crampes arriver. Par ailleurs, il avait reçu un message de Laura: “Désolée de ne pas vous avoir répondu hier j’ai eu un petit problème”. Il espérait que ce n’était pas trop grave, et puis il ne pouvait pas se permettre de penser à son problème, il devait reprendre la route. Après encore une demie-heure à avaler du goudron, la moto s’arrêta enfin devant le jardin de l’officier Pierson.

Le vieil homme l’attendait dehors, dans le cadre de la porte se dessinait une forme un peu bedonnante, aux cheveux poivre et sel et au sourire franc. Le physique d’Orson contrastait avec celui de l’officier, les cheveux noirs décoiffés par le casque et la barbe d’une semaine, il faisait coriace mais la mine chaleureuse qu’il faisait suffisait à atténuer son aspect brut. Après de brèves salutations, et l’étonnement du retraité apprenant ce qu’il était arrivé à Orson, ils rentrèrent dans le vif du sujet:

“ - Écoutes, j’ai besoin que tu m’en dises plus là-dessus, c’est pour sa fille et moi je sais que tu était en charge de l’affaire. Annonça t-il en brandissant les photocopies du dossier.

 - J’espère pour toi qu’elle est canon…

 - Bart, le dossier. Ce n’est pas mon style.

 - C’est ce que tu disais aussi pour Ashley. Okay, je vais tout te raconter sur l’affaire, tu as de la chance je suis dans un de mes bons jours. Mais ne cherche pas plus loin et laisse la police faire.

 - Hm, okay. Et au fait, ne parles plus d’Ashley, compris.

 - Oui cap’taine.”

Pendant toute la matinée, Orson avait écouté Bart parler: c’était une affaire de corruption. Le coupable avait 19 ans lors des faits, lors d’une soirée alcoolisée, il avait commis un abus sur mineure. Les parents de la victime avait porté plainte et le procès avait été  gagné, dans toute la logique judiciaire. La famille du coupable avait fait un chèque avec un chiffre important dessus, bien évidemment l’avocat corrompu était le père de Laura qui était censé gagner le procès. Personne n’a su ce qui s’était passé et pourquoi la supercherie n’avait pas été un succès, il suffisait de dissimuler un maximum de preuves et de construire un alibi en béton. La cour n’avait remarqué aucune réelle défense de la part de M.Lloyd. Il avait quand même encaissé le chèque et le jeune adulte avait été condamné à 15 ans de prison. La famille ne pouvait pas porter plainte, elle avait tenté une corruption. L’affaire s’étant déroulée il y a trente ans, on pouvait déjà supposer que si c’était lui le meurtrier, il devait avoir autour de quarante maintenant. Orson avait quitté les lieux après avoir remercié son ami, il avait hâte de dire à Laura que la piste se précisait, en effet l’homme avait un mobile: la vengeance.

*****

Merci à vous chers lecteurs, grâce à vous, nous avons dépassé les 100 vues, c'est un petit exploit mais ça compte énormément. Vraiment merci :) ❤

OrsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant