Mme Belinski posa le flacon sur la table en verre. Les pilules noires qu'il contenait n'étaient pour moi que mauvais signe. Le carnet rouge à mon nom était posé à sa droite et il était fermé cette foi-ci. Mes parents m'encadraient chacun d'un côté sur le canapé. Les trois adultes adoptaient un air plus que sérieux. La psychothérapeute prit la première la parole.
- " Madame, Monsieur, il est à présent indispensable pour Evy de prendre ces médicaments. D'après la description de son comportement que vous m'avez faite, elle ne pourra pas se remettre de cet enlèvement sans aide. C'est pour cela que nous allons ensemble l'accompagner pendant sa cure."
"Ensemble " Cela me fit presque rire ou hurler. Je fermai mon poing de rage. Tout le monde m'avait trahie. Il était vrai que j'avais fait certaines crises d'angoisse chez moi. Dès que je me retrouvais seule je me mettais à penser à Mike. Il me manquait trop. J'avais de nombreuses fois pris la parole dans mon sommeil, hurlé après lui et mes parents avaient assisté aux scènes en tentant de me réveiller.
Mes doigts blanchirent un peu plus sous la force que j'exerçais.
- " Êtes-vous sûre que c'est la bonne solution Docteur ? demanda mon père. Peut-on avoir confiance en cette méthode ? "
- " Ne vous inquiétez pas. Nous avons souvent recours à ce genre de traitement. Nous avons l'habitude. " essaya de le rassurer mon ennemie.
Je ne dis rien. Il valait mieux ne pas aggraver d'avantage mon cas. Belinski expliqua encore quelques détails à ma mère et à mon père. Elle indiqua que je devais avoir terminé le flacon avant la fin du mois et elle constaterait mon état, voire mon "amélioration".
Tout fut expédié rapidement. Nous sortîmes du cabinet et prîmes directement le chemin de la maison. Plus personne ne communiquait avec personne. Nous étions comme en guère, chacun prenant ses positions. Après avoir franchi le seuil de l'entrée, je me précipitai dans ma chambre. Je ne savais plus quoi faire. Jack ne répondait presque plus à mes lettres et je savais qu'il protégeait Mike. Qui avait raison sur quoi ? Avais-je tord en croyant à mes propres convictions sur sa personne ? La psy avait-elle raison ? Je me jetai sur mon lit, tordant de rage contre moi mes oreillers. Il n'y avait aucun moyen pour moi de le revoir. D'avoir une suite à notre histoire, autre que l'issue de la prison pour lui. Les sanglots me reprirent comme chaque fin de journée tous les jours. Je ne ressemblais plus qu'à l'ombre de moi-même. Ces cernes qui ornaient mes yeux depuis tant de temps. Mon teint pâle, délavé. Mon visage dénué de n'importe quelle émotion positive. Mes professeurs s'inquiétaient, convoquaient mes parents. Mes "amis" essayaient de me parler mais je ne voyais pas l'intérêt de leur répondre. Plus rien de rien ne me faisait vivre.
L'heure du repas était arrivée. Poulet, haricots, riz. Un plat d'hôpital comme je les appelais. Ma mère servit, s'assit en face de mon père. Ils se mirent à discuter du travail de ce dernier. Il y avait un malaise pendant la discussion. Je les écoutais sans trop le faire, fixant les tiges vertes dans mon assiette. Je mangeai le plus vite possible pour pouvoir repartir dans ma bulle, m'emmitoufler sous ma couette, imaginant Mike m'entourant de ses bras. Je ne comprenais pas comment il était possible de tomber sous le charme d'une personne en si peu de temps... De devenir accro à elle. Ce même être qui devenait notre drogue, qui vous faisait vivre et vous détruisait petit à petit une fois parti.
On posa devant moi flacon. Le flacon...
- " Prends-en une maintenant s'il-te-plaît. " demanda ma mère.
- " Et si je n'ai pas envie ? " lui répondis-je.
- "Voyons Evy ! Ne joue pas à l'enfant ! s'impatienta-t-elle.
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Stockholm
Mystery / ThrillerEvy est une jeune fille de 17 ans, elle n'a pas vraiment d'histoire jusqu'au 22 avril à 00 : 34 où sa vie bascula lorsqu'elle fut enlevée à quelques mètres de sa maison. Son agresseur ne laisse pas paraître beaucoup d'information sur lui et l'adoles...