Dernière balade en liberté

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        La fête battait son plein. Musique, alcool, éclats de rire... La soirée parfaite pour des adolescents de 17 ans. Épuisée par l'heure de danse que je venais d'achever au milieu de cette bande de personnes que j'appelais communément des "animaux", je m'étais étalée dans un des petits fauteuils qui se trouvaient à l'entrée de la maison de Mark, juste à côté des escalier. Ce dernier était en entrain de faire le concours du plus grand buveur de bière avec ses amis. Qu'est-ce qu'il ne fallait pas faire pour pouvoir "devenir quelqu'un" chez nous ! De mon côté j'avais seulement opté pour un seul shot de vodka. Je ne voulais pas faire la fille qui ne buvait que de l'eau et qui faisait chier son monde au moindre incident. Je n'étais pas une de ces personnes mais j'avais mon caractère à moi, et celui-ci était, comment dire, bien trempé. Je ne supportais pas trop la faune de mon école qui se baladait dans la maison de mon hôte mais j'avais accepté de venir car Mark n'était pas comme eux et je savais qu'il m'aimait bien, voire beaucoup.

        Je m'étais perdue dans mes pensées quand soudain je vis un garçon de ma classe monter avec une des filles que je ne savais pas même voir en photo. Ils avaient tous les deux l'air bourrés et avaient une certaine envie de monter et de terminer leur soirée là-haut vu les baisers presque trop osés qu'ils échangeaient. Dommage pour eux, la chambre était déjà occupée par un autre couple qui y était monté dès le début de la fête. Je ne m'amusais pas à surveiller tout le monde mais c'était plus fort que moi, je remarquais toujours les détails presque inutiles de ma vie si monotone. Rien ne se passait, tout allait trop lentement. Je n'en étais nulle part au niveau de ma vie sociale mais à quoi bon, il fallait bien passer par là un jour ou l'autre et je savais que j'y survivrais.

      Je commençais déjà à avoir mal à la tête. Le rap américain qui était diffusé depuis tout à l'heure me semblait être la même chanson qui tournait en boucle. Je savais que je n'allais pas tarder à quitter la maison et à rentrer chez moi, d'ailleurs, mes dires se confirmèrent quand mon portable vibra dans ma main. Le rappel que j'avais enregistrer venait de s'enclencher. Minuit et demi, l'heure du couvre-feu... Je me levai et me dirigeai vers la porte quand Mark apparut juste derrière moi pour me prendre le bras. Il était complètement ivre et riait dans le vide.

— T'es sûre que tu veux pas rester encore un peu Evy ?

— Non, désolé mais ma mère m'a demandé de rentrer pour 00:30. dis-je avec un faux air de désespoir

— Oh... Dommage... dit-il déçu. Je te dis à lundi alors ! fit-il en m'embrassant sur la joue.

      Ah Mark...toujours prêt à faire la fête jusqu'aux aurores. Il n'était pas prêt d'en avoir fini ce soir. Mais c'était vrai que moi aussi j'aurais aimé rester plus longtemps à la soirée si j'avais eu de vrais personnes à qui parler et avec qui j'aurais pu me bourrer la gueule. Malheureusement pour moi, ce n'était pas le cas et ma mère était très stricte. Elle m'avait ordonné de rentrer avant minuit et demi et elle avait également voulu venir me chercher en voiture, ce que j'avais directement refusé, car devant toute cette faune de jeunes je n'aurais eu ni plus ni moins que la honte de ma vie, surtout que j'habitais la rue d'à côté. En plus de cela, elle m'avait carrément donné toute une liste de règles : ne pas boire, ne pas coucher avec n'importe qui, ne pas parler aux inconnus et par dessus tout faire très attention dehors en rentrant. Je lui avais dit que j'étais assez grande pour me débrouiller et après avoir dit ces mots, elle m'avait raconté une bonne dizaine d'histoires, si pas plus, parlant d'adolescentes kidnappées ou violées. Et quand elle avait commencé à aller trop loin, mon père qui avait écouté notre conversation depuis le salon avait lancé :" Laisse-la s'amuser, elle est jeune ". Lui qui ne prenait jamais part à ce genre de dispute s'était soudainement exprimé, ce qui nous avait étonnées toutes les deux. Ça avait été les mots en trop qui avaient déclenchés une bagarre monstre.
Pendant que mes parents se disputaient, j'avais lâché un "Au revoir" et je m'étais éclipsée.

      J'étais à présent dehors. Je marchais tranquillement dans la rue et arrivais au coin de celle-ci. Même si je faisais souvent la courageuse devant tout le monde, je devais avouer que je n'étais vraiment pas à mon aise seule dans le noir. Il faisait frisquet, le vend soufflait faiblement, comme pour un mois d'avril, juste assez pour me rafraîchir, mais le moindre bruit me faisait sursauter. Mes pieds me faisaient mal depuis un bon moment. Il était vrai qu'en talons aiguilles, il n'était pas très facile de danser et de marcher pendant plus de trois heures. En plus de cela, j'avais une folle envie d'aller aux toilettes. Je décidai d'enlever mes chaussures pour soulager mes pieds endoloris. Le contact du sol froid ne me déplu pas, il me réveilla au contraire. Les paillettes de la ceinture posée par dessus ma robe noir, se reflétaient dans le peu de lumière qui émanait des lampadaires. Aussi moulante et courte qu'elle eut été, je trouvais cet habit des plus confortables mais j'espérais que personne de mal intentionné ne voyait en ce moment une jeune fille marcher seule dans cette rue sombre accoutrée de la sorte. Au fur et à mesure que j'avançais, mes angoisses s'amplifiaient, je ne savais pas pourquoi, cela ne m'arrivait que très rarement. J'avais un mauvais pressentiment et quand j'en avais un, c'était tout justifié.

     Je voyais déjà ma maison à 200 mètres environ, ce qui me soulagea. Soudain, je me saisis, le chat des voisin venait tout juste de passer devant moi. J'avais eu une de ces frayeurs. Continuant mon chemin, je remarquai, à quelques mètres devant moi, une camionnette sombre et je songeai à nouveau aux histoires de ma mère. Et si... Non, je me faisais des idées, on était dans un quartier calme où il n'y avait jamais rien eu, ce n'était pas maintenant qu'il allait se passer quelque chose. Et bien, je me trompais. J'accélérai le pas, mon envie pressante se faisait de plus en plus forte.

Je pris mon GSM pour prévenir ma mère que je rentrais, il était 00:33.J'étais tellement rassurée d'être arrivée au niveau de mes voisins que j'entendis à peine la porte de la camionnette s'ouvrir. Je sentis une main s'abattre sur ma bouche et aussi une forte odeur. Mon sang s glaça de terreur. Je compris, malheureusement trop tard , que c'était du chloroforme. J'essayais de me débattre mais en vain. Je donnais des coups dans le vide qui ne servaient à rien et hurler était tout aussi inutile. Mon agresseur avait resserré son bras libre autour de moi pour empêcher tous mouvements. Des larmes coulaient sur mes joues en long sanglot. Au bord de l'évanouissement, je cru entendre quelques mots prononcés à voix basse par l'homme :

— Tu m'appartiens désormais Evy.

Ces paroles me terrorisèrent plus que le reste. À bout de force de me retenir, ma vessie se relâcha et je sombrai dans un profond sommeil.

StockholmOù les histoires vivent. Découvrez maintenant