Prologue

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" Le syndrome de Stockholm désigne un phénomène psychologique observé chez des otages ayant vécu durant une période prolongée avec leurs geôliers et qui ont développé une sorte d'empathie, de contagion émotionnelle vis-à-vis de ceux-ci. "


Était-ce donc ce syndrome qui m'avait atteinte depuis si longtemps ? Celui-ci même qui m'avait frappée il y avait quelques années, quatre pour être précise,...

Cette définition, elle ne représentait que des mots. De simples mots que quelques hommes ou académiciens auraient approuvés ensemble par rapport au drame qui s'était produit en 1973 dans la ville de Stockholm, par rapport au schéma psychologique qu'avait fait le docteur Nils Bejero. Ces mots étaient insignifiants à leurs yeux. Ils ne l'avaient pas vécu eux et se contentaient de tout écrire et expliquer telles des machines sans âmes...

En ce moment, j'éprouvais de la colère pour tout. Je ressentais de la haine envers ces personnes que je ne connaissais pas mais qui, pourtant, pensaient connaître ce que j'avais vécu en me mettant dans le même panier que les autres. Nous avions tous une histoire différente... Peu importait qu'elles finissent bien ou mal, aucune d'entre elles n'était semblable.

Médecins, famille, amis, tous, me disaient depuis ce jour maudit, le 22 avril, que j'étais atteinte de cette "maladie" comme ils l'appelaient si bien. Ils ne pouvaient pas savoir... Ces quelques mots, je les avais écrits dans ma folie. La folie de ma passion envers mon agresseur, la folie du feu qui brûlait en moi. On avait essayé à plusieurs reprises de l'éteindre mais à chaque fois, lorsqu'ils croyaient que le combat était gagné, des braises, des cendres, renaissaient mes sentiments. Mais quelles émotions ? Je parlais d'amour bien qu'il y avait eu de nombreux autres états. La colère due à une trahison odieuse venant des personnes les plus proches de moi, la tristesse venant de séparations beaucoup trop brusques à mon avis, celles qui laissaient un goût amer dans la bouche, la douleur mentale et physique venant des coups que cette vie injuste m'avait assénés depuis trop de temps.

Rares étaient les nuits pendant lesquelles j'arrivais à dormir ne fût-ce que plus de deux heures avant que je ne fusse trempée de sueur et toute tremblante . Rares étaient les moments de répit que m'offrait mon esprit. Ce visage masculin parfait ne faisait que hanter les songes de mon sommeil, ou alors de ma réalité, bien plus souvent en temps que cauchemars que de rêves. Les médicaments ne m'aidaient plus, ils n'avaient d'ailleurs jamais eu d'effet. Les ombres fantomatiques de mon passé me suivaient partout où j'allais et je savais que pour rien au monde elles ne se décolleraient de moi. Je n'avais plus personne pour me soutenir, plus personne pour m'épauler. J'étais seule, encore maintenant, et je le resterais, dans ma tête en tout cas, enfermée dans cette petite pièce sombre, froide et exigüe qu'avait créée mon esprit au fil de ce temps qui m'avait paru durer une éternité.


Certains pourraient penser que je radote à tout répéter et raconter de la même manière, me focalisant sur ma propre histoire telle une égoïste comme diraient d'autres. Cette partie de ma vie sera peut-être ennuyeuse à lire mais je voudrais la raconter, ne fut-ce qu'à un livre, de toute façon, ceux qui m'ont jugée ne comprennent pas. Ils ne comprendront jamais.

Alors, lorsqu'une personne autre que moi lira ceci, elle pourra se rendre compte de mon calvaire si elle y parvient.

Ou bien elle me traitera de folle comme tous les autres...

StockholmOù les histoires vivent. Découvrez maintenant