Un héros!

21 1 0
                                    

La journée se finissait tout doucement, et malgré toute la gêne qu’il y a eu Laura donna son numéro à Orson. Elle voulait vraiment faire un effort pour améliorer leurs relations, et puis s’il voulait l’aider ce serait un bon moyen non? En espérant qu’il ne prenne pas ce geste pour une avance. Orson, s’était contenté de sourire et d’entrer son numéro sous le nom de “La Miss”, ça l’amusait. Puis Laura s’était enfuie, à la limite en courant semblant avoir le diable aux trousses, elle se répétait que ce n’était qu’un numéro donné à un ami et qu’il n’y avait pas de quoi en faire tout un plat. Mais d’habitude c’était les gens qui allaient vers elle, pas l’inverse. Elle se sentait ridicule, les joues en feu et le cerveau bouillonnant. Il ne lui manquait plus que les vapeurs et l’évanouissement pour sombrer dans le pathétique, sur le trajet une femme lui avait même demandé si elle allait bien tant la nervosité rendait ses traits tendus.

Une fois chez elle, Laura posa son téléphone sur la table de chevet, s’empara d’un sachet de chips et partagea le canapé avec son husky. Quand elle eut ouvert le paquet, Theos la regarda d’un air suppliant, les oreilles baissées et la langue dehors. Laura craquait avec cette tête et la masse de poil le savait, ils partagèrent donc quelques chips. Et puis, Laura prit la décision de sortir Theos, ça devrait lui changer les idées. La nuit commençait à tomber mais avec Theos ça n’allait pas poser de problème.

Orson était rentré depuis un petit moment déjà, les preuves vinrent à manquer et la faim grandissait. Ce soir, c’était une salade, rien de bien fastidieux, mais meilleur pour la santé. En mangeant, il se décidait d’appeler l’officier retraité puis d’envoyer un message à Laura pour lui donner son propre numéro. Peut-être allait-il obtenir des informations plus précises sur l’affaire de Mr. Lloyd? Il se sentait tel un Sherlock des temps nouveaux. Après avoir fait la vaisselle et obtenu un rendez-vous avec l’homme pour demain, il envoya le message, et après de nombreux essais le message était envoyé. Il n’avait pas vraiment l’art de faire de belles phrases, alors le message était plutôt simple: “Bonsoir, voilà mon numéro, bonne soirée, - Orson.” Il n’avait plus qu’à attendre une réponse on dirait. Mais pour le moment, il devait s’assurer que pour la route qui l’attendait demain la moto était prête. À vingt heures, il la bichonnait encore: niveau d’huile, du liquide de frein, les freins en eux-même, l’essence,... Tout passait en revue. Une heure et demi de route l’attendait demain, il n’avait pas intérêt à tomber en panne sèche. C’est qu’il habitait loin le petit vieux!

Pendant ce temps, Laura continuait sa promenade avec Theos sans regarder l’heure. Elle avait entendu les cloches du big ben, une heure était donc déjà passée mais elle voulait continuer un peu plus passant par le chemin le plus long pour rentrer. Les rues étaient quasiment vides, quelques chiens ou chats errants, les bars étaient déjà ouverts. L’air froid commençait à envahir les rues, autant que l’obscurité. Laura était moins assurée subitement mais il fallait bien qu’elle rentre, la balade l’avait suffisamment calmée. L’objet de ses craintes se réalisa en passant devant un bar, c’était idiot de rester si longtemps dehors. Une main saisit son poignet tel un étau, des effluves d’alcool lui montaient au nez. Elle sortit rapidement les  clés de sa poche avec sa main libre, déçue de ne pas y trouver son téléphone. Theos grognait à côté d’elle.

“ - Eh bien, eh bien qu’est-ce qu’on a là?

 - Une femme pressée.

- Tu vas bien gentiment rester ici… Non, non, non… On va aller… Aller plus loin, tu vas adorer…

 - Faites part de vos fantasmes à quelqu’un d’autre!

 - J’aime les femmes… avec du ca-carac-caractère! Tu me plais, ma pouffiasse!

 - Vous me dégoûtez, salaud” cracha t-elle.

L’homme devait bien avoir une quarantaine d’années, les yeux injectés de sang, il sentait l’alcool, la transpiration et le tabac froid. Cela répugnait Laura, la nausée lui montait, mais le pire c’était les obscénités qu’il balançait. Le commerçant n’avait pas bougé d’un pouce, les autres clients non plus. Au moment où il a tenté de l’embrasser, elle réprima une violente envie de vomir et tenta de se dégager au plus vite. Soudain, l’homme se mit à hurler de douleur. Un héros inédit était intervenu...

OrsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant