Imparfait

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31.05.Cottage.14h

Après le repas, Laura avait passé un bon à fulminer toute seule et elle se décida à explorer le cottage. Pour ne pas laisser paraître la colère, elle laissa place à une courtoisie et un sourire élaboré pendant tout le repas. Une vraie fille parfaite et aimable à table, que la brise avait rapidement fait disparaître ce masque une fois qu’elle s’était discrètement éclipsé de la maison. Elle marcha en suivant un petit chemin tentant de se calmer, ça ne lui aurait pas arraché la bouche à Orson de dire qu’il la voyait comme un peu plus qu’une amie, que c’était un peu plus spécial que cela. Au lieu de cela,elle fut rétrogradée au stade d’amie et avant de partir il lui avait pourtant dit que le baiser l’avait marqué, non? En marchant son environnement avait changé, elle se retrouva désormais dans un sous-bois, et ses pensées se dirigèrent vers cette nature qui s’était dressée tout autour d’elle. Le parfum de l’humus, de la terre fraîche et des arbres la réconforta, ce lieu chaleureux avait agi comme un baume, apaisant les tensions en elle.

Au bout du chemin, il y avait une barrière, sûrement là où se trouvaient les chevaux appartenant aux parents d’Orson. Elle ne l’aimait pas au début, elle avait commencé à l’apprécier, à l’aimer pour ce qu’il était, et maintenant elle ne le détestait pas mais le fait de ne représenter qu’une amie à ses yeux lui laissait un goût amer dans la bouche. C’était comme donner du chocolat à un enfant et le lui retirer au dernier moment, elle avait tellement envie que ça aille plus loin. Elle sentit sa gorge se nouer, mais il n’était pas question qu’elle réagisse de cette façon pour lui, elle méritait mieux et surtout quelqu’un qui ne la considérerait ni comme un objet à l’image de Roy, ni comme une amie. A la fin de ses réflexions, elle s’approcha de la barrière et en effet, au loin elle put constater la présence de magnifiques équidés.

Orson de son côté venait de remarquer l’absence de Laura en revenant dans le salon, qu’est-ce qu’il s’était passé et surtout où était-elle allée? Sa mère avait compris, voyant l’inquiétude de son fils que c’était bien plus qu’une amie, si tout à l’heure elle n’était pas sûre, la réaction d’Orson affirma son hypothèse. Et son père lui a assuré avec une grande tape dans le dos qu’elle ne pouvait pas être bien loin et que Laura reviendra. Cependant, il n’était pas rassuré pour autant, le sous-bois abritait des sangliers et encore quelques vipères, il devait y aller voir si elle allait bien. Il chaussa des bottes plus épaisses que celles de la moto pour ne pas se faire mordre et s’empara du vieux fusil de chasse de son père et de quelques balles à blanc, pour effrayer les animaux plus que pour les tuer visiblement. Cette sensation de tenir une arme à feu…

C’était si facile, si familier et pourtant ça ne lui manquait pas; il leva le fusil d’un geste assuré, testa la prise en main, il n’avait pas perdu son assurance depuis un an. Tout en courant vers son objectif, il se souvint qu’à l’armée ses tirs manquaient rarement leurs cibles, il avait un sang-froid hors du commun et cette qualité lui a permis de gravir les échelons aisément. A mi-chemin dans les bois, il repéra une empreinte creusée dans la terre meuble, au moins il ne s’était pas trompé et connaissant le chemin, il ne devrait plus être très loin. Elle aurait pu prendre d’autre chemin, la propriété étant relativement grande, mais non elle s’était dirigée vers les prés. Il piqua un sprint lorsqu’il vit les barrières, manquant de se prendre les pieds dans certaines racines au passage et une fois arrivé, il vit la clairière au premier abord vide, avant de discerner une des deux montures.

Il remarqua également la terre sur les barrières, elle les avait franchies, il y a encore une chance qu’elle soit à l’intérieur. Il s’introduisit dans l’enclos, veillant à bien refermer le portillon et au bout de quelques pas il put enfin entendre des gloussements provenant des boxes. Elle était donc là, il nota également l’absence d’un licol, une subite idée lui vint en tête le poussant à aller chercher l’autre cheval, “Infinite”. Orson attacha son cheval devant un box, et pris Laura au dépourvu dans celui juste à côté.

“ - Alors pourquoi tu m’en veux?

 - J’ai jamais dit ça, dit-elle d’une voix mielleuse

- Sois franche, ça fait vingt minutes que je perds du temps à te chercher. J’ai pas envie de jouer.

 - Oui mon capitaine! il fronça les sourcils, elle avait touché une corde sensible. Eh bien si vous saviez à quel point les animaux sont moins lâches que les hommes

 - Tu trouves? Dans ce cas expliques-moi pourquoi tu as fui. lâcha t-il durement.

 - Expliques moi pourquoi tu m’embrasses passionnément, puis tu me dis que tu ne l’oublieras jamais avant de dire à tes parents que je suis une amie?

 - Eh bien…

 - T’as rien à dire? Dommage et maintenant va t’occuper de ton cheval, tu énerves Freya.”

Il recula de quelques pas, baissa la tête et pensa à ce matin. Il pouvait comprendre qu’elle se sente blessé mais pouvait-elle comprendre qu’il avait peur d’être rejeté en bloc à cause de son passé et de ses blessures psychiques et physiques? Il inspira et revint auprès d’elle.

“ - Quoi encore?!

  - J’aimerais que tu saches que mon affection est très profonde pour toi mais je ne suis pas sûr que les actes que j’ai commis et les cicatrices font de moi l’homme que tu cherches, désolé.”

***

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⏰ Dernière mise à jour : May 20, 2017 ⏰

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