La vision qui s'offrait à moi était d'un aspect des plus étranges. Une bibliothèque encastrée dans le mur contenait dans son entièreté des dizaines de carnets rouges alignés les uns à la suite des autres. Un pour chaque patient. La surface taupe des parois qui entouraient les étagères de cette armoire ne faisaient que contraster encore plus avec la couleur vive de ces petits cahiers. Il n'y avait pas beaucoup d'éléments décoratifs, une plante verte dans un coin et une sculpture contemporaine, dont on ne comprenait pas l'idée qu'avait eue l'artiste en tête, dans l'autre essayaient de rendre une image chaleureuse et rassurante à la personne entrant pour la première fois dans ce lieu. Ce bureau était impersonnel et froid à la fois mais cela ne restait que mon avis. Le fauteuil dans lequel j'étais assise avait été conçu pour que l'on se sentît aussi bien que dans son lit. Sa matière molle et son revêtement doux donnait presque l'envie de s'endormir et de se laisser porter par ses rêves et les paroles que déversait la femme qui se trouvait en face de moi, remettant sa longue mèche de cheveux noirs derrière son oreille décorée d'une élégante boucle argentée en forme de trait fin. Cela allait seulement faire trois jours que nous nous côtoyions mais je semblais déjà tout connaître de sa personnalité, j'avais l'impression d'avoir percé à jour son esprit alors que normalement c'était à elle d'accomplir cette tâche. Mme Belinski, d'origines russes, était devenue ma psychothérapeute sous les conseils des médecins qui m'avaient prise en charge. D'après ce que l'on m'avait dit, elle sortait d'une de ces écoles prestigieuses en psychologie à Londres et elle était réputée pour faire des miracles avec ses patients. Mes parents en espéraient beaucoup alors que moi, je ne voulais rien entendre. Mes nuits n'étaient plus que cauchemars, réveils en sursaut et sueurs froides. Je voyais tout le temps le visage de Mike dès que je fermais les yeux. J'essayais de cacher de mon mieux les crises de sanglots que j'attrapais la nuit en son absence. Durant ces quelques jours passés avec lui, je m'étais habituée à sa présence et notre séparation avait été trop brusque pour que je m'y fasse. Comment était-il possible qu'un "médecin" pusse m'aider ? Ce n'était pas le fait de me bourrer de médicaments et de sermons concernant ma relation avec mon kidnappeur qui allait m'aider à reprendre le cours de ma vie.
Après plusieurs jours passés chez moi, j'étais enfin retournée à l'école. Dans le bâtiment, deux réactions avaient été visibles. Les uns n'osaient pas me regarder et s'écartaient à mon arrivée et les autres étaient sans cesse autour de moi entrain de me poser des questions et me demandant sans me laisser respirer une minute si j'allais bien ou si j'avais besoin de quelque chose. Oui, c'était le cas, mais, ils ne pourraient jamais me rendre Mike.... Les professeurs avaient tous été très gentils avec moi, même ceux que je ne supportais pas ou qui ne m'aimaient pas. Ils me voulaient savoir si j'avais besoin de tel ou tel cours de rattrapage ou si il me fallait plus de temps avant de passer les interrogations prévues. Les lettres de soutien pleuvaient dans mon casier chaque jour, remplissant celui-ci de paillette et d'autocollant venant de filles qui parfois, ne m'avaient jamais adressées la parole, m'ignorant. Je ne supportais pas tous ces traitements de faveurs mais je ne disais rien, je faisais comme si j'allais bien alors que mon visage fatigué par mes nuits d'insomnies montrait tout le contraire.
A la différence d'un psychologue, Mme Belinski pouvait me prescrire des cachets voire pire, m'envoyer en psychiatrie... Pour le moment elle ne m'avait rien donné, elle attendait peut-être de voir la suite des évènements car jusqu'à présent je ne lui avais adressé aucun autre mot que : "Bonjour", "Au revoir" ou encore "Je n'ai rien à dire en particulier."
Un rituel avait été installé rapidement ; je m'asseyais, elle me servait un verre d'eau que je ne touchais jamais et elle ouvrait un carnet rouge tout neuf car oui, moi aussi, j'avais droit à un "journal". La psychothérapeute parlait dans le vide, essayait d'attirer mon attention en ne citant pas les évènements derniers, me demandait plus comment était ma vie à l'école ou chez moi, elle faisait cela pour après dire à mes parents que je faisais un "phénomène de blocage" dû au violent traumatisme que j'avais vécus auprès de ce "criminel" comme ils l'appelaient tous.
VOUS LISEZ
Stockholm
Mystery / ThrillerEvy est une jeune fille de 17 ans, elle n'a pas vraiment d'histoire jusqu'au 22 avril à 00 : 34 où sa vie bascula lorsqu'elle fut enlevée à quelques mètres de sa maison. Son agresseur ne laisse pas paraître beaucoup d'information sur lui et l'adoles...