Bas les masques

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L'homme était venu quelques heures après l'épisode de la douche improvisée pour m'apporter de quoi me nourrir. Il revenait toutes les deux ou trois heures pour vérifier si je devais aller aux toilettes. Il était bien sûr hors de question que je quittasse la cave et il avait donc prévu à cet effet une bassine disposée dans un coin de la pièce. Je n'avais plus osé faire une tentative d'évasion depuis les menaces qu'il avait proféré à mon égard. J'avais constamment des crampes à force de ne pas bouger et je devenais folle de ne pouvoir parler.
Je m'étais endormie, épuisée de toutes ces émotions, peu après mon repas, pour ensuite me réveiller en sueur, ayant passé une nuit remplie de cauchemars, me rendant compte que j'étais toujours dans le même calvaire.

J'attendais avec impatience et crainte le retour de mon kidnappeur. J'espérais en apprendre plus sur lui et ses intentions.
Comme je l'avais prédit, il revint pour mon "petit déjeuner".

— Bonjours Evy me dit-il avec un ton beaucoup plus agréable que la veille.

Son changement radical de voix était très étonnant. Je n'arrivais pas à cerner ses pensées ni ses projets à mon égard., ce qui me rendais plus que frustrée à l'idée de ne pas comprendre la situation.

Il me retira le bout de tissu de la bouche.

— Bonjour. lui dis-je désagréablement.

— Ça ne va pas ? dit-il en ricanant voyant mon air furibond.

— À ton avis, rester attachée et bâillonnée jour et nuit avec un homme qui menace de me tuer c'est chouette ? ! Non je ne pense pas ! crachai-je..

— Tu es décidément plus agressive que ce que je pensais.

— J'en ai rien à faire de ça. dis-je en me remettant discrètement à pleurer, mes sentiments reprenant le dessus sur moi.

L'homme vit mon état et sembla soudainement plus sérieux. — Je n'ai jamais voulu tout ça. Ce n'est pas de ma faute. rajouta-t-il.

— Comme si ce n'était pas de ta faute...

Il s'approcha de moi. J'eus un mouvement de recul mais qui ne servit à rien vu mon immobilisation. Il saisit mon menton entre ses doigts et planta son regard glaçant dans le mien.

— Je ne voulais enlever personne à la base. J'ai été en quelque sorte forcé de faire ça.Penses-en ce que tu veux, ça ne changera rien à la suite.

Je ne su pas en dire plus, trop étonnée de sa réponse et envoûtée par ses yeux.

— De quelle suite parle-tu ? me repris-je

— Ce ne sont pas tes affaires. Dit-il tout en me lâchant.

Je ne comprenais pas de quoi il voulait parler mais il avait l'air sincère. Je pouvais me tromper mais il me semblait moins menaçant qui ne le paraissait.

— Alors pourquoi tu m'as enlevée ?

— Ce ne sont pas tes affaires. me répondit-il à nouveau.

Il était tout de même étonnant qu'il me dît ceci car dans l'histoire, j'étais la principale concernée. J'enchaînai :

— Combien ?

— Combien quoi ?

— T'as demandé combien à mes parents ? Je présume que tu ne me garde pas ici pour rien.

Il souffla.

— 120 000.

— Quoi ?! Ils ne sauront jamais payer une somme pareil ! Combien de temps ont-ils ?

— Deux semaines

— Ils n'auront jamais le temps !

— S'ils ne payent pas dans les délais, je serai contraint de te tuer. Je sais très bien que c'est beaucoup en trop peu de temps mais je ne peux rien y faire.

J'eus un choc. Je ne pensais pas en arriver là . Je savais très bien que mes parents n'arriveraient pas à réunir autant d'argent en un délai si court. J'étais perdue. Je me remis à pleurer.

— Je suis vraiment désolé Evy, je ne voulais pas en arriver là, essaie de comprendre.

Sur ce coup-là, j'étais sûre qu'il ne faisait pas semblant. Il avait pris un air désolé qui ne ressemblait pas à ce que j'avais vu jusque là. Pourtant, rien n'empêchait le fait que j'éprouvais une haine profonde envers cet homme qui m'avait arrachée à ma famille. Comment voulait-il que je fasse preuve de compréhension si il ne me disait rien de plus ?

— Si tu m'expliquais pourquoi tu fais ça, je serais peut-être plus ouverte à ce que tu dis mais pour l'instant, tu me sembles juste être une ordure .

Lorsque j'eus prononcé ce mots, je crus qu'il allait me tuer tant il me regardait d'un œil mauvais. Il se tourna vers l'entrée, près à repartir. Je l'interpellé avant qu'il quittât la pièce.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Heu... pourrais-je aussi connaître ton nom ?

— Mike

Il y eu un moment de silence qui dura plusieurs secondes mais qui me parurent des heures.

C'était horrible. J'avais une sensation bizarre à présent. Comme si j'avais quelque chose dans l'estomac. Il pouvait se montrer aimable en dehors de ces autres sauts d'humeur mais il n'en restait pas moins dangereux. Cela devait être l'effet du choc de la rançon, mes parents, qui me rendait dans cet état. En pensant à Mike, j'espérais de tout cœur ne pas commencer à avoir de sentiment pour lui sombrant dans un moment de faiblesse. Le charme faisait déjà effet et je devais l'arrêter net. 

En fait, il n'était qu'un monstre... Il jouait sûrement avec mes sentiments et je ne devais pas me laisser avoir. Je devais être forte car je devenais barge et mon séjour dans la cave me faisait perdre encore plus les pédales...

StockholmOù les histoires vivent. Découvrez maintenant