La preuve

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On ne pouvait pas dire lequel des deux était le plus mal à l’aise, la situation était plutôt cocasse d’un point de vue extérieur. Une fois l’adversaire identifié, Orson relâcha la pression sur les épaules de Laura et s’excusa pour cette agression craignant tout de même les représailles de la jeune femme. Laura le toisa de la tête au pied, ouvrant et refermant la bouche sans qu’aucun son n’en sorte. Les expressions faciales de Laura attisa la malice d’Orson, qui lui réussissait à émettre un son.

“ - Vous savez que vous avez l’air d’un poisson frit, la bouche ouverte, les yeux écarquillés?

 - P… Pardon? S’insurgea le bout de femme. Et d’où vous permettez vous d’entrer ici pour me traiter de poisson frit?!

  - Je me suis permis d’entrer parce que la porte était entrouverte et que je voulais mettre la main sur le meurtrier.

   - C’est facile à mettre la main sur le meurtrier quand il s’agit de vous! J’appelle la police.

   - Ecoutez, avant de faire une bêtise, laissez moi cette après-midi pour vous montrer que je n’ai tué personne.

    - Vous avez aussi dit la même chose aux familles dont vous avez tué les membres?!

    - Laissez moi vous prouver que vous vous trompez.” lâcha Orson froidement.

La malice avait disparu de ses yeux onyx, Laura avait touché à une corde très sensible, il détestait avoir la mort de ces gens sur la conscience mais c’est ce qu’il avait cru bon à cette époque. Parce qu’il ne pouvait faire autrement, si elle savait elle se serait immédiatement excusée au lieu de jouer la sainte. Cette fois c’est lui qui la toisait, durement, quant à Laura elle savait maintenant qu’elle était allée bien trop loin. Mais l’heure n’était plus aux excuses, en revanche il leur restait peu de temps avant l’heure du repas pour chercher des preuves. Alors pour rattraper son erreur Laura donna un double des clés à Orson accompagné d’un sourire, qui avait plus l’air d’un rictus. La pitié qu’Orson vit dans les yeux de Laura quand il récupéra le double acheva de dégoûter ce dernier. Il n’avait pas besoin d’elle pour l’aider dans sa tâche, mais en homme respectueux, il lui offrit le même sourire qu’elle. Laura avait, en effet, eu de la pitié pour lui et le fait qu’il l’ait mal pris était compréhensif pensa t-elle. C’est un peu comme érafler son amour propre. Elle lui avait dit qu’ils se retrouveraient probablement dans l’après-midi, il hocha la tête impassible.

14h30. Maison 25

Orson était entré seul, armé de gants en latex et de tout un petit attirail scientifique. Il cherchait surtout de quoi prouver à l’autre que le coupable s’est échappé avant lui. Ainsi, cutter à la main, il trancha les rubans installés par la police et déverrouilla la porte de la chambre. Tout était comme lorsqu’il était entré la première fois, le temps semblait s’être arrêté. Il fouilla méthodiquement la penderie, la table de chevet et le bureau. Il s’arrêta sur un détail, presque invisible qui le fit soupirer de soulagement et qui donnera la preuve irréfutable qui viendra faire voler en éclat toutes les accusations de Miss Lloyd: un poil de chat blanc sur les draps. Ca l’avait fait rire qu’une si petite preuve soit d’importance majeure. Il n’avait pas de chat, il n’en avait jamais eu et Mr. Lloyd, il n’avait pas de chat chez lui, pas de litière, il n’y a jamais eu de miaulements, jamais un poil sur les vêtements du vieil homme. A croire que l’homme détestait les félidés. Il scella cette preuve dans un petit tube qu’il posa au centre de la table du salon, en totale exposition. Cette mise en scène était absurde, mais il voulait s’assurer que Laura comprenne enfin qu’il cherchait plutôt à l’aider qu’à vouloir la mort de son père… Enfin, ça c’était plutôt avant qu’elle le prenne pour une machine à tuer.

Un autre détail l’avait frappé ce matin, les deux bagues qu’il avait vu autour de son cou. Il mettait sa main à couper que c’était une bague de fiançailles et une alliance, ça lui était familier et assez douloureux de voir ces bijoux. Mais quel est le but de porter de telles bagues autour du cou alors qu’elle est mariée? Cette question lui brûlait les lèvres, il fallait qu’il la pose à un moment ou à un autre. Puis les recherches continuèrent, il fallait bien trouver d’autres preuves.

Vers 16 heures Laura croisa brièvement Orson qui ,lui, quittait la maison. Toujours aussi impassibles, ils arrivaient au moins à fréquenter un même lieu à condition que l’un des deux soit absent.

OrsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant