Stockholm

Encore une soirée

       Après avoir pris mon petit déjeuner, Mike était remonté et m'avait encore une fois laissée seule dans cet endroit sombre et impuissante. À nouveau, une question me revenait sans cesse en tête. Quelle était la raison de cet enlèvement ? Peut-être qu'il avait tout simplement besoin d'argent...Non. Il n'aurait pas été si mystérieux à ce sujet. Rien ne tenait la route dans mon raisonnement. L'ennui avait rapidement pris part de moi et de nombreuses théories se formaient au fur et à mesure dans mon esprit pour l'occuper si bien que par moment je me rendais compte moi-même que je délirais et qu'il faudrait que je sortisse de cet enfer au plus vite. Ma famille devait me chercher partout à l'heure qu'il était, dont j'avais perdu la notion, et de mon côté je ne faisais rien alors que j'aurais pu agir plus intelligemment. Soit. J'étais dans une impasse et les solutions venaient à me manquer.

Comme à son habitude, il revint après deux heures pour me demander si je devais aller aux toilettes.

— Tu dois y aller ? me dit-il en me montrant la bassine dans le coin de la cave.

Je lui fis signe de la tête que non. Celle-ci me répugnait autant que le reste. Sale, odorante, attirant les mouches, il y avait de quoi enlever l'envie de faire ses besoins à quelqu'un.

— Ah oui, j'allais oublier. Je fais une fête ce soir, donc tu vas rester ici.

Décidément son sens de l'humour était très fonder. Comment pouvait-il penser que je puisse sortir de cette maison ? Je ne trouvais pas sa remarque des plus drôles. L'idée qu'il face une soirée alors qu'il détenait quelqu'un dans sa cave était absurde de mon point de vue et je ne savais pas pourquoi il tenait à la faire. Il risquait de se faire repérer et j'avais de grande chance de trouver une échappatoire.

— Et je ne veux aucun bruit de ta part. C'est clair ? continua-t-il.

      Tout en parlant il souleva son t-shirt, me montrant son arme, pour bien me faire comprendre qu'il l'avait toujours sur lui. Il avait étrangement repris ce sentiment agressif qu'il avait adopté lors de notre premier échange. Toujours muette, je hochai la tête en signe de compréhension et il repartit.

      Je me mis à réfléchir à cent à l'heure. S'il faisait une soirée, cela voulait dire qu'il y aurait des gens, donc cela représentait peut-être mon seul espoir de m'en sortir. Mais, il y avait un souci qui venait dérégler l'engrenage de mon plan. J'étais dans la cave et personne ne pouvait m'entendre, d'ailleurs, personne ne savait que j'étais enfermée ici. Je me décourageai à nouveau. N'y avait-il aucune sortie de secours ? Je n'en savais rien et je me disais bien que j'allais mourir seule dans cet endroit inconnu et dénué de toute chaleur physique et morale sans même connaître la raison de mon kidnapping.

       Quelques heures plus tard, m'étant assoupie de fatigue, je fus réveillée par Mike au dessus de moi qui bougeait sûrement ses meubles. Mon estomac cria famine sans prévenir. Les crampes me prenaient de plus en plus souvent. Il ne me donnait que deux repas par jour et les forces venaient à me manquer. Il m'affamait très certainement pour que je ne pusse pas tenter une fois encore de lui échapper.

      Puis, je n'entendis plus rien. Aucun bruit venant de l'étage. Cette sensation de solitude me prenait à la gorge comme un étau. Lorsque, soudainement, la porte s'ouvrit. Je sursautai. Mike tenait à bout de bras deux énorme caisses de bières. Il les casa dans le frigo difficilement mais y parvint. Il devait attendre beaucoup de monde vu la quantité de litres qu'il y plaçait. Il ne me jeta aucun regard, comme lors de notre premier échange, comme si je faisais partie de la décoration. Ce petit jeu devait l'amuser vu qu'il prenait un malin plaisir à l'exercer. J'essayais de protester derrière mon bâillon pour qu'il me l'enlève ne serait-ce qu'un instant. Alertez pas mes réclamations incompréhensibles, il se tourna enfin vers moi et me dit d'un air agacé :