Épilogue

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      Evy était arrivée à la fin de cette funeste histoire. Ce qu'elle croyait et voulait fermement. Elle avait intégré une famille d'accueil après son séjour à l'hôpital. Plus de force, plus de joie de vivre. Elle ne comprenait pas pourquoi sa vie avait tourné comme telle au cauchemar. Mais sa plus grande incompréhension et haine se résumaient à l'image de sa mère. Tout était de sa faute. Tout.

      Evy n'avait plus vraiment de conversation. Elle ne voulait plus de contact avec les autres. Elle s'était refermée sur elle-même. La chose la plus dure qu'il lui restait à faire était de donner sa confiance. Jack ne donnait plus signe de vie, les médecins,Mike qui était mort et à qui elle avait tout confié... À qui pouvait-elle encore vraiment se fier ? Elle puisait le peu de force qu'il lui restait pour se battre, pour retrouver une vie qui serait un minimum normale.

   Les jours se coulaient toujours avec la même langueur monotone. Un, deux, trois... Il ne servait plus à rien de les compter. Rien ne se passait ce qui rassurait la jeune fille. Pourtant chaque journée lui faisait un peu plus mal au fur et à mesure qu'elle inscrivait son histoire dans le carnet que lui avait donné son médecin. Elle rédigeait ses lignes avec douleur mais se disait qu'elle aurait bientôt fini de l'écrire et que les souvenirs disparaîtront de si tôt. Elle ne pouvait avoir plus tort.

     Elle ne quittait presque jamais sa chambre. Sa famille d'accueil aurait voulu communiquer avec elle mais impossible. La plupart de son temps elle travaillait à son bureau ou s'étalait sur son lit pour reprendre une de ses crises de sanglots. Elle avait maigri. Le médecin avec qui elle s'était familiarisée avait voulu la placer en centre mais ni ses "nouveaux proches" ni elle n'avaient accepté.

Comment je sais tout ça ? Parce qu'elle est entrain d'écrire et que la lumière de sa chambre éclaire faiblement la rue dans laquelle je me trouve. Mon cœur bat comme chaque soir que je passe à l'observer.  Mon corps entier est encore douloureux mais la simple vue d'Evy me soulage.

Je patiente bien gentiment dehors. Les mains dans les poches, capuche rabattue sur la tête, dissimulé par l'ombre de la nuit qui est devenue mon alliée depuis longtemps. J'inspire profondément et me rappelle des dernières heures passée en compagnie de la jeune fille. Il est vrai que je n'aurais pas dû la brusquer dans la voiture mais je ne pouvais plus me retenir. Si je ne l'avais pas fait peut-être serions-nous toujours ensemble ?
L'accident, la voiture qui a explosé... Trop facile comme échappatoire. La faire brûler, masquer ma mort, même mon père n'y aurait pas pensé. Lui même qui était bien sagement installé dans le coffre du 4x4, sans un souffle de vie. Il a voulu nous séparer. Il m'a dit que je ne pouvais pas la garder éternellement auprès de moi. Maintenant, c'est lui qui est parti et qui m'a servi d'illusion.

Les légistes ont sûrement déjà remarqué la supercherie mais ont préféré ne pas avertir Evy de peur que son état s'aggrave. Je suis un des hommes les plus recherchés du pays mais rien ne me soulage plus que de l'observer nuit après nuit.

   Elle se lève et commence à se déshabiller. Je me retiens de bondir dans sa maison tant l'excitation est forte. Ses fines courbes, son teint pâle... Dès le premier jour où je l'ai vue, j'ai voulu la posséder. J'avais voulu choisir ma proie auprès d'Alan et l'heureux hasard avait fait quelle celle que je désirais n'étais autre que la fille de son ancienne connaissance qui désirait user de ses services. Toute cette excitation. Cette attitude nonchalante venant de l'adolescente, la poursuite dans les bois... Les frissons qu'elle m'a procurés lorsque je lui ai entaillé le bras... Le cinéma que je lui ai joué tout au long des jours passés avec elle. C'était presque trop facile.

  Je respire fort. Mon cœur bat à en rompre ma poitrine. La sueur perle. Je la veux et au plus profond d'elle, elle me désire. Nous sommes faits l'un pour l'autre, elle ne peut le nier. Un jour, je la toucherai, nous nous reparlerons et si il le faut, comme au début de notre rencontre. Si il le faut, j'emploierai les mêmes moyens. Je le ferai, bientôt, je l'emmènerai avec moi parce qu'elle est à moi.

Elle m'appartient.


FIN

StockholmOù les histoires vivent. Découvrez maintenant