Orson

Repos

Theos! Il s'était lancé à l'attaque ayant sûrement compris la détresse de sa maîtresse. Laura remercia mentalement son sauveteur. Le chien avait profondément planté ses crocs dans la cuisse de l'ivrogne, ce qui l'avait déstabilisé mais il n'avait encore desserré l'étau de sa main. Le jeans qu'il portait commençait à se tacher de sang autour de la gueule du husky, l'homme tentait de donner des coups de pieds mais la douleur devait sûrement être intense, il ne pouvait pas lever la jambe. Tandis que Théos n'en démordait pas, elle s'affairait à libérer son poignet en tirant dessus, et se servant de ses clés pour tenter de lui griffer le visage. Finalement, l'homme la relâcha, la morsure ayant duré trop longtemps (pas assez au goût de Laura), en la traitant de tous les noms d'oiseaux possibles, jurant, crachant. Laura s'était enfuie sans un regard en arrière, Theos sur ses talons. La dernière image qu'elle eut de lui c'était celle d'un homme tenant sa jambe en sang, en même temps il l'avait cherché. Elle espérait qu'ils n'allaient pas se rencontrer de nouveau et regrettait également de ne pas avoir son portable, ni de prince charmant pour voler à son secours. Enfin si, le chien. A la fin de son sprint, et dieu merci, elle mettait toujours ses baskets pour sortir Theos, son appartement était entré dans son champ de vision. Trempée de sueur, froide ou non d'ailleurs, elle respira profondément et pensa qu'elle avait eu beaucoup de chance

Une fois rentrée, elle prit un long bain chaud pour faire disparaître tout le stress accumulé en une soirée. L'eau chaude faisait autour d'elle un cocon protecteur et agissait comme un baume réparateur ou relaxant. Elle observa son poignet, elle marquait vite, la rougeur caractéristique d'un futur bleu l'attendait. Elle ne se faisait pas d'illusions, ce bleu était le fruit de deux erreurs qu'elle avait commises ce soir, celle d'aller dehors aussi tard et celle de ne pas avoir pris son téléphone. Heureusement qu'il y avait Theos, sinon... Elle plongea sa tête pleine de sombres scénarios sous l'eau, elle ne voulait plus entendre, plus voir et plus penser mais profiter d'un moment de bien-être et de répit. L'eau lavait les empreintes de cet homme douteux, les muscles et le poignet douloureux semblaient être soulagés de leurs tensions. Tout allait bien, cela faisait longtemps qu'elle ne s'était pas sentie aussi bien depuis le meurtre de son père. Elle voulait rester plus longtemps dans ce bain réparateur mais il fallait aller dormir.

Du côté d'Orson, la moto était fin prête il avait fait tout ce qu'il avait à faire. Pourtant, son esprit continuer à divaguer sans trouver le repos. Allongé sur le lit, la tête sur l'oreiller, le plus merveilleux endroit du monde ne pouvait pas l'amener jusqu'à Morphée. Il avait l'intention de demander à Laura si ça allait, elle n'avait pas répondu à son message. D'ailleurs, la pauvre Laura avait déjà perdu ses deux parents, lui se demandait comment allait les siens. Ils formaient un beau couple, pas celui dont tout le monde rêve: ce n'est jamais tout rose, mais celui qui a fait long feu. Son père ne roulait pas sur l'or, il travaillait énormément pour les élever sa soeur, son frère et lui, et sa mère tentait de passer un maximum de temps avec eux, elle travaillait également mais avec un moindre salaire. Ce n'était pas le grand luxe mais ensemble, ils joignaient les deux bouts. Ils devaient avoir une sacré bonne étoile pour veiller sur eux, tout leur est tombé dessus mais ils n'ont pas lâcher l'affaire, le plus difficile avait été le décès de son frère. Il était aussi militaire, en mission il avait probablement mis le pied sur une mine antipersonnel oubliée, le deuil fut extrêmement long. Mais aujourd'hui ils profitaient d'une douce retraite près de la mer, vers Plymouth. Il pensa soudainement à aller les voir, il aurait encore un peu de temps demain s'il partait tôt mais ça sera pour une autre fois, il voulait revoir Laura pour partager ses futures informations. En espérant, en retour, qu'elle ait réussi à joindre les dénommées Vivian Delay. Et puis, quitte à s'être rapprochés, il l'avait remarqué, autant se tutoyer aussi ça sera plus simple même s'il était prêt à parier qu'elle serait gênée. Et puis sans s'en apercevoir, il sombra dans un lourd sommeil, non sans cauchemars. Cela ne s'arrêtera donc jamais...